Au Sénégal, un parti de l'opposition nomme un nouveau candidat, Bassirou Diomaye Faye, pour l’élection présidentielle de début 2024

Image de Bassirou Diomaye Faye, Capture d'écran de la chaîne YouTube de Tv5monde

Ousmane Sonko, principal candidat de l'opposition à l'élection présidentielle du Sénégal, n'est plus dans la course, mais nomme Bassirou Diomaye Faye, secrétaire de son parti, comme le candidat qui le représente.

Alors que de nombreux pays d'Afrique occidentale connaissent une succession de coups d'État, le Sénégal continue à jouer le jeu démocratique et se prépare à des élections présidentielles en février 2024. .

L'actuel président du pays Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, maintient d'abord le doute sur un possible troisième mandat, mais suite à des manifestationsannonce  finalement sa non candidature. Il désigne Amadou Ba, l'actuel Premier ministre  comme son successeur et candidat de son parti Alliance pour la République (APR-Yaakaar).

Lire : Au Sénégal, bras de fer entre le président Macky Sall et l'opposant Ousmane Sonko à un an des élections présidentielles

Les manifestations anti-Sall, menées par le leader de l'opposition Ousmane Sonko, président du parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (PASTEF)  dénoncent la mauvaise gouvernance du président et font de Sonko une figure essentielle de la politique sénégalaise. Toutefois, celui-ci ne peut se présenter car il est placé en détention en juillet 2023 pour des motifs de viol, diffamation et d'appel à l’insurrection par la justice sénégalaise.

Le flambeau de Sonko reste en lice

Alors que les Sénégalais iront en février 2024 aux urnes pour élire un nouveau président, plusieurs personnalités politiques annoncent leur intention de se présenter à ces élections. Au total 75 candidats se déclarent et doivent obtenir un parrainage selon la loi électorale du pays, comme l'explique ce reportage du média Africa24:

En clair, chaque candidat doit obtenir le soutien de 13 députés et 120 maires de conseils départementaux dans le pays. Selon Papa Ogo Seck, analyste politique sénégalais, interviewé par Africa24, l'obtention de ce soutien est un grand défi:

“Pour recueillir les 0,6 % de l’électorat ou pour avoir le parrainage des maires, ça risquera d’être un peu compliqué surtout que l’on se rappelle qu’au début avant le discours du 3 juillet du président Macky Sall, l’ensemble des maires avait déjà été réunis donc il semblerait que quelque part, ce parrainage risque de poser beaucoup de difficultés en raison justement du caractère éminemment politique de ce parrainage.”

Sonko n'est plus candidat à cette élection car radié de la liste électorale à cause de sa condamnation. Cette radiation a certes été annulée par un juge d'un tribunal d'instance de Ziguinchor (situé au sud du pays), mais l'homme politique ne peut plus se réinscrire sur la liste électorale. Le 19 novembre 2023, Sonko donne sa bénédiction à Bassirou Diomaye Faye pour être le candidat du parti. A noter que Diomaye Faye aussi est en détention préventive pour outrage à magistrat.

Mais sur  Tv5monde, El Malick Ndiaye, secrétaire national à la communication du PASTEF déclare :

Si ce n'est pas Ousmane, ce sera Diomaye. Si ce n'est pas Diomaye ce sera un autre…

Cette stratégie indique bien que le principal parti d'opposition veut coûte que coûte s'assurer d'être dans la course à la présidentielle de 2024.

Dans ce reportage de Tv5monde, un des cadres du Pastef explique la démarche du parti:

 

Un ralliement derrière Diomaye Faye

Le choix de Bassirou Diomaye Faye semble mobiliser une partie de l'électorat sénégalais. En témoigne, cette publication sur le réseau X (ex-twitter) de Fatima Tall, une Sénégalaise:

De même, dans la diaspora sénégalaise, plusieurs personnes font le choix du candidat Bassirou Diomaye Faye, comme l'indique le bureau du parti en France Pastef France Officiel dans cette publication X :

Si les militants sont à pied d’œuvre pour la collecte d'un maximum de parrainage, la grande question est de savoir si Bassirou Diomaye Faye aura le même poids politique que Sonko, qui demeure toujours une option pour les cadres du parti.

Âgé de 43 ans, le nouveau candidat du parti Pastef est natif de Ndiaganiao, commune située au centre ouest du Sénégal. Il est diplômé de l'École nationale d'administration (ENA) au Sénégal après une maîtrise en droit obtenue à l’Université Cheikh Anta Diop. Il a fait carrière dans l'administration fiscale. Avec un profil similaire à celui d'Ousmane Sonko, il a fondé avec lui ensemble le syndicat des agents des impôts et domaines avant de créer aussi le parti Pastef. Politiquement, il a été influencé par son père qui était un membre du Parti Socialiste.

Cette vidéo de France24 présente une analyse détaillée de la nomination de Faye:

Quid des autres candidats?

Outre la déclaration de candidature de Bassirou Diomaye Faye à la prochaine élection, d'autres candidats de taille sont à considérer.

Idrissa Seck du parti politique Rewmi (qui signifie ” le pays ” en langue wolof) est un sérieux candidat à la magistrature suprême. Il a été plusieurs fois ministre sous d’ anciens présidents et a occupé le poste de président du Conseil économique, social et environnemental du Sénégal sous Macky Sall.

Khalifa Sall du rassemblement politique Taxawu Sénégal a lui aussi été plusieurs fois ministres sous Abdou Diouf, ancien président du Sénégal. En 2017, il a été arrêté et emprisonné pour détournement de fonds public alors qu'il était maire de Dakar et aussi député. Sall retrouve ses droits politiques après avoir été gracié par Macky Sall en 2019.

Un troisième candidat au nom de Karim Wade du Parti démocratique sénégalais (PDS) peut aussi faire le poids dans cette élection. Fils d’Abdoulaye Wade, ancien président du Sénégal, Karim a profité de son statut de fils de président. Conseiller du président, ministre puis maire durant le régime de son père, il a toutefois été accusé de corruption, d'enrichissement illicite et de détournements de deniers publics en 2013 et par conséquent condamné à six ans de prison. Il sera aussi gracié d'abord en 2016 par décret, puis amnistié en 2022 par Macky Sall.

Lire aussi : Au Sénégal, les jeunes jouent un rôle grandissant à la veille d'élections présidentielles: interview avec le chercheur Gilles Yabi

Cette élection présidentielle revêt des enjeux majeurs pour plus de 6,8 millions (nombre d'électeurs lors des législatives de 2022) d'électeurs  sénégalais. En effet, la pauvreté et le chômage poussent beaucoup de jeunes à choisir la voie de l'immigration clandestine par la mer. Fin 2022, le taux de chômage était de 21,9 %. Selon l'indice de perception de corruption de Transparency International, le pays occupe le 72è rang sur 180 pays.

Commentez

Merci de... S'identifier »

Règles de modération des commentaires

  • Tous les commentaires sont modérés. N'envoyez pas plus d'une fois votre commentaire. Il pourrait être pris pour un spam par notre anti-virus.
  • Traitez les autres avec respect. Les commentaires contenant des incitations à la haine, des obscénités et des attaques nominatives contre des personnes ne seront pas approuvés.