Les autorités militaires thaïlandaises ont rejeté la demande du célèbre journaliste Pravit Rojanaphruk de pouvoir se rendre à une conférence en Finlande le 3 mai 2016, pour la Journée mondiale de la liberté de la presse.
Pravit Rojanaphruk, correspondant du site d'information Khaosod English et critique notoire de la junte militaire, a posté sur les réseaux sociaux un compte-rendu de ses échanges infructueux avec le gouvernement, qui a refusé de lui accorder la permission de quitter le pays. Il devait se rendre à Helsinki afin de participer avec d'autres journalistes étrangers à un événement organisé par l'UNESCO.
Depuis le coup d'Etat du 22 mai 2014, Pravit n'a eu de cesse de critiquer la dictature militaire qui s'est établie en Thaïlande. Convoqué et détenu à deux reprises par l'armée afin de se prêter durant plusieurs jours à des sessions d’ « ajustement du comportement » au sein d'un camp militaire, il a néanmoins continué à couvrir de manière critique les activités de l'Etat thaïlandais. Bien qu'aucune charge n'ait été retenue contre lui, les autorités lui ont « conseillé » de cesser de diffuser des informations « déroutantes » sur le gouvernement. Pravit est également sous le coup d'une interdiction de sortie du territoire sauf autorisation expresse de l'Etat.
Après s'être emparé du pouvoir en 2014, l'armée a ébauché une constitution provisoire et promis de restaurer un régime civil une fois des réformes menées dans le pays. Deux ans plus tard, l'armée tient toujours les rênes du pouvoir, les médias sont strictement contrôlés et les manifestations publiques interdites. Pravit est l'une des seules voix publiques osant encore critiquer le caractère dictatorial du gouvernement soutenu par les militaires.
Sur Twitter, Pravit revient sur le refus des autorités de le laisser voyager à l'étranger :
Invitation letter 4 World Press Freedom Day conference in Helsinki organized by UNESCO & denied by junta. #Thailandpic.twitter.com/3l1KH3lvad
— Pravit Rojanaphruk (@PravitR) March 31, 2016
Lettre d'invitation à la conférence organisée par l'UNESCO à Helsinki pour la Journée mondiale de la liberté de la presse et rejetée par la junte
Junta rep. just rang me saying they won't allow me 2 go to Finland per Finland's govt invitation 2 mark Press Freedom Day in May. #Thailand
— Pravit Rojanaphruk (@PravitR) March 30, 2016
Un porte-parole de la junte vient de m'annoncer au téléphone qu'ils ne m'autorisaient pas à me rendre en Finlande pour célébrer la Journée de la liberté de la presse en mai, malgré l'invitation du gouvernement finlandais.
When junta rep. rang me to deliver bad news, he said my trip to Helsinki “has to be postponed”. I asked if it means it's no go. #Thailand
— Pravit Rojanaphruk (@PravitR) March 30, 2016
Lorsque le porte-parole m'a annoncé la mauvaise nouvelle, il a dit que mon voyage à Helsinki « devait être reporté ». J'ai demandé si cela signifiait que je n'irai pas.
BBC Thai news asked junta y forbid me from traveling 2 #Finland 2attend World Press Freedom event. Junta rep says can't give info #Thailand
— Pravit Rojanaphruk (@PravitR) March 30, 2016
La BBC Thaï a demandé à la junte les raisons de mon interdiction de voyager en Finlande pour la Journée mondiale de la liberté de la presse. Le porte-parole a répondu qu'il ne pouvait pas donner plus de détails.
If junta thinks forbidding me to travel abroad would silence me then they're mistaken. Will continue 2 scrutinize&criticize them. #Thailand
— Pravit Rojanaphruk (@PravitR) March 30, 2016
Si la junte pense que m'interdire de voyager à l'étranger me fera taire, ils se trompent. Je continuerai à les surveiller et les critiquer.
Kirsti Westphalen, l'ambassadrice de Finlande en Thaïlande, a déclaré « regretter » la décision du gouvernement thaïlandais :
The Embassy of #Finland regrets #Thailand government decision to forbid @PravitR to travel to Helsinki to attend World Press Freedom Day.
— Kirsti Westphalen (@Kwestphalen20) March 30, 2016
L'ambassade de Finlande regrette la décision du gouvernement thaïlandais d'interdire à Pravit Rojanaphruk de se rendre à Helsinki pour les célébrations de la Journée mondiale de la liberté de la presse.