Comme l'idéogramme 暑 (sho) signifiant ‘chaud ou chaleur’ fut choisi pour représenter l'année 2010 à la cérémonie annuelle [liens en français ou en anglais] à Kyôto, voyons une sélection des “sujets chauds” que Global Voices a couverts l'an passé.
Souvenirs de tremblement de terre
Juste au moment où le Japon commémorait le quinzième anniversaire du violent séisme de Hanshin qui, en 1995, détruisit les régions d'Osaka et de Kobe en tuant des milliers de personnes, une tragédie similaire s'est produite en Haïti. Alors que 100 étudiants de différents pays à l'Université Internationale du Japon (IUJ), dans la préfecture de Niigata, exprimaient leur solidarité en allumant des bougies en signe d'espoir pour les Haïtiens, certains blogueurs japonais commentaient le soutien insuffisant du Japon au pays frappé et critiquaient le manque de réactivité de leur pays.
De difficiles questions environnementales
Jamais dans le monde des espèces de poissons comme le thon rouge, les baleines et les dauphins n'auraient pensé être l'attention du monde entier comme ce le fut l'année dernière. Lorsque l'interdiction sur le thon rouge fut rejetée, des experts japonais réagirent contre la couverture médiatique biaisée en insistant aussi sur l'importance d'une pêche durable.
Après le débat sur le thon, un autre plus enflammé émergea sur la pêche à la baleine lorsque des activistes s'y opposant éperonnèrent un baleinier japonais et que le capitaine néo-zélandais fut arrêté. Malgré une faible montée du sentiment nationaliste, les blogueurs japonais protestèrent en remettant en question la méthode adoptée et déclarèrent que la pêche baleinière devait être réglementée.
Moins diplomatiques furent certains groupes d'activistes d'extrême-droite, quand ils menacèrent des cinémas qui étaient supposés diffuser La Baie de la Honte, le documentaire sur le massacre des dauphins à Taiji, récompensé par un prix. Les intellectuels, les journalistes et les blogueurs élevèrent la voix pour défendre la liberté d'expression et le droit des gens à voir le film.
Très loin de l'agitation des îles principales, les magnifiques et minuscules îles Ogasawara soumirent leur candidature au patrimoine mondial naturel de l'UNESCO.
Nouveaux médias contre médias traditionnels
En 2010, les médias traditionnels japonais, qui maintenant semblent pour beaucoup obsolètes et liés au pouvoir, furent mis au défi de bien des façons et des changements auront probablement aussi lieu cette année.
Twitter fut au centre de l'attention, car ses messages de 140 caractères de long furent utilisés par des personnalités comme l'ancien Premier Ministre et furent considérés comme un outil capital pour créer un réseau social et éventuellement aider à prévenir les suicides.
Certains médias citoyens comme Jan Jan ont dû regarder la réalité en face et fermer boutique, et des journaux traditionnels ont réagi comme Nikkei qui a opté pour une stratégie conservatrice en interdisant les liens extérieurs renvoyant à son site web, de nouvelles frontières du journalisme ont émergé, quand des indépendants utilisant les nouvelles technologies commencèrent à briser le monopole de l'information.
L'année se conclua ainsi avec de nouvelles idées et de nouveaux projets: ceux présentés à la rencontre annuelle des jeunes entreprises web WISH 2010, et ceux proposés par le blogueur chinois et activiste médiatique Michael Anti, qui proposa des idées pour faciliter la compréhension entre le Japon et la Chine.
Emploi et culture d'entreprise
Comme le Japon supporte actuellement une baisse du marché du travail, mêlée à l’effondrement du système de l'emploi à vie, l'exacerbation des passions et des perspectives fut rendue par une série d'articles incluant la couverture médiatique d'un rare défilé de lycéens, les conseils avisés d'un analyste de l'industrie, et les observations enthousiastes sur une nouvelle race de NEET [ni employés, ni étudiants, ni stagiaires]. La culture d'entreprise de longue date des sociétés japonaises continue d'être un sujet souvent débattu sur la blogosphère japonaise, comme le rite de passage pour devenir un “être social“, l'alcool comme lien social, et la difficulté de prendre des congés.
Hauts et bas politiques
Au cours de l'année qui vient de s'achever, la politique japonaise connut quelques coups de théâtre inattendus. Dès janvier, le nouveau gouvernement élu à l'automne 2009 commença à vaciller lorsque le Premier Ministre Hatoyama insinua qu'il revenait sur ses promesses sur le retrait des bases américaines de la préfecture d'Okinawa : ce qui mit au jour le fait que la population locale vivait le problème très différemment des habitants de l'île principale, loin de ces bases.
Lorsqu'arriva la date limite, en mai, le gouvernement annonça que le projet de délocalisation avait été annulé, et la population frustrée d'Okinawa donna de la voix.
Presque immédiatement après, le gouvernement démissionna et un nouveau Premier Ministre fut élu, laissant beaucoup d'électeurs dans la confusion.
Entre l'instabilité politique et une récession imminente, à l'été 2010 le Japon fut officiellement détrôné par la Chine du rang de deuxième puissance économique mondiale. Les Japonais, cependant, ne furent pas particulièrement surpris et continuent à avoir foi dans le potentiel de leur pays.
L'automne dernier fut alors caractérisé par des relations internationales sur le fil du rasoir, auxquelles les blogueurs japonais et leurs voisins réagirent rapidement. D'abord eut lieu le conflit entre un bateau de pêche chinois et les garde-côtes japonais pour quelques îles que se disputent les deux pays, qui déclencha un débat virtuel entre deux célèbres blogueurs, respectivement de Chine et du Japon.
Puis vint l'attaque nord-coréenne sur une île sud-coréenne : les internautes japonais réfléchirent sur l'incident et exprimèrent leurs craintes.
Société et culture
Les valeurs changeantes d'une société de plus en plus nombriliste se sont manifestées de différentes façons – les plus grosses tendances sont le déclin du nombre d'étudiants partant étudier à l'étranger, ou des articles individuels, comme un blogueur méditant sur le “suicide lent” dans une société vieillissante et un autre réfléchissant sur la morale dans le fait d’escalader le Mont Fuji sans préparation.
L'historique prit un tour contemporain, alors que des bains publics traditionnels devenaient le lieu d'un manga populaire, le pays se passionna pour le samouraï Sakamoto Ryoma, et l'art du monozukuri [“fabriquer des choses”] rencontra le DIY [Do It Yourself – le bricolage] et la technologie. L'héritage persévère aussi car le théâtre Kabuki à Ginza est en reconstruction et l’ancienne capitale de Nara célèbre son 1300 e anniversaire. Et bien sûr, le monde fêta le 30 e anniversaire de Pacman grâce à Google!