Paysage médiatique sénégalais: quels médias suivre pour comprendre l'actualité à la veille des élections présidentielles?

Guy Marius Sagna (à droite), député de l'opposition sénégalaise, capture d'écran de la chaîne YouTube de Tv5monde

Pays stratégique dans la région de l'Afrique de l'ouest, le Sénégal demeure un modèle de démocratie en Afrique depuis son ascension à l'indépendance vis-à-vis de la France, le 4 avril 1960. Alors que le pays se prépare à des élections présidentielles début 2024, le rôle des médias prend d'autant plus d'importance.

Le paysage médiatique sénégalais présente un visage très riche et diversifié. Des médias classiques comme la télévision, la radio, et les presses papiers aux médias modernes à savoir la presse en ligne, les web-magazines, et les réseaux sociaux, c'est tout un éventail de moyens de communication capable d'apporter l'information au grand public que propose la société sénégalaise.

La constitution du Sénégal consacre le français comme langue officielle mais cette langue est parlée par une minorité de Sénégalais, soit 26% de locuteurs selon les chiffres de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) en 2022. Le pays a adopté officiellement six langues nationales à savoir le wolof (parlé par plus de 90% de la population), le sérère, le peul, le mandingue, le soninké, et le diola.

De ce fait, la majeure partie des informations véhiculées dans les médias sont en wolof. D'après une enquête réalisé par le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) en 2018, le wolof se révèle être la langue la plus utilisée dans les émissions audiovisuelles (64,71 % des programmes sont en wolof et 35,29 % en français).

A quelques mois des prochaines élections présidentielles du 25 février 2024, l'information nationale et régionale prend d'autant plus d'importance.

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Les médias nationaux

Selon Reporters sans frontières (RSF), le pays offre un certain espace à la liberté d'expression, mais il n'est pas possible de parler d'une véritable liberté de presse. Dans le classement 2023 de l'organisation militante pour une presse libre et indépendante, le pays de Macky Sall, président depuis 2012, est 104ème sur 180 pays. Ce chiffre représente un recul considérable par rapport au classement de 2022 où le Sénégal était positionné à la 73ème place.

Pour une population de plus de 17 millions d'habitants, on dénombre une vingtaine de chaînes de télévision, une centaine de radios privées ou communautaires ainsi que plusieurs journaux écrits et plusieurs presses en ligne. Le groupe Radiodiffusion télévision sénégalaise (RTS) est le principal organisme public qui détient les chaînes publiques. En son sein, se trouvent la RTS1 et la RTS2; des radios nationales et des radios régionales qui permettent au groupe de couvrir l'ensemble du territoire. Les informations sur ces médias sont diffusées en wolof et en français. Outre les chaînes publiques, le Sénégal compte des chaines privées dont les plus influentes sont: Diaspora24tv, Walf TV, Télé Futur Media (TFM), Sen TV, 2STV Sénégal.

L’Agence de presse sénégalaise (APS) est l'organe national public de presse dans le pays. Elle occupe une place de choix auprès du gouvernement et de la population, et garde le monopole de la diffusion des informations du pays auprès des agences de presses étrangères présentes au Sénégal.

Pour la presse écrite, des journaux version papier comme Enquête plus, La Dépêche diplomatique, L'Observateur, Le Quotidien, Le Sud Quotidien sont les plus en vue dans le pays et couvrent l'actualité générale nationale en priorité. Dans le monde des affaires, Réussir Business dédie ses colonnes aux actualités du monde économique et de la finance.

En ce qui concerne le secteur de la presse en ligne et sites internet, les sites Seneweb, Pressafrik, Dakaractu, Seneplus, Senego, Senenews, Dakarmatin se positionnent comme les plus suivis et diffusent en permanence l'actualité sociopolitique du Sénégal.

Le site Osiris.sn, de son côté, est spécialisé dans la diffusion des informations et nouvelles purement numériques. Sa plateforme offre des informations sur le nombre d'utilisateurs internet, le taux de pénétration de l'internet, le nombre des utilisateurs de téléphonie mobile, et le nombre d'utilisateurs des réseaux sociaux au Sénégal.

Au vue de l'ampleur du phénomène de migration, ce sujet est crucial dans les débats et émissions précédant les élections. Un rapport de monitoring sur le traitement médiatique de la migration effectué en 2020 et 2021 permet d'apprécier l'importance de la couverture médiatique sénégalaise de cette question.

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Sur la toile

En janvier 2023, 10 millions de Sénégalais utilisent l'internet alors que le taux de pénétration est de 58,1%. Le coût de l'internet par giga-octet est de 1,53 dollar américain, ce qui le rend un peu moins cher comparativement à d'autres pays comme la Côte d'Ivoire (3,06 dollars américains) ou le Togo (12,94 dollars américain). Le revenu moyen mensuel au Sénégal est de 64.223 F CFA (soit 106.81 dollars américain).

L'actualité sénégalaise est aussi consultable sur les réseaux sociaux. Les acteurs de la vie sociopolitique sénégalaise animent des forums de discussions sur divers plateformes de discussions comme X (ex-Twitter) à travers des conférences dénommées “spaces”. Guy Marius Sagna, député de l'opposition et fondateur de l'organisation “Frapp – France Dégage”; Pape Alé Niang, journaliste engagé à Dakarmatin avec plus de 180 000 abonnés sur le réseau X, commentent régulièrement l'actualité sur leur compte X. De même Macky Sall qui cumule plus de 2,5 millions d'abonnés sur le réseau X, à travers ses publications donne un aperçu global de l'évolution de l'actualité du pays. Il existe également des groupes Facebook qui rassemblent plusieurs activistes sénégalais engagés.

L'avènement des nouveaux médias permet une rapide évolution dans la diffusion de l'information des médias, et le Sénégal n'y fait pas exception. La prédominance du wolof parmi les langues parlées dans le pays entraîne une forte nationalisation de l'information. Cette pratique est un couteau à double tranchant dans la mesure où elle permet une main mise des Sénégalais sur l'information nationale, mais et prive en même temps les populations des autres pays de la région de la possibilité de suivre avec intérêt les débats et émission sur les chaînes sénégalaises, comme l'explique cet ouvrage.

Couverture internationale

En dehors du pays, plusieurs médias internationaux abordent aussi l'actualité sénégalaise en anglais et en français: la West Africa Democracy Radio (WADR) basée à Dakar, BBC Afrique, Africanews, New World basé au Togo, le journal Jeune Afrique, le magazine Afriquexxi, Le Monde, Le Figaro, les chaînes de télévisions comme France24, Tv5monde Afrique, Euronews, Deutsche Welle, les radios Voice of America (VOA), et Radio France internationale (RFI).

Les mois de janvier et février seront particulièrement intéressants à suivre sur les medias sénégalais car à la veille des élections, les débats politiques et sociaux se multiplient et offrent un exemple de la vitalité de ce pays qui garde une importance régionale significative.

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