Le Portugal aux prises avec son propre racisme après la diffusion virale d'une vidéo montrant des violences policières

La Praça do Comércio à Lisbonne. Photo de Vanusia Lombardi, reproduite avec autorisation.

Le Portugal est en train de vivre un débat national au sujet du racisme et des violences policières après une intervention brutale des forces de l'ordre contre les habitants de Jamaica, un quartier pauvre de Lisbonne où vivent principalement des communautés noires et immigrées.

D'après l'antenne portugaise de Deutsche Welle, la police avait été appelée dans la zone le 20 janvier au matin, suite à une altercation lors d'une fête d'anniversaire.

Une vidéo devenue virale montre des policiers ruant de coups des individus. Deux femmes ont été blessées, rapporte la Deutsche Welle.

Les deux jours suivants, environ 100 personnes ont organisé sur l'avenue Liberdades, une artère majeure de Lisbonne, une manifestation pour dénoncer les violences policières et le racisme. Le deuxième jour, suite à des échauffourées avec la police, quatre personnes ont été arrêtées, rapporte RTP Portugal et SIC Television.

De nombreuses réactions se sont exprimées sur les réseaux sociaux : si certaines soutiennent les immigrants, d'autres considèrent que la police a réagi de façon appropriée.

Sur une vidéo largement diffusée de la manifestation du 22 janvier, on entend une femme faire l'éloge de la police et insulter les minorités ethniques qui vivent au Portugal. À un moment, elle déclare : « Les races qui sont différentes de nous les blancs, qui sommes portugais, finissent toujours par perturber notre pays. »

Commentant la vidéo, Edgar Barroso, qui vient du Mozambique, a écrit:

Eu vivi em Portugal por 2 anos. Nunca havia testemunhado tanta barbaridade junta num video de uma duzia de minutos. Que vergonha!

Je vis au Portugal depuis deux ans. Jamais je n'ai assisté à tant de barbarie dans une vidéo d'une douzaine de minutes à peine. Quelle honte !

Boa Monjane, un Mozambicain qui étudie au Portugal, considère que le comportement de la police révèle un racisme profondément ancré :

Não é que tivesse muitas dúvidas. Mas os últimos episódios em Portugal fazem transparecer ainda mais o racismo que caracteriza esta sociedade. Devo começar a valorizar mais os amigos que penso que não são racistas.

Ce n'est pas que j'avais beaucoup de doutes. Mais les derniers épisodes survenus au Portugal mettent au jour le racisme qui caractérise cette société. Je devrais commencer à estimer davantage ceux de mes amis que je ne crois pas racistes.

L'ambassade angolaise à Lisbonne a déclaré dans un communiqué qu'elle suivait attentivement la situation.

Sílvio Nascimento, un acteur angolais qui présente des programmes télévisés au Portugal, a publié une vidéo sur Instagram pour dénoncer le racisme.

Dans une autre perspective, un utilisateur des réseaux sociaux, Lazáro Mubunda, qui est originaire du Mozambique, a remis en question le fait que les habitants de Jamaica se disent victimes de discrimination :

Estou a acompanhar o que está a acontecer no Bairro de Jamaica, em Lisboa, em Portugal. Os manifestantes, população Preta, alega discriminação. Bem, eu tenho uma visão diferente, não em relação a discriminação, mas em relação a reivindicação. Se és discriminado numa terra que não te pertence deves tomar duas opções: 1) regressar à tua terra e 2) ignorar a discriminação e continuar a viver na terra deles. Muitos africanos fogem dos seus tiranos para o ocidente, onde as liberdades são respeitadas.

Je suis de près ce qui est en train de se passer dans le quartier de Jamaica, à Lisbonne, au Portugal. Les manifestants et la population noire se prétendent victimes de discrimination. Eh bien, j'ai un autre point de vue, non pas en ce qui concerne la discrimination, mais en ce qui concerne la revendication. Quand on est discriminé dans un pays qui n'est pas le sien, on a deux solutions: 1) rentrer dans son pays, ou 2) ignorer la discrimination et continuer à vivre dans le pays étranger. Nombre d'Africains viennent en Occident, où les libertés sont respectées, pour fuir leurs tyrans.

Rubbem, un militant et chef d'entreprise vivant à Luanda, déclare que nombre d'Angolais migrent au Portugal en raison du manque d'opportunités dans leur pays :

O racismo nunca vai acabar, os português maior parte deles detestam pretos e Nunca foram bem aceites. Prova do que falo, são os empregos onde os mesmos se encontram. [Por isso] muitos preferem imigrar e ser olhados como cães, do que cá sofrer.

Le racisme ne cessera jamais, les Portugais n'aiment pas les noirs, ils n'ont jamais été bien acceptés. Une preuve de ce que j'avance, c'est le genre d'emplois qu'ils occupent. [C'est pourquoi] tant de gens préfèrent migrer et être considérés comme des chiens, plutôt que de souffrir ici.

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