Cet entretien est initialement paru sur l’agence d'information Meta.mk, opérée par la Fondation Metamorphosis. Une version adaptée est publiée ci-dessous dans le cadre d'un accord de partage de contenu.
Damira Gregoret est journaliste politique et présentatrice des informations à RTL Croatie. En octobre 2018, elle avait fait la une des médias croates après avoir posé une question au Premier ministre croate Andrej Plenković lors d'une conférence de presse, à laquelle il avait répondu, avec condescendance : “Vous êtes si mignonne, Damira.” Il lui avait ensuite présenté des excuses publiques.
Meta.mk s'est entretenu avec elle sur le climat médiatique et la désinformation en Croatie dans la course à l'élection présidentielle prévue le 20 janvier 2020.
Meta.mk : Le grand public est-il capable de discerner les fausses informations et quelle est leur présence dans les médias croates ?
Damira Gregoret (DG) : Ces derniers cinq ou six ans, nous avons eu des problèmes avec la reconnaissance de la désinformation, de la mésinformation. Même si sais pas avec certitude comment je dois appeler ces informations, c'est-à-dire si toute information dont un journaliste fait part faute de savoir mieux ou par manque de savoir est une fausse nouvelle ou juste de la désinformation. D'un autre côté, il est clair qu'une fausse nouvelle est quelque chose qui est publié intentionnellement.
Meta.mk : Quelle est la principale source de fausses nouvelles ?
DG : Je dirais qu'ici en Croatie nous n'avons pas de gros problèmes d'informations fausses, au moins pas dans les médias traditionnels, mais il y a une certaine distorsion des faits aux marges de la scène médiatique, que l'on peut caractériser comme fausses nouvelles. C'est quelque chose qui n'est pas devenu un problème majeur, parce que les médias traditionnels en Croatie, heureusement, sont encore dominants, mais certainement, ça doit être détecté et une réaction doit s'ensuivre. La question est : comment ? Je suis inquiète au sujet des données concernant la Serbie, c'est incroyable comment ce pays s'est mis dans la situation où il est à présent. Le problème est peut-être la synergie commune, c'est-à-dire la camaraderie qui n'a pas nécessairement à être interne au cadre d'un seul État. Les journalistes doivent être plus prudents, et au final, informer plus d'institutions y compris la Commission européenne.
Meta.mk : Quel est le sujet usuel des fausses informations en Croatie ?
DG : Les migrants, mais je dirais là aussi que ça se passe aux marges de la scène médiatique, où le nombre des migrants a été gonflé hors de proportions, et où il y a eu d'autre part des mises en garde que les migrants sont agressifs, ce qui dans certaines circonstances peut arriver. Mais un journaliste doit exercer une discrimination positive, c'est-à-dire ne pas publier chaque information qui peut engendrer par elle-même la haine.
Je me rappelle le texte qui mentionnait que des migrants avaient attaqué et cambriolé plusieurs maisons, et le le lendemain seulement l'information était arrivée de la police que c'était une seule maison et qu'elle n'avait pas été cambriolée par des migrants. De cette façon, la peur des migrants, qui s'est propagée dans toute l'Europe, est présente ici et sert à la création de fausses nouvelles.
Meta.mk : Y a-t-il des réactions de citoyens, de la société, de l'opinion, des institutions ?
DG : Il m'est difficile d'expliquer en faits et chiffres comment chacun réagit. Je pense que les gens sont enclins à croire ce type de fausses nouvelles, parce que c'est plus simple – les gens se sentent en sécurité à l'intérieur des frontières de leur pays où il n'y a pas d'étrangers qui troublent l'ordre. Mais je crois que c'est de la responsabilité de la part des médias et que ce sont les médias qui doivent se positionner et dissiper ces peurs. Certes, non en n'informant pas, mais seulement en expliquant aux gens que dans la situation en général, il faut toujours agir en être humain. Ils doivent agir humainement.
Meta.mk : Expliquez-nous comment ces questions sont régulées en Croatie – y a-t-il des règlementations spéciales concernant le discours de haine, les fausses informations ?
DG : Cela a été discuté, même si j'imagine difficilement comment ça serait régulé. Je suis convaincue qu'une voie peut être trouvée. Il y a un codex journalistique qui ne contient aucune sanction. L'Association croate des médias est active dans ce domaine, mais seulement comme assistance. Nous pouvons toujours faire mieux dans la lutte contre les fausses informations et le discours de haine, mais la situation n'est pas alarmante.
1 commentaire
Il suffit d’aller sur la page wiki du New York Times et de faire quelques recherches supplémentaires pour se rendre compte que ce journal est l’un des plus racistes et xénophobes de la planète, et qu’il est fréquemment pris en flagrant délit de désinformation. La désinformation en Croatie est condamnable, mais c’est du menu fretin en comparaison : elle reste locale et ne se propage pas dans la planète entière.