Les coupes de cheveux des étudiants provoquent des protestations dans les écoles angolaises

Un étudiant, Daniel Moço , a confié à la radio allemande Deutsche Welle que cette pratique était discriminatoire. Image : Giovana Fleck/Global Voices

[Sauf mention contraire, tous les liens de cet article renvoient à des sites en portugais]

Depuis la fin du mois de septembre 2022, les écoles angolaises connaissent des remous après la circulation d'informations faisant état de l'interdiction de certaines coiffures prétendument indécentes. Selon certains médias, les coiffures longues et « extravagantes » ont fait manquer des cours à des élèves dans des écoles de Luanda.

Les écoles ont mis en place une coupe de cheveux obligatoire pour «préserver l'hygiène» mais aussi pour éviter « à la violence ».

L'un des directeurs d”écoles en question, l'Instituto Médio Industrial de Luanda (IMIL), informe de manière exhaustive sur le type de coupes à éviter dans son établissement :

Les étudiants qui viennent dans notre établissement avec des coupes de cheveux extravagantes, par exemple avec des cheveux ébouriffés ou une coupe de cheveux avec des dessins sur la tête, ces étudiants, bien sûr, nous leur conseillons de rentrer chez eux…

Cependant, la réaction a été celle de surprise et de protestation de la part des étudiants, surtout pour ceux qui portent des cheveux bouclés ou des coiffures longues ou tressées, dans le cas des garçons. Cette situation dure depuis des semaines et a donné lieu à une manifestation des étudiants le 8 octobre. La police a interrompu la manifestation, et a même arrêté certains étudiants. Les organisateurs de la marche, comme mentionné plus haut, ont expliqué que cette attitude était un acte de violation claire de leurs droits :

En tant qu'élèves, c'est avec un grand mécontentement que nous avons appris qu'un établissement d'enseignement avait empêché un élève d'assister aux cours, jusqu'à ce qu'il se fasse couper les cheveux, parce qu'ils étaient frisés, et qu'il n'en était pas de même pour les garçons qui avaient les cheveux lisses et longs, c'est-à-dire la peau blanche….

La législation angolaise n'interdit pas l'utilisation de cheveux frisés ou naturels dans les institutions publiques et privées. L'un des étudiants, Daniel Moço, a donc déclaré à la radio allemande Deutsche Welle que cette pratique était discriminatoire :

Nous considérons qu'il s'agit d'un acte de discrimination et nous condamnons ce type d'attitude, car il n'y a aucune raison d'interdire à un élève d'entrer à l'école avec des cheveux naturels, quel que soit l'État dans lequel il se trouve.

Certains ont comparé la décision des écoles angolaises à un acte de continuité des pratiques coloniales, comme c'est le cas d'Isidro Fortunato du Mouvement Ubuntu :

Le comportement de ces institutions est un lourd fardeau des politiques coloniales et de ségrégation qui ont prévalu dans les « provinces d'outre-mer » du Portugal entre 1482 et 1975, lorsque l'Angola est devenu indépendant. Vous avez là l'héritage d'un certain contexte historique qui a été réutilisé dans la société angolaise du présent parce qu'il n'y a pas eu de rupture avec le passé historique.

En réponse à la controverse, le ministère angolais de l'Education est intervenu en publiant des directives conseillant aux écoles de lutter contre la discrimination. Dans cette note, la ministre Luísa Grilo a exhorté les écoles à créer «un environnement harmonieux et respectueux de la différence dans la manière de se présenter de chaque élève, sans toutefois enfreindre au code de conduite et la discipline scolaires».

…le système éducatif et pédagogique est régi par les principes d'égalité et de protection de l'enfant, prévus par la Constitution de la République, ainsi que par le principe d'universalité, prévu par la Loi fondamentale du système éducatif et pédagogique, favorisant ainsi la lutte contre tout type de discrimination fondée sur l'ascendance, le sexe, la race, l'ethnie, la couleur, le handicap, la langue, le lieu de naissance, la religion, les convictions politiques, idéologiques ou philosophiques de chaque citoyen.

Les directives mentionnent également que les responsables des écoles doivent respecter les lois et veiller à la matérialisation des principes généraux qui régissent le système éducatif et promeuvent «des stratégies de dialogue permanent avec les membres de la communauté scolaire afin d'établir des règles de coexistence scolaire qui garantissent la protection étendue de l'enfant contre tout type de discrimination.»

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