Manifestations des jeunes dans les rues de Dakar, capture d’écran de la chaîne YouTube de FranceInfo

Pays de l’Afrique de l’Ouest, le Sénégal partage ses frontières avec quatre pays: la Guinée-Bissau au sud-sud-ouest ; la Guinée au sud-est ; la Mauritanie au nord-est; et le Mali au sud-est. Il enveloppe aussi la Gambie enclavée à l'intérieur des frontières, et est bordé à l’ouest par l’océan Atlantique.

Le Sénégal reste un pays rural avant tout: plus de 45% des ménages pratiquent une activité agricole selon les statistiques du cinquième Recensement général de la Population et de l’Habitat (RGPH-5) réalisé en mai-juin 2023. L'économie repose aussi sur la pêche et le tourisme.

D’autre part, le sous-sol du pays, riche en ressources naturelles, regorge également de matières premières telles que l’or, le gaz, le pétrole, le phosphate, le zircon. Ceci fait du pays un partenaire commercial important pour des pays comme la France, l'Inde, et l'Italie et récemment la Chine.

Mais le pays souffre aussi de corruption: selon le classement de l’indice de corruption de Transparency International rendu public le 30 janvier 2024, le Sénégal se positionne au 70è rang avec un score de 43 sur 100. Des récentes affaires de corruption au sommet de l’Etat confirment ce score en chute libre depuis 2016, quatre années après l’arrivée au pouvoir de Macky Sall , président depuis avril 2012. En 2019, une enquête de BBC Panorama et Africa Eye démontre l’implication d’Aliou Sall, le frère de Sall dans une affaire de corruption. Bien que les preuves l’accusent, le frère du président n’est pas inquiété. Un autre cas de corruption implique Amadou Mansour Faye, ministre de Développement communautaire et de l'Équité sociale dans une affaire d'attribution de marché. Le même ministre est aussi accusé de malversation dans la distribution des kits de solidarité pour le covid-19. Toutes ces accusations de corruption contre des personnes proches du pouvoir restent sans suite alors que la population fait face à la pauvreté , au chômage et à la migration pour la recherche d’une vie meilleure.

En 2022, d’après le rapport d’une enquête nationale sur l’emploi au Sénégal réalisée par le Ministère de l’économie du plan et de la coopération, le taux de chômage est estimé à 22,9%. Ce taux diminue et se retrouve à 18,6% fin 2023. La crise migratoire demeure un sujet d’enjeu national et reste au centre des débats. 

C’est dans ce contexte que le Sénégal se prépare à de nouvelles élections présidentielles, initialement prévues pour le 25 février 2024, puis reportées par Macky Sall lors d’une allocution à la nation le 3 février 2024, et prévues maintenant pour le 25 décembre 2024. Ce report a suscité des manifestations et des heurts le 4 février 2024 avec pour conséquences des arrestations et surtout une interrogation sur l’avenir democratique du pays.

Ceci s’ajoute à la création le 31 janvier 2024, dans le cadre de l’Assemblée nationale d’une commission d’enquête visant le conseil constitutionnel, soupçonné d’avoir été manipulé pour invalider la candidature d’un opposant à Sall, Karim Wade aux prochaines élections présidentielles.

Depuis son indépendance obtenue, le 4 avril 1960, le Sénégal connaît pourtant une succession de présidents démocratiquement élus, contrairement à de nombreux pays voisins: Léopold Sédar Senghor (1960–1980); Abdou Diouf (1981–2000); Abdoulaye Wade (2000–2012); et Macky Sall (depuis 2012). 

Mais depuis 2012, des crises sociopolitiques à répétition mettent en péril cette image de pays modèle que le Sénégal s’est forgée. En janvier de la même année, l’annonce de la candidature du président sortant Abdoulaye Wade à un troisième mandat plonge le pays dans une crise causant plus de dix morts. En mars 2021, l'arrestation de l’opposant Ousmane Sonko fait 14 morts. En juillet 2022, l’invalidation des candidats des listes d’opposition aux législatives conduit à une révolte qui fait quatre morts. La condamnation à deux ans de prison ferme d’Ousmane Sonko dans une affaire de mœurs en juin 2023 cause la mort de 23 personnes.

Ces crises politiques occasionnelles mais très réelles soulignent la volonté de la population, estimée à plus de 18 millions d’habitants, et constituée majoritairement de jeunes (plus de 70%) de sortir d’un système politique qui ne contribue pas à son épanouissement.

Le cahier spécial de Global voices couvre divers aspects de la société sénégalaise: droits humains, liberté d’expression, vie politique, mais aussi questions de genre, d’environnement, et toute la richesse du patrimoine culturel du pays.

Billets sur Sénégal, un modèle démocratique à réinventer