Qui sont les artistes libanais contemporains ? Autour d'un web-documentaire en préparation sur la jeune scène artistique au Liban, le blog compagnon du documentaire, Libalel, présente des artistes comme le vidéaste libanais Ziad Antar.
Ziad Antar est né en 1978 à Saïda au Liban et travaille aujourd’hui entre Saïda et Paris. Il assiste d'abord plusieurs vidéastes et réalisateurs au Liban (Akram Zaatari, entre autres), s’investit pour la Fondation Arabe pour l’Image à Beyrouth (en anglais) et rencontre l’artiste Jean-Luc Moulène. En 2003, il est accueilli en résidence à Paris au Pavillon du Palais de Tokyo et suit La Seine, le post diplôme de l'ENSBA (Beaux-Arts). Il a exposé au New Museum of Contemporary Art de New York, à la Biennale de Sharjah aux Émirats arabes unis et au Centre Pompidou à Paris, entre autres.
Le blog Libalel s'est intéressé à la démarche de Ziad Antar :
A la base de son travail, il y a cette conviction : L'image est une idée. Il ne s’agit pas pour lui d’une recherche de la manière dont on transforme les idées en images : la vidéo est la matière de l'idée. Ziad Antar affirme n’avoir « pas de thème spécifique, [sa] principale préoccupation est la vidéo en tant que médium ». Il a développé une manière bien singulière de travailler s’imposer des contraintes. « Je mets des restrictions pour transformer des faits très simples en vidéos ». Elles proviennent du champ technique de la vidéo et de la photographie : un plan fixe, un plan séquence, une absence de montage… Elles font émerger un discours, une réflexion, une image, une idée. La prise de vue et l’acte de filmer lui-même priment ainsi sur le sujet.
Une de ses premières vidéos, TOKYO TONIGHT, réalisée en 2003 illustre cette démarche.
Un cadre méthodologique strict a été fixé préalablement : une durée maximum de trois minutes, peu ou pas de mouvements de caméra, une seule séquence, parfois un seul plan. Une autre contrainte fixée était celle du titre, né des résidences auxquelles il a participé la même année au Japon. À la manière d’un road-movie et dans un paysage de pâturage du sud Liban, il nous invite à trois escales, trois rencontres avec des bergers nous adressant un seul mot « Tokyo » : en somme, trois séquences mises bout à bout.
La musique a un rôle important dans le travail du vidéaste. Dans toutes ses vidéos, Ziad Antar l’utilise à travers la chanson ou la répétition de sons et cherche parfois à rendre compte d’une « image » de la musique. On peut le voir dans la vidéo La Marche Turque (2006) où la célèbre composition de Mozart est jouée sur un piano sans cordes, faisant sonner le son des doigts sur les touches, à la manière d’une marche militaire.
La réjouissante vidéo Wa (2004) met en scène sa nièce et son neveu interprétant une chanson de leur composition :
À travers des vidéos de quelques secondes, parfois avec une seule séquence, il capte ces petits riens dans un même but, celui de questionner le langage de la vidéo. Voici la vidéo Mdardara (2007), un plat de lentilles filmé en super 8 :
Pour l'artiste, cette vidéo témoigne de ce qu’il a vécu pendant la guerre de 2006. Il raconte que dans les zones assiégées, on préparait des grands plats de lentilles et de riz « qui donnent de l’énergie et sont simples à faire ». Dans Safe Sound (2006), il a aussi filmé la vie quotidienne d’une famille libanaise secouée par la guerre.
Deux liens vers des interviews de l'artiste et sa galerie photo :
Entrevue audio avec le vidéaste lors de son exposition à la galerie “Où” à Marseille
Interview au Zenith Magazine, magazine en ligne traitant de l’art et de la culture dans le monde arabe
Ses photos…
Barbara Coffy pour LIBALEL