Bolivie : Débats autour de la “justice communautaire”

Une série de lynchages ou de tentatives de lynchages, à travers la Bolivie, a provoqué une certaine inquiétude dans le pays. Le dernier exemple, très médiatisé [en espagnol] de cette justice expéditive, a eu lieu dans l’Altiplano, à Achacachi [en anglais], le 17 novembre 2008. 11 hommes et femmes, accusés par une foule de plusieurs centaines de paysans indigènes de vol, ont été arrêtés et brûlés vifs. Deux en sont morts, et les autres ont été gravement brûlés, mais sauvés quand le maire et des policiers ont arrêté le lynchage.

Malheureusement, ces scènes de vengeance populaire ont tendance à devenir communes, et leurs images à être largement diffusées par la télévision, comme le souligne Renzo Colanzi [en espagnol] :

En Bolivia los linchamientos y la toma de la justicia por propia mano, son hechos comunes que se dan en los noticieros a cualquier hora, sin proteger al televidente de la violencia de las imágenes, sin importarle de la sensibilidad de los más pequeños que puedan presenciarlas. Pareciera que todos hemos creado una cierta barrera que nos permite mirar y permanecer impasibles ante estos hechos terribles. Los policías de Cochabamba se quedaron bien muertos y el caso sin culpables. Lo mismo que en Montero y así podemos encontrar situaciones similares en casi cualquier región del país.

En Bolivie, les lynchages et la justice personnelle sont des événements communs que l'ont peut voir dans les journaux télévisés à toute heure, sans souci de protéger le téléspectateur de la violence de ces images, sans tenir compte de la sensibilité des enfants qui pourraient les voir. Il semblerait que nous nous soyons tous construits une barrière qui nous permet de regarder ces images terribles en restant impassibles. Les policiers de Cochabamba ont bien été tués et on n'a encore mis personne en examen dans cette affaire. C'est la même chose à Montero et dans d'autres régions de la Bolivie.

Faut-il ou non considérer ces lynchages comme une application de la “justice communautaire” ? La question est débattue. Le gouvernement a officiellement condamné ce qui s'est produit à Achacachi, et a déclaré que punir de mort ne fait pas partie de la tradition indigène de “justice communautaire”. Cependant, les villageois indigènes disent qu'ils n'ont pas confiance dans la “justice ordinaire”, et qu'ils doivent exercer leur propre justice pour lutter contre la criminalité. Le projet de nouvelle Constitution, qui sera soumise à référendum le 25 janvier 2009, prévoit de légaliser la “justice communautaire” comme partie intégrante du système judiciaire bolivien, aussi beaucoup s'inquiétent d'une poursuite ou d'une aggravation des lynchages sous couvert de l'exercice de cette “justice communautaire”.

Erika Pinto [en espagnol] rend le gouvernement responsable de ces lynchages :

Por que el presidente morales, tolera la barbarie, se estaba por quemar a una mujer embarazada, emboscaron y llevaron al stadium a un bus a los 11 supuestos ladrones, se veian gente de escasos recursos, muchas mujeres y gente bastante mayor a juzgar por las imagenes.

Es que acaso esto tambien nos da el derecho de cuando los ponchos rojos hagan las barbaridades que hacen poder matarlos a ellos?

O es que acaso la “nueva ley” funciona en un solo sentido?

Se supone que este gobierno era el que nos iba a llevar a un nuevo siglo de progreso pero solo nos esta llevando a la mas atrasada barbarie posible.

Parce que le Président Morales tolère la barbarie, ils étaient sur le point de brûler une femme enceinte, ils ont arrêté un autocar et conduit au stade les 11 voleurs présumés. On a vu d'après les images que les gens qui jugeaient étaient des personnes à faibles revenus, beaucoup de femmes et des personnes plutôt âgées.

Est-ce que ces actes de barbarie commis par les “ponchos rouges” nous donnent le droit de les tuer à notre tour ?

Ou bien la “nouvelle loi” ne fonctionne que dans un seul sens ?

On a pensé que ce gouvernement allait nous conduire dans un nouveau siècle de progrès, mais il nous conduit seulement à la barbarie la plus rétrograde possible.

Mario Durán Chuquimia [en espagnol] tend à justifier ce qui s'est passé :

Sin embargo, como lo decia la periodista Amalia Pando en Erbol, no eran unos angelitos, pues las personas que fueron capturadas en Achacachi poseian un frondoso prontuario policial… desde robo hasta robo agravado seguido de muerte.

Sin embargo, al igual que se condena la justicia por mano propia se debe condenar al sistema economico que origina la delincuencia.

Néanmoins, comme l'a dit la journaliste Amalia Pando de Erbol, les personnes arrêtées à Achacachi n'étaient pas des anges : elles possédaient des casiers fournis, allant du vol au vol aggravé ayant entraîné la mort.

Néanmoins, de la même façon qu'on condamne la justice personnelle, on doit condamner le système économique qui provoque la délinquance.

Beaucoup d'associations indigènes tentent de préserver la réputation de la “justice communautaire”. Le blogueur Nelson Vilca [en espagnol], par l'intermédiaire du blog El Alto Noticias [en espagnol], met en ligne l'entretien qu'il a eu avec un indigène du peuple Guarayo, qui explique sa vision de la “justice communautaire”, et déclare qu'elle ne signifie pas “prendre la vie d'un autre”.

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