Trinité-et-Tobago : ce palmier grandiose est en fleur pour la seule et unique fois de sa vie

Un immense palmier arbore de splendides fleurs jaunes, le tout en forme de plumeau.

Le palmier talipot actuellement en fleur au Jardin botanique royal de Port-d'Espagne, à Trinité-et-Tobago. 15 avril 2024. Photographie de Janine Mendes-Franco, reproduite avec autorisation.

[Sauf mention contraire, tous les liens de ce billet renvoient vers des pages web en anglais].

Dans la partie sud du Jardin botanique royal de Port-d'Espagne, sur l'île de la Trinité, un palmier est actuellement en fleur, mais pas n'importe lequel. Il s'agit du palmier talipot (Corypha umbraculifera [fr]), connu pour avoir la plus haute inflorescence [fr] au monde, autrement dit la plus grande grappe naturelle de fleurs que l'on puisse voir sur une même tige.

Originaire de l'est et du sud de l'Inde ainsi que du Sri Lanka, le talipot est surnommé le « palmier de cent ans ». On pense ainsi, à tort, que l'arbre ne fleurit qu'une fois tous les cent ans. En réalité, il peut fleurir dès qu'il a atteint sa maturité, généralement entre 25 et 80 ans. Après la floraison, il faut compter environ un an avant que les petits fruits ronds et jaune-vert – qui poussent par milliers et ne contiennent qu'une seule graine chacun – ne mûrissent. Mais ce processus n'a lieu qu'une seule fois, car le palmier talipot est une espèce monocarpique [fr]. Après la fructification, l'arbre meurt.

Dans un entretien avec le journal Trinidad and Tobago Newsday, Dr Linton Arneaud, enseignant en botanique à l'université des Indes occidentales (UWI : University of the West Indies) et vice-président du Club des naturalistes de terrain de Trinité-et-Tobago, explique l’étymologie du nom d'espèce [fr] de ce palmier : « Corypha signifie sommet. Umbraculifera signifie ombrelle. […] On suppose donc que le nom fait référence aux fleurs qui se trouvent à la cime et aux feuilles en forme de parasol. »

Mais les Trinidadiens, habitués à la splendeur du Carnaval – le festival national – comparent davantage cette forme à la disposition des plumes destinées aux coiffes.

Ensemble de fleurs jaunes en forme de plumeau en haut d'un palmier.

Fleurs au sommet du palmier talipot, Jardin botanique royal de Port-d'Espagne, Trinité-et-Tobago. 15 avril 2024. Photographie de Janine Mendes-Franco, reproduite avec autorisation.

Le talipot fait partie des 72 espèces de palmiers exotiques décrites dans une publication du Club des naturalistes de terrain. En Asie, cet arbre est généralement utilisé pour produire du bois ou du chaume, et même pour fabriquer des boutons à partir des graines. Les feuilles de palmier, appelées « ôles » ou « olles », auraient également servi autrefois de supports de texte (manuscrits sur ôles [fr]) dans certaines cultures d'Asie du Sud-Est. La célèbre épopée sanskrite Ramayana [fr] aurait ainsi été écrite sur des ôles.

Bien que le majestueux spécimen du Jardin botanique ne soit pas le seul palmier talipot du pays – on en trouve un autre le long de l'axe est-ouest près du campus St Augustine (UWI) et quelques-uns au sud de l'île – il s'agit peut-être du plus connu étant donné sa localisation, mais aussi le nombre de piétons et d'automobilistes qui font chaque jour le tour du parc voisin, le Queen's Park Savannah.

On peut voir des talipots dans d'autres îles des Caraïbes, comme au jardin Hope Gardens en Jamaïque, mais leur floraison sur l'île de la Trinité a naturellement suscité un grand enthousiasme.

Ian Lambie, expert en écologie, a écrit sur Facebook : « Je suis vraiment heureux d'apprendre que le palmier talipot du Jardin botanique de Port-d'Espagne est en fleur. J'aimerais que les graines des talipots poussant sur les îles de Trinité-et-Tobago soient récoltées à maturité par le service horticulture du ministère de l'Agriculture, puis distribuées aux diverses pépinières d'État, à des pépinières privées sélectionnées et au département de botanique de l'UWI afin de les faire germer. L'idée est de s'assurer que nous aurons à l'avenir de nombreux talipots en fleur. […] Il serait intéressant qu'un jeune botaniste plante des graines de palmier talipot, puis suive la croissance des arbres qui auront poussé jusqu'à leur maturité et leur floraison. »

Au Jardin botanique, les visiteurs ont afflué afin d'admirer en personne le magnifique spectacle. Parmi eux, Jennifer Alcazar-Dolsingh était émue d'assister à ce qu'elle a appelé « le dernier hourra du palmier­ ». Rachel Lee Young, quant à elle, a pu prendre une superbe photo. Comme le souligne Steven Valdez, « il s'agit d'une occasion unique à ne pas manquer ! »

Et si vous ne pouvez pas vous rendre sur place à temps, jetez un œil à cette vidéo :

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