(Liens en espagnol) L'actuelle crise de l'information au Venezuela, où de grandes manifestations se déroulent sans que les médias traditionnels puissent les couvrir, sous peine d'être sanctionnés d'une amende par le gouvernement, a poussé les internautes vénézueliens à diffuser les nouvelles par les réseaux sociaux. Cependant, certains utilisateurs n'ont pas été suffisamment transparents en rapportant les nouvelles au quotidien, ce qui a généré de fortes critiques quant à l'utilité des médias numériques dans le pays.
Le collectif Kaos en la Red, qui se définit comme ‘une association culturelle qui lutte contre le capitalisme’, dénonce dans son article “Venezuela: Mentiras de medios de comunicación para generar caos de violencia” l'usage, par les partisans de l'opposition et d'autres, de photos prises dans d'autres lieux et circonstances et diffusées hors contexte sur les réseaux sociaux pour “générer un climat de violence et de déstabilisation contre le gouvernement”. De fait, l'article publie une série de comparaison entre les images utilisées pour dénoncer de supposés abus des forces de sécurité contre les manifestants et la photo et les circonstances d'origine :
De même, beaucoup de défenseurs du gouvernement ont posté une photographie du regroupement convoqué par le président Nicolás Maduro à Caracas le samedi 15 février où se trouve, sur l'un des immeubles, une publicité d'une marque de boisson gazeuse ; publicité qui fut démontée il y a approximativement 4 ans. Ironiquement, l'image a été publiée par le compte Twitter du maire de la municipalité de Caracas Libertador, Jorge Rodriguez (@JRodriguezPSUV), celui-là même qui donna l’ordre de démonter la publicité à l'époque :
#SomosEjercitoDePaz Mientras los fascistas intentan desestabilizar el país nosotros luchamos por la paz y la vida. pic.twitter.com/TmZHrwCl21
— Jorge Rodríguez (@JRodriguezPSUV) February 16, 2014
Alors que les fascistes essaient de déstabiliser le pays, nous luttons pour la paix et la vie.
Lucia Calderón, dans Clases de Periodismo, fait aussi référence à une photo partagée par un supposé journaliste expérimenté qui signale un cas d'abus et de violence des partisans du gouvernement. La photo était en fait celle d'un jeune Basque torturé en 2002. Lucia recommande :
Souviens toi de ces conseils pour vérifier une information avant de la partager.
De même, des pages Facebook sont apparues, comme celle de Venezuela sans mensonge, créée en avril 2013 après les élections présidentielles, pour éviter ce type de montages et encourager les utilisateurs à abandonner ces pratiques préjudiciables pour tous :
Réflexion: “Ne te fais pas avoir par les fausses rumeurs ! Qualité et véracité de l'information pour ne pas être désinformés.”
Le site humoristique El Chigüire Bipolar, avec son habituel esprit satirique, raconte dans son billet “L’imbécile partage une fausse photo et confirme qu'il y a beaucoup de gens brutaux” comment Domingo Ugarte (un personnage fictif) en vient à partager une fausse photo des protestations étudiantes, en espérant être retwitté :
La photo m'est arrivé hier vers les 8 heures du soir. C'était une photo terrible, un policier avec un uniforme noir, que je n'avais jamais vu au Venezuela, maltraitant un étudiant dans une rue, qui clairement n'étais pas une rue d'ici. Mais je n'ai pas pu résister, je devais retwitter et la partager avec le monde. Tout le monde doit voir l'horreur que nous sommes en train de vivre et par la même recevoir beaucoup de retwitts. Parce que c'est comme ça que ça marche, peu importe si la photo est celle d'un crabe géant tuant des étudiants, les gens vont être horrifiés et vont la partager.
Actuellement, des initiatives indépendentes existent pour enseigner l'usage responsable des médias numériques, comme l'explique Aglaia Berlutti, blogueuse et collaboratrice de Global Voices, dans un article pour Noticias Venezuela. Aglaia fait une série de recommandations et donne des astuces pour aider les utilisateurs de réseaux sociaux à se convertir en vecteurs d'information efficaces :
N'exagère et ne modifie pas les faits que tu veux transmettre. Rédige des informations simples sans ajouter ton opinion ou tes hypothèses non vérifiées. […] L'objectif de ton billet ou de ton article est qu'il puisse être partagé autant de fois que nécessaire et que tous les lecteurs puissent te comprendre sans problème.
Et Karelia Espinoza (@Kareta), politologue et activiste digitale, partage une infographie sur la bonne manière de contribuer à l'information sur les réseaux sociaux :
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