L'armée a fini par lancer au Sud-Waziristan son offensive anti-taliban tant attendue. A la suite d'une série d'attentats terroristes à travers le pays, le gouvernement avait annoncé que l'opération était inévitable. Celle-ci a déclenché depuis une vague de ripostes des talibans et a forcé plus de 120.000 habitants de la région à fuir leurs demeures. Maria Sultan sur Pak Spectator donne un aperçu de la population déplacée du Waziristan [les liens suivants sont en anglais]:
A pied, ces personnes déplacées (IDP) du Sud Waziristan ont atteint D.I. Khan après avoir marché des centaines de kilomètres et leur situation est extrêmement critique. Des camps rudimentaires ont été ouverts dans la région de D.I Khan, mais ceux-ci manquent de nourriture, de médicaments, d'abris et d'eau potable. Les responsables du groupe spécial de soutien ne sont pourtant toujours pas sur place, et une tragédie humanitaire est en cours.
Entre-temps, un article de Dawn révèle les mauvais traitements infligés aux habitants qui fuient la zone des combats. La plupart de ces gens seraient soumis à des discriminations et ne semblent guère optimistes quant à l'offensive en cours.
Hina Safdar du blog Chowrangi émet l'espoir que les autorités prennent des dispositions immédiates pour prévenir une crise des réfugiés.
Les réfugiés ont fui vers Dera Ismail Khan et Tank, les deux principales villes de la Province Frontière du Nord-Ouest à la limite du Sud-Waziristan. Les travailleurs humanitaires ont indiqué que l'accès des réfugiés à l'aide restait le défi crucial pour les autorités, étant donné la situation volatile de la région en matière de sécurité. Le gouvernement nie l'existence d'une crise des réfugiés, disant qu'il a pris des dispositions pour les déplacés, y compris un système de distribution d'allocations et de produits alimentaires. Monter des camps n'était pas faisable, en partie du fait des craintes de violences tribales liées aux rivalités traditionnelles. Les personnes déplacées sont pour la plupart logées par des membres de leur famille ou de leur clan (..) J'espère que l'armée pakistanaise réussira une fois encore et éradiquera le mal une fois pour toutes, pour que nous ne revivions pas de nouvelle crise de réfugiés.
La crise du Waziristan paraît très différente de celle de la vallée de Swat. Indépendamment du nombre de personnes déplacées, l'aspect le plus important qui demeure, c'est la façon de traiter et de contrôler la population pour éviter les infiltrations des talibans dans les camps. Mais l'agitation que l'on rapporte chez les habitants et l'absence de véritables camps rendent extrêmement difficile le recueil de l'information.
Dans un billet intitulé “Les questions à poser avant la bataille du Sud Waziristan” paru sur Pakspectator , Altaf Khan exprime les inquiétudes de la majorité.
- L'armée est-elle préparée, en termes d'équipement, d'entraînement et de tactique, au type de combats de guérilla qu'elle va rencontrer ?
- Comment la population sera t-elle différenciée d'avec les terroristes, et plus particulièrement, comment la tribu Mehsud sera-t-elle isolée des Mehsud activistes?
Ce ne sont là que quelques-unes des nombreuses questions que se posent la plupart alors que se déroule la bataille. Bien que la population paraisse soutenir l'offensive, les inquiétudes sur le traitement des personnes déplacées et la façon de prévenir une crise humanitaire persistent. Sur son blog, l'auteur de ce billet a évoqué ces préoccupations et publie une analyse de la situation actuelle et des problèmes à saisir à bras-le-corps :
Le fait est que l'attitude des autorités et de l'opinion en général à l'égard des Mehsud est marquée par la prudence et la crainte plutôt que la compassion et la prévenance. Un tel préjugé ne fait que renforcer la position des talibans, en alimentant le recrutement depuis les rangs des Mehsud. Mais la guerre ne peut être gagnée si la population du Waziristan reste indifférente à la nécessité de combattre les talibans et leur organisation. Si elle ne se gagne pas les coeurs de la population, la victoire de l'armée ne sera que temporaire. Si nous voulons que ce soit un ‘coup décisif,’ il nous faut surmonter nos incertitudes et laisser la compassion l'emporter sur le préjugé. Des situations de désastre comme celle-ci nous imposent de nous dresser comme une nation. Etendons notre appui aux déplacés du Waziristan, sans égard à leur passé et à leur soutien aux talibans. C'est notre chance d'aider notre peuple à se libérer des chaînes des talibans. Prenons ensemble le chemin du salut.
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