L'élection présidentielle française de 2017 aura lieu les dimanches et Elle sera suivie par les élections législatives les et Les élections qui se profilent s'annoncent différentes des précédentes pour de multiples raisons. La première raison est que pour la première fois sous la Ve République, le président sortant François Hollande a choisi de ne pas être candidat à l'issue de son mandat. Mais d'autres raisons, nationales et internationales, donnent un parfum d'incertitude particulier a cette campagne.
Les partis traditionnels sont en difficulté
En 2012, les partis traditionnels que sont le Parti Socialiste et le parti Les Républicains avaient trusté les premières places dans chaque département au premier tour. Ce ne sera sans doute pas le cas cette année : les candidats de ces partis arrivent 3eme et 4eme dans les derniers sondages loin derrière Marine Le Pen, candidate du Front National et Emmanuel Macron, candidat du mouvement En Marche.
François Fillon, candidat des Républicains, est empêtré dans des problématiques juridiques avec le scandale des emplois fictifs de sa femme Penelope. Benoit Hamon, candidat du Parti Socialiste, stagne à 16% des intentions de vote dans les sondages après sa victoire aux primaires de la gauche.
Cette tendance confirme une défiance face aux cadres politiques habituels et une envie de changement forte. Jean-Philippe Dubrulle est chargé d'études au département opinion et stratégie d'entreprise à l'Ifop. Il explique pourquoi cette élection est différente:
Aujourd'hui, on voit deux tendances assez contradictoires : D'un côté une baisse la participation (ou du moins un désintérêt) et d'un autre une plus grande richesse de l'offre politique. Le désintérêt était justifié par le fait que les gens avaient l'impression que personne ne représentaient leurs idées. C'était, le gros candidat de la gauche et le gros candidat de la droite et puis c'est tout. Aujourd'hui l'offre est beaucoup pus variée avec des lignes très marquées à gauche, comme à droite ce qui fait qu'on aboutit à deux pôles extrêmement forts. Même si les Français ont déjà une bonne idée des candidats qui seront en lice, l'offre n'est pas encore fixée. Tout peut se passer. On assiste clairement à un refus des candidats du passé. Est-ce que tout ça aboutira à un sursaut de mobilisation ou une baisse ? Il est trop tôt pour le dire.
La montée inéluctable du populisme dans les démocraties occidentales
La victoire de Trump aux États-Unis, du Brexit en Grande-Bretagne, de l’extrême droite en Hongrie et une montée généralisée des partis populistes en Europe, sont les symptômes les plus évidents du rejet de la mondialisation et de la volonté de repli sur soi dans de nombreux pays. Olivier Costa, directeur de recherche au CNRS et pour Science Po Bordeaux développe sur la cause commune de ces tendances dans les démocraties occidentales :
Les gens ont le sentiment que l’avenir est noir et que les vieilles recettes des partis établis ne fonctionnent pas. De ce fait, beaucoup ont la tentation de s’en remettre à des nouveaux venus sur la scène politique qui proposent de nouvelles solutions. Les ficelles sont souvent un peu grosses mais d’une certaine manière, les gens s’en fichent. Il y a ceux qui croient à ce que proposent ces nouveaux venus en se disant que ça n’a pas été essayé, et ceux qui sont dans une logique protestataire, de ras-le-bol par rapport aux partis établis. Aussi, ce succès est dû au fait que les partis traditionnels n’arrivent pas à proposer une alternative.
Des candidatures fragilisées
A quelques semaines du scrutin, aucun des favoris n'arrivent à se détacher de manière définitive. Marine Le Pen est en tête des sondages mais fait face elle aussi à des ennuis judiciaires, notamment l'enquête visant l'emploi fictif de plusieurs assistants parlementaires européens, le financement de ses campagnes électorales pour les législatives et la présidentielle de 2012 par des fonds russes ou encore la levée de son immunité parlementaire européenne pour “diffusion d'images violentes”. Les menaces judiciaires qui pèsent sur Fillon ont été décortiquées dans tous les médias ainsi que ses promesses révolues de se retirer s'il était mis en examen:
Que Fillon mette en application sa première promesse : “Je ne serai pas candidat si je suis mis en examen”.
Ça serait génial. pic.twitter.com/kSQO1XiSkX— Salem (@Ibn_Sayyid) March 1, 2017
Emmanuel Macron est encore une entité inconnue et ne bénéficie pas de l'appui ni de la structure d'un parti politique traditionnel. Benoît Hamon peine à rassembler les forces de gauche et il hérite malgré lui des conséquences du quinquennat le plus impopulaire de la 5ème république.
L'ensemble de ces facteurs font que cette élection est l'une des plus incertaines de ces dernières décennies et quel que soit le vainqueur, la tâche de gouverner un pays de plus en plus divisé sera un formidable défi à surmonter.