Nous venons de recevoir de mauvaises nouvelles de la part de l'association bahreïnie de défense des droits de l'homme : notre ami et collègue Ali Abduleman est porté disparu.
Ali Abdulemam, blogueur phare bahreïni et rédacteur pour Global Voices Advocacy, avait été emprisonné le 4 septembre 2010, puis libéré le 23 février 2011, lorsque le roi de Bahreïn avait ordonné la libération d’un groupe de prisonniers, y compris des prisonniers politiques et des activistes, dont Ali :
Ali Abduleman, considéré par certains comme le « père de la blogosphère » bahreïnie après avoir créé le premier forum non censuré et ouvert aux débats politiques et sociaux du pays, est porté disparu. Sa famille est sans nouvelles de sa part.
Son oncle a décrit la scène s'étant produite hier soir : 50 policiers lourdement armés sont venus arrêter son neveu, quelques semaines à peine après avoir été libéré, dans le cadre d'une concession faite dans le but de calmer les manifestants bahreïnis. Il a été accusé de prendre part à une « cellule organisationnelle » et était considéré comme l'un des 25, qui étaient arrêtés pour conspiration visant à renverser le gouvernement.
Aux environs de 1 h 15 du matin, ce 18 mars, le lotissement à Aali dans lequel Ali louait un appartement à son cousin, a été réveillé au son des balles frappant le métal du portail extérieur.
Près de 50 policiers, masqués et lourdement armés, ont enfoncé la porte de bois de la maison. Le cousin d'Ali, sa femme et sa fille dormaient dans l'appartement du rez-de-chaussée. Ils ont fait irruption sans laisser la chance à sa femme et à sa fille de se couvrir et leur ont demandé où se trouvait Ali, pointant des armes sur leur visage.
Ils ont répondu qu'Ali et sa femme n'étaient pas venus à la maison depuis trois jours et qu'ils n'avaient aucune idée de l'endroit où ils pouvaient se trouver. Énervés que leurs questions restent sans réponses, les policiers ont saccagé l'appartement, puis sont passé à l'étage supérieur où ils ont enfoncés les deux portes, celle de l'appartement d'Ali, abandonné quelques jours plus tôt suite aux menaces toujours plus nombreuses et celle d'une autre famille, n'ayant aucun lien avec la situation. Cette autre famille n'était pas là. Il se peut qu'Ali leur ait conseillé de s'héberger chez des proches.
Après avoir saccagé les appartements et cassé tout ce qui pouvait l'être, les policiers ont rempli une grande valise avec tout le matériel électronique qu'ils trouvaient, appareils photo, disque durs, caméscopes, DVD, etc. Ensuite, ils sont retournés dans l'appartement du rez-de-chaussés et ont réitéré leurs questions, menaçant d'emmener la jeune fille. Le père et la mère ont déclaré qu'il faudrait les abattre avant d'emmener leur fille. Heureusement, les policiers ont reculé, peut-être après avoir réalisé que la famille disait vrai et ne possédait aucune information concernant le lieu où se trouvaient Ali et sa famille. Ils avaient quitté la maison trois jours auparavant pour se réfugier dans un lieu tenu secret, mais contactait leurs proches par téléphone pour les assurer qu'ils étaient en sécurité. Aujourd'hui les lignes de communication sont mortes et les proches d'Ali Abduleman ne savent pas s'il est à Bahreïn, s'il a pu fuir le pays ou si la police l'a arrêté.
Vous pouvez consulter un entretien avec Ali Abduleman réalisé après sa libération :
http://www.almasryalyoum.com/en/node/335408