Le 3 avril, la police maldivienne a arrêté seize journalistes lors de manifestations contre le gouvernement, suite à la fermeture officielle du plus ancien journal imprimé du pays. La police anti-émeutes a employé la force et du spray au povre, et a fouillé au corps des journalistes hommes et femmes travaillant au sein de plusieurs agences de presse locales.
Maldives address threats to press freedom #FindMoyameehaa #killdefamationbill end action against Haveeru, Raajje TV pic.twitter.com/RJN3tgKOTa
— Zaheena Rasheed (@ZaheenaR) April 3, 2016
Les Maldives réagissent aux menaces à la liberté des médias #TrouvezMoyameehaa #tuezlaloidediffamation mettez fin à la procédure contre Haveeru, Raajje TV
Journalists in #Maldives say police have attacked them with pepper spray. (Photos via @ppl_powers) pic.twitter.com/QrQ211yLw7
— Steven L Herman (@W7VOA) April 3, 2016
Des journalistes des Maldives disent que les policiers les ont attaqué avec du spray au poivre (Photos via @ppl_powers)
Dimanche, une cinquantaine de journalistes se sont rassemblés autour des bureaux de la présidence pour évoquer plusieurs sujets, dont la décision récente de la justice de fermer le journal Haveeru, le plus grand et plus ancien journal du pays, à cause d’un contentieux sur sa propriété. Plusieurs journalistes arrêtés travaillent chez Haveeru. Ils portaient des pancartes et scandaient « cessez d’entraver la liberté de la presse ».
Mohamed Hamdhoon a partagé la liste des journalistes arrêtés sur Facebook.
Le journaliste Ali Naafiz a décrit sur Facebook l’importance du journal :
An institution older than almost half of the population has been killed. The largest written archive in the country has been torn apart. The de facto ‘training institute’ of journalists in the nation has been destroyed. The livelihood of dozens is shrouded in confusion. And above all, thousands have been barred from their primary source of information. If this doesn't concern those in power, I wonder what will? #IAmHaveeru #IStandWithHaveeru
Une institution plus ancienne que presque la moitié de la population a été tuée. Les plus vastes archives écrites du pays ont été déchirées. L’institut de facto de formation des journalistes de la nation a été détruit. Les moyens d’existence de douzaines de gens sont précarisés. Et surtout, des milliers de gens ont été privés de leur première source d’informations. Si ceci ne préoccupe pas ceux qui sont au pouvoir, je me demande ce qui pourrait le faire ? #JeSuisHaveeru #JeSuisAuxCôtésdeHaveeru
Les journalistes ont aussi revendiqué que le gouvernement reconsidère un projet de loi récemment introduit au parlement qui criminaliserait la diffamation — en dépit du fait que la diffamation a été décriminalisée en 2009. Ils craignent que la loi ne soit utilisée par les adversaires politiques des journalistes pour empêcher la couverture des accusations sérieuses concernant la corruption et l’intégrité des gouvernants.
Parmi les autres sujets évoqués figurent les restrictions récentes sur la couverture des procès criminels, et l’absence de protection des journalistes par le pouvoir. Jusqu’ici, il n’y a aucun progrès important dans l’investigation de la disparation mystérieuse d'Ahmed Rilwan, un journaliste, blogueur, et militant des droits humains qui travaillait avec plusieurs agences de presse indépendantes.
Suite à la déclaration de l’état d’urgence le 4 novembre 2015, Reporters Sans Frontières (RSF) a condamné une série d’attaques contre des journalistes, chaînes de télévision, et journaux en ligne. Les Maldives 112ème sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse de RSF en 2015.
Sur Twitter, des militants pour la liberté de la presse ont montré du doigt des changements dans les organes de régulation des médias du pays, qui semblent donner plus de contrôle au parti au pouvoir sur les sociétés de diffusion, la télévision et la radio :
Four gov. activists and a failed print journalist will regulate #Maldives broadcasters starting today. #pressfreedom pic.twitter.com/k7NaPCLYEJ
— Mohamed Junayd (@mjunayd) April 5, 2016
Quatre militants du pouvoir et un journaliste raté vont régler les sociétés de diffusion des Maldives dès aujourd’hui #libertédelapresse
Ongoing crackdown on free media in Maldives; autocratic regime appoints party activists to Broadcasting Commission https://t.co/AXkeW5MCdk
— Yameen Rasheed (@yaamyn) April 4, 2016
La répression continue des médias libres dans les Maldives ; un régime autocrate a nommé des militants de son parti à la Commission de la Diffusion
La répression a aussi provoqué la colère sur les médias sociaux, où ont été partagées des images et des vidéos des manifestations :
Salute to the brave journalists who are fighting for press freedom. #JournalismNotACrime pic.twitter.com/dlEJhbd9n4
— Azmeel (azoo) (@azoobloodlust) April 3, 2016
Chapeau, les journalistes courageux qui luttent pour la liberté de la presse #LeJournalismeNestPasUnCrime
Those detained have not been served lunch nor given any food and were given only hot water to drink. #JournalismNotACrime
— Hisaan (@hisaanhussain) April 3, 2016
Ceux qui ont été mis en garde à vue n’ont reçu ni déjeuner ni autre nourriture, on ne leur a donné que de l’eau chaude à boire #LeJournalismeNestPasUnCrime
Maldives journalists continue protest for a second day despite Sunday's mass arrests pic.twitter.com/AI1C1k76CK
— Zaheena Rasheed (@ZaheenaR) April 4, 2016
Les journalistes des Maldives continuent à manifester une deuxième journée en dépit des arrestations massives de dimanche
Stop the harassment of media.
#JournalismNotACrime #SaveMaldives pic.twitter.com/krerp6bSn9— Maldives Voice (@maldivesvoice2) April 4, 2016
Arrêtez le harcèlement des médias #LeJournalismeNestPasUnCrime #SauvezlesMaldives
#JournalismNotACrime #Maldives @Travel @IBT2016 @BBCBreaking @evattey pic.twitter.com/tWVGvdjiR5
— Ablho (@ablho) April 5, 2016
Free @sampathmasiw @MrLeevaan two Journalists of @Raajje_tv arrested #JournalismNotACrime pic.twitter.com/OJn4sUBPWW
— nauha ibrahim (@princessnau) April 3, 2016
Libérez @sampathmasiw @MrLeevaan deux journalistes de @Raajje_tv arrêtés #LeJournalismeNestPasUnCrime
Tous les journalistes ont été libérés plusieurs heures après leur arrestation. Parmi eux s’est trouvé le reporter de Haveeru Ali Naafiz. Après sa libération, il a écrit sur Facebook :
If being pepper sprayed at close range, and spending almost 12 hours in police custody with nothing to eat except on demand and sharing a 25 by 18 foot cell with 17 men is what it takes for us to get our voices heard, I, for one, am prepared to do it again. Thank you everyone for the support and well wishes. #IAmHaveeru #IStandWithHaveeru.
S’il faut être attaqué avec du spray au poivre à bout portant, détenu pendant presque 12 heures par la police avec rien à manger sauf à la demande, et contraint à partager une cellule de 8m sur 5 avec 17 hommes, pour faire entendre nos voix, je, pour ma part, suis prêt à le refaire. Merci à tout le monde pour le soutien et les vœux. #JeSuisHaveeru #JeSuisAuxCôtésDeHaveeru.
L’ambassadeur américain auprès des Maldives a rencontré certains des journalistes qui ont manifesté et il a tweeté :
Appreciated the opportunity to meet with #Maldives journalists arrested during Sunday's protest. pic.twitter.com/nYjmaMitN9
— Amb Atul Keshap (@USAmbKeshap) April 4, 2016
Je suis reconnaissant pour l’opportunité de rencontrer des journalistes des Maldives arrêtés pendant la manifestation de dimanche
La nation insulaire des Maldives, très connue pour être une destination touristique, est devenue une démocratie multipartite en 2008 après une longue période d’autocratie. Pourtant, l’agitation politique s’est intensifiée depuis le coup présumé qui a fait tomber le premier chef démocratiquement élu du pays, Mohamed Rasheed.
Est-ce que les manifestations des journalistes ont servi à quelque chose de positif? Peut-être. Bien que les mobiles ne soient pas clairs, deux individus ont été arrêtés mardi 2 avril concernant la disparition d’Ahmed Rilwan Abdulla, qui est porté disparu depuis 608 jours.