Cinq journalistes éthiopiens libérés de prison, les autres restent derrière les barreaux

Asmamaw and Tesfalem, free. Photo by @BlenaShilu via Twitter.

Asmamaw et Tesfalem, libérés, en compagnie de Blena Sahilu. Photo de @BlenaSahilu via Twitter.

Aujourd'hui, ils sont trois à marcher librement à Addis Ababa, en Ethiopie, après avoir passé 439 jours derrière les barreaux, accusés de terrorisme. Les journalistes Tesfalem Waldyes et Asmamaw Hailegiorgis, ainsi que Zelalem Kiberet, professeur de philosophie à l'Université et également traducteur pour Global Voices avaient été arrêtés en avril dernier avec six autres blogueurs et journalistes. La plupart d'entre eux travaillaient avec le collectif de blogueurs Zone9. Toutes les charges contre les trois hommes ont été abandonnées.

Zelalem Kiberet at 25. Photo from Zelalem's blog.

Zelalem Kiberet à 25 ans. Photo de son blog.

Radio FANA, un média connu pour son soutien au parti au pouvoir, déclare que les autorités ont aussi abandonné les charges contres les blogueuses Mahlet Fantahun et Edom Kassaye. Les deux femmes seront libérées le 9 juillet. Quatre blogueurs restent toujours derrière les barreaux et sont toujours mis en accusation dans un procès qui vient tout juste de commencer. Ce groupe comprend Befeqadu Hailu, Natnael Feleke, Atnaf Berahane et Abel Wabella. Tous les quatre sont auteurs et traducteurs pour Global Voices.

Tesfalem a déclaré à Addis Standard qu'il avait entendu son nom ce matin via le système de hauts-parleurs de la prison de Kilinto, où les auteurs sont détenus depuis plus d'un an. Un officier de la prison a appelé les noms de Zelalem et Asmamaw, déclarant que les charges contre eux étaient abandonnées. Quelques heures plus tard, ils étaient libérés.

Le hashtag #FreeZone9Bloggers a explosé peu après la confirmation de l'annonce par des amis qui saluaient leurs amis lors de leur libération de la prison de Kilinto. Blena Sahilu, une amie proche du groupe, déclarait sur Twitter alors qu'elle retrouvait Tesfalem, sa joie et son incrédulité manifestes :

Je tremble de joie et d'incrédulité !!! Je suis à 5 min de Tesfalem. Je vais pouvoir le voir maintenant, Est-ce réel ???

De nombreux soutiens ont publié des photos des émouvantes retrouvailles entre Zelalem et sa petite-amie :

L'écrivain éthiopien Maaza Mengiste, qui a activement soutenu la campagne #FreeZone9Bloggers, salue les efforts de tous ceux qui ont attiré l'attention du public sur l'affaire :

Bravo aussi à ceux qui ont rallié des voix, mené les collectes de fonds, écrit des articles, les ont gardés dans nos esprits et dans nos cœurs

Avant leurs arrestations en 2014, Zone9 traitait des problèmes politiques et sociaux en Ethiopie, défendait les droits de l'homme et dénonçait la responsabilité du gouvernement. Ses contributeurs étaient connus pour leurs positions critiques face aux politiques et pratiques gouvernementales et avaient déjà été souvent menacés avant leur arrestation l'année dernière, mais jusqu'en avril 2014, ils n'avaient encore jamais fait face à de réelles accusations. Après avoir passé plusieurs semaines derrière les barreaux pour des accusations non-officielles d'incitation à l'agitation sociale par Internet, ils ont été poursuivis en vertu de la loi éthiopienne contre le terrorisme.

Zone9 members together in Addis Ababa, 2012. From left: Natnael, Abel, Befeqadu, Mahlet, Zelalem and Atnaf. Photo courtesy of Endalk Chala.

Les membres du collectif Zone9 à Addis Ababa, 2012. De gauche à droite : Natnael, Abel, Befeqadu, Mahlet, Zelalem et Atnaf. Avec l'aimable autorisation d'Endalk Chala.

En plus d'une effusion de joie et d'incrédulité à l'annonce de la libération des blogueurs, nombreux sont ceux qui, sur les réseaux sociaux, appellent les soutiens à rester prudents. Sur Facebook, Simegnish Yekoye Or Lily écrit :

As much as we are happy and celebrating the release of our colleagues and friends Tesfalem, Asmamaw and Zelalem, and wait for release of Edom and Mahlet tomorrow … we still need to push for the charges against the remaining bloggers Befekadu, Abel, Atinaf and Nati to be dropped. They are only bloggers and not terrorists.

Même si nous sommes très heureux et célébrons la libération de nos collègues et amis Tesfalem, Asmamaw et Zelalem, et attendons celles d'Edom et Mahlet demain… nous devons encore mettre la pression pour que les charges soient abandonnées contre les blogueurs Befekadu, Abel, Atinaf et Nati. Ils ne sont que blogueurs pas terroristes.

Qu'est-ce qui a provoqué ce soudain changement de la part des autorités éthiopiennes ? Les soutiens, incluant Global Voices et de grandes organisations de défense de la liberté de la presse comme le Comité de protection des Journalistes appellent à la libération des blogueurs depuis plusieurs mois, en vain. Un soutien suppose que la libération pourrait avoir été provoquée par la prochaine visite de Barack Obama en Ethiopie :

Jouons au plus fin… parce qu'Obama vient, libérons certains des #FreeZone9Bloggers

Sur Twitter, Abiye Megenta suggère qu'Obama utilise sa visite pour mettre la pression sur les autorités éthiopiennes et libérer les autres blogueurs :

Le gouvernement éthiopien libère ses prisonniers politiques connus avant la visite d'Obama. Il devrait leur imposer de libérer tous les prisonniers politiques.

Sur toute la planète, les soutiens des blogueurs s'engagent à poursuivre leurs efforts jusqu'à ce que tous les journalistes et blogueurs en Ethiopie soient libres :

Nous continuerons de nous battre tant que tous les blogueurs de Zone 9 et les autres journalistes ne seront pas tous libérés.

Nous continuerons à faire du raffut ici jusqu'à ce qu'ils libèrent tous les prisonniers ici.

Amanuel Tesfaye nous rappelle que le hashtag #FreeZone9Bloggers continuera à être utilisé jusqu'à ce que ce jour arrive.

Le hashtag #FreeZone9Bloggers est toujours actif, jusqu'à ce qu'ils soient tous libérés. N'oublions pas de l'utiliser lorsqu'on parle des libérations du jour.

Visitez la page Free Zone9 Bloggers pour lire tous les articles de Global Voices sur l'affaire.

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