Hong Kong : un sosie de Kim Jong-un révèle avoir été arrêté en octobre

L'image montre un sosie de Kim Jong-un prendre la pose devant le bâtiment de la police aéroportuaire de Hong Kong. On peut lire l'enseigne en chinois et en anglais. L'homme tient un mini missile en plastique sous son bras. Il est habillé très sobrement d'une longue veste noire à rayures en fixant la caméra sans montrer la moindre émotion. Il porte des lunettes et des cheveux bruns coupés courts. Derrière lui, on distingue un portail bleu ouvert, donnant sur des escaliers puis sur les bureaux de la police aéroportuaire. Sur les côtés, il y a des rangées d'arbustes. Le ciel est nuageux.

Howard X prend la pose avec un mini-missile en plastique devant le poste de police de l'aéroport. Photographie de Cheung Hoi Kit, tirée du site Citizen News Hong Kong (promotion de la participation des citoyens et défense des valeurs fondamentales de Hong Kong), utilisée avec autorisation.

Sauf mention contraire, tous les liens renvoient vers des pages web en anglais.

La version originale du reportage ci-après, a été écrite par Cheung Hoi Kit et publiée [zh] en chinois sur le site Hong Kong Citizen News, le 21 janvier 2021. La version en anglais et sa traduction en français sont publiées sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

Un imitateur de Kim Jong-un, originaire de Hong Kong et connu sous le nom de Howard X, a publié un message sur Facebook le 19 janvier, dans lequel il révélait que la police avait perquisitionné son appartement en octobre et l'avait arrêté pour possession d'une arme à feu non enregistrée.

Howard X a ajouté que les forces de police n'avaient pas lancé de poursuites, et qu'il avait été libéré sous caution à condition de se présenter au poste de police toutes les six semaines.

En marge de son post sur Facebook, le comédien a partagé une photographie de sa dernière comparution au poste de police, sur laquelle il tenait un mini-missile en plastique entre ses mains :

Communiqué de presse – Un sosie de Kim Jong-un, arrêté par la police de Hong Kong.

Cliquez ici pour le document intégral: https://t.co/55GIDb4m4z

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Autre plan du bâtiment de la police aéroportuaire de Hong Kong. On distingue la silhouette du sosie de Kim Jong-un se dirigeant vers ce poste de police. Il est visible de dos avec le mini-missile en plastique.

Selon Howard X, la police a indiqué qu'un pistolet à billes, dont la puissance de feu excède ce qui est légalement autorisé à Hong Kong, avait été expédié par la poste à son attention, en avril 2020.

Sur son billet publié sur Facebook, Howard X déclare toutefois n'avoir jamais reçu ce type d'arme par la poste, et affirme que la police n'a trouvé aucune arme illégale dans son appartement lors de la perquisition. Il a pourtant été retenu au commissariat de police pendant six heures.

Sur son billet, Howard X explique sa théorie selon laquelle son arrestation serait motivée par ses convictions politiques et ses performances satiriques en public :

When I challenged them [the police] on the arrest on such ridiculous grounds, they had indicated that the order came from another department higher up and stated they were just doing their jobs.

During my conversations with the police, they also referred to my satirical appearances at public demonstrations that I had made throughout the year in 2020 including my appearance at IFC, July 1st and Oct 1st in support of the democracy protesters, which points to my suspicions that this arrest was not really about the bb gun.

[…]this arrest is being used as a tool not only to harass but to also take my fingerprints (every person who gets arrested has their prints taken) had my iphone confiscated and my home searched.

Quand j'ai défié les forces de police, lors de mon arrestation, sur des motifs aussi ridicules, ils ont déclaré que l'ordre émanait d'un autre service, situé à un échelon supérieur, et qu'eux ne faisaient que leur travail.

Tout au long de mes échanges avec la police, celle-ci a également fait référence à mes apparitions satiriques, lors de manifestations publiques, au cours de l'année 2020, y compris ma participation à la manifestation dans le centre financier international (IFC), le 1er juillet et le 1er octobre, en soutien aux manifestants pour la démocratie, soulignant ainsi mes soupçons selon lesquels cette arrestation ne visait pas vraiment le pistolet à billes.

[…] cette arrestation est utilisée comme un outil non seulement pour me harceler, mais aussi dans le but de recueillir mes empreintes digitales (lors d'une interpellation, les empreintes digitales sont systématiquement enregistrées), de saisir mon iphone et perquisitionner mon domicile.

Le 1er octobre, jour de la fête nationale chinoise, soit quelques semaines avant son arrestation, Howard X a collé une caricature du président chinois, Xi Jinping, sur un mini-missile en plastique, lors d'une manifestation :

Hier, on célébrait le 71e anniversaire de la déclaration de la République populaire de Chine, proclamée par Mao. En temps normal, à Hong Kong, des centaines de milliers de personnes auraient manifesté mais, en raison de la nouvelle loi sur la sécurité nationale et du virus chinois (#CCPVirus, « virus associé au parti communiste chinois », car sa première apparition a eu lieu dans la ville chinoise de Wuhan), seules quelques centaines de personnes étaient présentes.

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L'image montre, en plan serré, le sosie de Kim Jong-un. Il lève le bras droit en l'air et porte un masque de protection faciale. Il se trouve dans la rue, dans une manifestation. Il tient un-mini missile en plastique de la main gauche, sur lequel il a collé une photo du président chinois Xi Jinping. Ce dernier a la tête en forme du virus du Covid-19, porte un habit militaire couvert de médailles militaires, et il tient, dans sa main droite, le symbole du Parti communiste, la faucille et le marteau. Au-dessous du collage, il y a une inscription sur une feuille également collée sur le mini missile : « J'emmerde le Parti communiste » (« Fuck the Communist Party »).

Le 1er juillet, jour anniversaire du retour de Hong Kong dans le giron chinois, l'humoriste a également fait une apparition publique avec un mini-missile en plastique :

Un célèbre imitateur du dictateur nord-coréen, Kim Jong-un, a participé aux manifestations interdites organisées le 1er juillet dans le quartier de Causeway Bay.

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Vidéo de 13 secondes qui montre une manifestation dans la rue et le sosie de Kim Jong-un en premier plan. Celui-ci tient un mini-missile en plastique entre ses mains. Il salue la foule qui l'applaudit. Puis, il s'arrête et pose le mini missile sur ses parties intimes en faisant un doigt d'honneur. Certains des manifestants le prennent en photo et s'amusent de sa prestation.

Howard X est né à Hong Kong vers la fin des années 1970, et a grandi principalement au Royaume-Uni et en Australie. Musicien professionnel lorsqu'il n'imite pas le leader nord-coréen, son groupe a réalisé des tournées en Argentine, au Brésil et aux États-Unis.

Il a commencé à se faire passer pour Kim Jong-un autour de 2013 et depuis, il est très populaire sur les réseaux sociaux. Il a confié à Citizen News, lors d'une interview, que ses performances visaient à inciter les citoyens à méditer sur les événements politiques les concernant.

Howard X a pris part à de nombreuses manifestations à Hong Kong, notamment la révolution des parapluies de 2014 en faveur de la démocratie, et en 2019 contre l'extradition vers la Chine continentale.

Il s'est également illustré dans d'autres pays, comme lors des Jeux olympiques d'hiver de 2018, dans la ville de PyeongChang, au Sommet de Singapour en 2018, au Sommet de Hanoï en 2019, ou encore au Sommet du G7 à Osaka en 2019, pour ne citer que ceux-là.

Découvrez les réactions des « pom-pom girls » nord-coréennes lorsque je les ai surprises aux Jeux olympiques d'hiver de 2018, dans la ville de PyeongChang et alors causé un incident international !

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L'image, composée de 3 plans, montre le sosie de Kim Jong-un, en train de surprendre les « pom-pom girls » nord-coréennes, lors des Jeux olympiques d'hiver de 2018. Certains le regardent, surpris, tandis que d'autres prennent des photos de ce moment.

Howard X a expliqué à Citizen News que son arrestation était arbitraire et que les conditions de libération sous caution constituaient une forme de harcèlement politique. Il précise que cela ne le dissuadera pas de poursuivre ses performances satiriques :

唔講得Free Hong Kong,咁你咪用其他嘢來表達囉!

Si je ne peux pas prononcer les mots « Libérez Hong Kong », permettez-moi d'utiliser une autre expression !

Il estime que Hong Kong se transforme en une mauvaise version de Singapour ou encore en une version luxueuse de la Corée du Nord :

香港好似慢慢變成新加坡,但只有新加坡壞的一面,而沒有好的一面,起碼新加坡人可以住大屋,又有很多大牌檔,香港無晒、物價好貴,人們捱緊,又無自由,遲早反抗。其實是愈來愈北韓,不過是有錢的北韓,呢樣又拉,嗰樣又唔俾,我都無聽過連口號都唔可以叫,這是白痴的。而家香港變到認唔出……無人權、無自由,政府說話很倔、很政治宣傳(propaganda)、很鬥爭(conflict),北韓政府真係會用『人渣』的字眼,現在中國大陸、香港批評其他國家時,尤其對美國,用字也差不多,特別是Carrie Lam個啲人不斷講,真係愈來愈似。我心諗你有無離譜啲啊咁樣講!

Hong Kong se transforme en Singapour, mais dans une vilaine version. À Singapour, les gens ont les moyens de vivre dans des appartements plus grands et il y a de nombreux restaurants haut de gamme. Nous n'avons pas cela actuellement à Hong Kong, le coût de la vie est si cher et les gens en pâtissent. Il est inévitable que les populations résistent. Je dirais même que Hong Kong se transforme maintenant en Corée du Nord, mais en plus luxueux. Les arrestations sont totalement arbitraires et presque tout devient interdit. C'est absolument ridicule de criminaliser un slogan. Je ne reconnais plus Hong Kong… plus de droits humains, plus de liberté. Le gouvernement est très brutal dans sa rhétorique, les termes choisis relèvent de la propagande politique, destinés à générer des conflits. En Corée du Nord, le gouvernement aurait utilisé des termes similaires à « racaille ». Aujourd'hui, lorsque la Chine et Hong Kong critiquent d'autres pays, en particulier les États-Unis, les autorités recourent à des termes similaires. Le discours du camp politique de Carrie Lam s'apparente fortement au style nord-coréen. Comment peut-elle oser tenir de tels propos ?

Howard X a prévu le risque que de nombreux Hongkongais ne quittent la ville et la probabilité de voir les tensions politiques empirer dans un futur proche. Il a toutefois exhorté ses compatriotes hongkongais à « ne jamais abandonner et à continuer à agir dans le bon sens ».

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