
Photo par John Akerman Ozguc / Aquinoxmedia.com, tirée du compte Instagram d'Extinction Rebellion Netherlands, utilisée avec permission.
Le 20 janvier, alors que le monde se concentrait sur l'investiture du président des États-Unis, Joe Biden, Bas van't Wout [nl], prenait ses fonctions en tant que ministre néerlandais des Affaires économiques et du Climat. Ce jour-là il était attendu par plus de 70 militant·es pour le climat qui manifestaient contre « la mauvaise gestion » de la crise climatique et écologique par le gouvernement.
Extinction Rebellion Netherlands (XRNL) a bloqué l'entrée principale du ministère des Affaires économiques et du Climat à La Haye, obligeant toutes entrées et sorties à se faire par les portes latérales du bâtiment. Le porte-parole de XRNL, Lucas Winnips, a déclaré dans un communiqué de presse [nl]:
We zitten in een klimaatnoodtoestand. Het wanbeleid van dit ministerie is een gevaar voor onze veiligheid en gezamenlijke toekomst. Hier wordt met publieke middelen enorme klimaatschade aangericht
Nous sommes dans une urgence climatique. La mauvaise gestion de la crise par ce ministère met en danger notre sécurité et notre avenir à tous et toutes. D'énormes dégâts climatiques sont commis ici avec des fonds publics.
Les manifestant·es demandent que le ministère cesse d'utiliser l'argent public pour subventionner les combustibles fossiles et que le gouvernement néerlandais publie les « Shell Papers », qui sont les archives des communications du gouvernement avec la société multinationale. Cette manifestation est la dernière en date dans une série d'actions non violentes dirigées contre le ministère.
Meer dan 70 rebellen uit het hele land blokkeerden vandaag het Ministerie van Economische Zaken en – o ja – Klimaat. Ze eisten dat het ministerie de klimaatcrisis bestrijdt. Het schrappen van de miljardensubsidies voor de fossiele brandstoffen zou een mooie, eerste stap zijn. pic.twitter.com/s2lorfpk5R
— Extinction Rebellion Nederland (@NLRebellion) le 20 janvier 2021
Plus de 70 rebelles venu·es de tout le pays ont bloqué le ministère des Affaires économiques – oh, et aussi – du Climat. Elles et ils ont exigé que le ministère s'engage à lutter contre la crise climatique. Supprimer les milliards de subventions aux combustibles fossiles serait un premier pas dans la bonne direction.
Arborant des bannières multicolores avec le logo d'Extinction Rebellion, plus de 70 manifestant·es ont bloqué la porte du ministère dès 8 h du matin. Beaucoup ont formé des chaînes humaines pour que la police ait plus de mal à les déloger. En début de soirée, une forte présence policière était sur place et les autorités ont arrêté 23 manifestant·es après que certain·es aient refusé de partir, selon des médias locaux [nl].
Sur certaines pancartes on pouvait lire : « À louer pour entrepreneurs verts », en référence au bâtiment du ministère derrière les manifestant·es, « Fermé pour cause de mauvaise gestion », et « J'ai peur d'avoir des enfants à cause de la crise climatique ». XRNL a déclaré sur son live Instagram qu'un membre du personnel du ministère du Climat avait fait un discours « émouvant » malgré le risque encouru de manifester devant son lieu de travail.
Ce n'est pas la première fois que ce groupe qui lutte pour le climat manifeste contre les politiques du ministère. Le 20 octobre 2020, des manifestant·es XRNL avaient occupé pacifiquement le hall d'entrée du bâtiment. Cette même journée, le ministère avait déclaré sur Twitter qu'il invitait [nl] les sept manifestant·es à une « réunion dans un avenir proche ». On ne sait pas si cette réunion a eu lieu.
Après les manifestations d'octobre 2020, XRNL a organisé des « actions de rue » devant le ministère le 17 novembre, et les 5 et 12 décembre 2020. Le 6 janvier, des militant·es de XRNL ont écrit à la craie sur les fenêtres du bâtiment les « faits scientifiquement prouvés » suivants :
1) 3 degrés : l'augmentation des températures d'ici 2100
2) 1/2 à 1 mètre : l'élévation du niveau de la mer d'ici 2100
3) 1,5 milliards de personnes victimes d'insécurité alimentaire d'ici 2050
4) 1/5 de la population mondiale vivra dans un désert d'ici 2070
5) 1,2 milliards de réfugié·es climatiques d'ici 2050
6) 10,000 Néerlandais·es plus susceptibles de mourir de la pollution de l'air chaque année
7) 1 milliard d'euros de dégâts annuels causés par la sècheresse aux Pays-Bas
8) 60 % : l'acidification des océans d'ici 2100
La manifestation du 6 janvier a fait l'objet de 15 arrestations, selon le quotidien NL Times.
Les Shell Papers et l'industrie des combustibles fossiles
Le gouvernement néerlandais alloue des milliards d'euros par an à l'industrie des combustibles fossiles, principalement sous forme d'allègements fiscaux. Selon une lettre [nl] d'Eric Wiebes, l'ancien ministre des Affaires économiques et de la Politique climatique, ces subventions s'élèvent à 4,5 milliards d'euros. Cependant, Milleaudefensie, une ONG environnementale aux Pays-Bas, a constaté que les aides financières accordées par le gouvernement néerlandais aux combustibles fossiles sont beaucoup plus élevées. Dans une étude [nl] publiée en juillet 2020, celle-ci affirme que « le gouvernement sponsorise les grandes entreprises polluantes à raison de 8,3 milliards d'euros par an ». Tant Milleaudefensie que XRNL soutiennent que ce financement est contraire à la promesse du gouvernement de cesser de subventionner les combustibles fossiles d'ici 2020.
La compagnie pétrolière Shell fait également l'objet d'une attention toute particulière. « Shell Papers » [nl] est un projet commun entre les journalistes de Platform for Authentic Journalism (PAJ), une organisation qui s'engage à contribuer à une société juste et démocratique par un journalisme critique, et Follow the Money, qui œuvre pour que les décideur·euses soient tenu·es de rendre compte de l'utilisation des fonds publics. Ces deux groupes enquêtent actuellement sur les liens entre le gouvernement néerlandais et la compagnie pétrolière et gazière anglo-néerlandaise. Shell est l'une des compagnies les plus polluantes au monde.
PAJ a déposé 17 recours en justice [nl] auprès de plusieurs organismes gouvernementaux, demandant la publication de « tous les documents – tels que les emails, memos, documents directifs, et même les messages WhatsApp – depuis 2005 qui proviennent de, sont destinés à, ou sont à propos de Shell ». Selon un article [nl] de PAJ, jusqu'à présent seule la municipalité d'Assen a répondu à la demande, malgré la pression juridique exercée par le ministère de l'Économie et du Climat sur la municipalité.
Contrairement à l'Allemagne et à l'Italie, le gouvernement néerlandais « ne publie pas d'inventaire de ses subventions aux combustibles fossiles, ou de ses subventions nuisant à l'environnement », d'après un rapport de 2017 de Laurie van der Burg et Matthias Runkel.
Par conséquent, en plus d'un plaidoyer pour une véritable action climatique, la manifestation était aussi un appel à la transparence de la part du gouvernement concernant la façon dont les fonds publics sont utilisés et les liens de l'État avec Shell et l'industrie des combustibles fossiles en général.
Er is permanent een @shell medewerker gestationeerd op het ministerie van EKZ Zaken. Wees eerlijk over deze samenwerking!
Journalisten van @FTM_nl hebben overheidsdocumenten over Shell (vanaf 2005, WOB) opgevraagd, de “Shell Papers”, maar het ministerie weigert.
Kom in actie! pic.twitter.com/kR4OasJKST
— Extinction Rebellion Nederland (@NLRebellion) le 19 janvier 2021
Un membre du personnel de @shell a un poste permanent au ministère de l'EKZ [note de la rédaction : ministère des Affaires économiques et du Climat] Faites preuve d'honnêteté à propos de cette collaboration !
Les journalistes de Follow The Money ont réclamé des documents du gouvernement à propos de Shell (depuis 2005, demande de libre accès aux documents administratifs), les « Shell Papers », mais le ministère refuse.
Agissez maintenant !