Les journalistes du Kirghizistan craignent une nouvelle entrave à la liberté d'expression

Une nouvelle loi  «sur la manipulation de l'information » en ligne inquiète les journalistes et militants kirghizes. Illustration par Tatyana Zelenskaya, utilisée avec permission.

L’article original a été publié en anglais. le 26 juin 2020.

[Sauf mention contraire, tous les liens de cet article renvoient à des pages en anglais, ndt]

Qu'est-ce que ça représente pour vous d'être journaliste dans un petit État d'Asie centrale ? Comment se battre pour le droit de dire la vérité ? En cas d'urgence, les journalistes peuvent-ils compter sur la protection de l'État et des organisations de défense des droits humains, ou l'État se révélera-t-il leur principal obstacle ? Pourquoi je me demande, en écrivant ces mots, si les autorités pourraient m'appeler et m'inviter à répondre à quelques questions ?

Sur les 180 pays classés dans le classement mondial de la liberté de la presse 2020 [fr] de Reporters sans frontières, le Kirghizistan occupe la 83e place. On observe une légère amélioration par rapport à l'année précédente et l'organisation internationale note que le pluralisme des médias du Kirghizistan est exceptionnel pour l'Asie centrale (ses voisins, le Kazakhstan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan, se sont respectivement classés à la 158e, 161e et 160e place).

Néanmoins, certain⸱e⸱s journalistes craignent une nouvelle érosion de la liberté de la presse. Le 25 juin, le parlement du Kirghizistan a adopté une loi « sur la manipulation de l'information ». Le projet de loi permettra aux autorités de bloquer les sites internet contenant des  « informations mensongères », mais ne précise pas qui fera une telle évaluation ni comment.

Le projet de loi a été vivement critiqué par les défenseurs des droits internationaux et kirghizes ; le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) le qualifie d'atteinte à la liberté de la presse. Pendant le vote, 150 personnes ont manifesté devant le bâtiment du parlement à Bichkek contre ce qu'ils ont appelé une atteinte à la liberté d'expression. Gulshat Asylbayeva, la député parlementaire qui a soumis le projet de loi, l'a farouchement défendu contre les critiques. Le 19 juin, elle a déclaré [ru] que les réactions en ligne lui avaient presque provoqué une crise cardiaque, et s'est plainte le 25 juin, que les journalistes ne couvraient pas le projet de loi objectivement, suggérant sur Facebook, que les discussions animées en ligne autour de celui-ci étaient elles-mêmes des exemples de « manipulation ».

Erkinbek Ryskulbekov, animateur télé, a changé ses avatars sur les réseaux sociaux, afin de protester silencieusement  :

[image] selfie de l'animateur Erkinbek Ryskulbekov, avec deux pansements larges en forme de croix sur la bouche et la légende #NewAvatar.

Ces craintes, sont fondées sur le soupçon que le projet de loi, pourrait être utilisé pour réduire au silence le petit mais dévoué réseau kirghize d'agences de presse indépendantes en ligne, devenues célèbres ces derniers années pour leur journalisme d'investigation.

Tirer les enseignements des expériences passées

Beaucoup au Kirghizistan, sont fiers de la réputation de terre de la liberté d'expression dont jouit le pays, du moins dans le contexte d'un environnement très autoritaire. Les récents incidents d'attaques et de harcèlement contre la presse ont appris aux journalistes du pays à faire preuve de prudence.

Par exemple, en mars 2017, les publications en ligne Zanoza (aujourd'hui Kaktus.Media), le service en langue kirghize de RFE / RL Azattyk, le journaliste Naryn Aiyp, le défenseur des droits humains Cholpon Jakupova et deux avocats du parti d'opposition Ata-Meken ont été accusés de diffuser de
« fausses » informations. Le bureau du procureur général a déposé plainte contre eux [ru], les accusant d'avoir insulté l'honneur et la dignité d'Almazbek Atambayev, l'ancien président condamné à 11 ans d'emprisonnement pour corruption le 23 juin. Peu après une visite du directeur de RFE / RL, Thomas Kent, au Kirghizistan, Almazbek Atambayev a décidé d'abandonner son procès contre Azattyk. En mai, Freedom House s'est dit préoccupée par les attaques des autorités kirghizes contre des médias indépendants et des défenseurs des droits humains.

Une autre vague de harcèlement à l'encontre des journalistes a commencé à la suite de la publication en mai 2019, d'une enquête retentissante par Azattyk et ses partenaires média OCCRP et Kloop. Celle-ci affirmait qu'environ 700 millions de dollars américains avaient été transférés illégalement hors du pays, impliquant Aierken Saiermati, un homme d'affaires chinois d'origine ouïghoure.

Une enquête complémentaire [ru] a été publiée le 21 novembre, elle ajoutait que M. Saiermati, assassiné à Istanbul le 10 novembre, avait fourni de nombreux éléments de preuve à des journalistes, qui impliquaient plusieurs personnes puissantes au Kirghizistan dans des transferts illicites. Selon M. Saiermati, l'un d'entre eux était l'ancien chef du service des douanes du Kirghizistan, Raimbek Matraimov et ses alliés.

Le 26 novembre, le procureur général du Kirghizistan a annoncé [ru], que M. Saiermati avait détourné 932 736 000 dollars du Kirghizistan vers des comptes bancaires à l'étranger. Iskender Matraimov, frère de l'ancien douanier, a fermement démenti les accusations des journalistes selon lesquelles lui-même ou ses entreprises avaient bénéficié du stratagème et a poursuivi  Kloop, Azattyk et l'OCCRP en justice pour diffamation au mois d'octobre. En décembre, l'affaire a été classée [ru].

Au cours de la période considérée, plusieurs attaques violentes ont été perpétrées à l'encontre de journalistes du Kirghizistan.

Le 28 septembre 2019, Aybek Kulchumanov, un caméraman d'Azattyk, a été attaqué lors d'un tournage avec un drone [en] dans la ville méridionale d'Osh pour un rapport d'enquête. Quatre hommes se sont approchés de M. Kulchumanov et ont demandé à savoir qui avait ordonné le tournage, avant de s'emparer de tout son matériel par la force. L'incident a eu lieu à seulement 200 mètres du domicile de l'ancien douanier. Le Centre de développement des médias, une ONG basée à Bichkek, a qualifié l'attaque [ru] de tentative d'obstruction au travail des médias. Bien que le matériel ait finalement été rendu à un poste de police d'Och, aucun des attaquants n'a encore été tenu de rendre des comptes. Aybek Kulchumanov s'est rétabli et est finalement retourné au travail.

Le 9 janvier 2020, Bolot Temirov, rédacteur en chef de Factcheck.eg, a été battu devant son bureau à Bichkek [en]. Le site Internet d'enquête, comme d'autres, avait été victime de cyberattaques après avoir rendu compte des modes de vie de l'ancien douanier et des membres de sa famille. Trois inconnus ont volé le téléphone de Bolot Temirov lorsqu'il lui est tombé des mains, mais ont laissé son ordinateur portable. Bolot Temirov avait également été agressé alors qu'il travaillait en septembre 2018. « Vous ne me faîtes pas peur », a t-il écrit le 11 janvier, dans une publication provocante sur Facebook [ru], adressée à ses agresseurs.

En outre, en février 2020, Ali Toktakunov, un journaliste chevronné qui a dirigé l'enquête d’Azattyk, a reçu des menaces de mort en raison de son travail. Dans une vidéo non datée, Emilbek Kimsanov, un autre ancien fonctionnaire des douanes, a affirmé que Raimbek Matraimov lui avait ordonné d'enlever ou d'assassiner M. Toktakunov.

Dans une interview accordée le 28 avril à Global Voices, Ali Toktakunov, qui vit désormais hors du Kirghizistan, a fait savoir ce qu'il pensait de l'enquête et la liberté de la presse dans son pays d'origine :

Последнее расследование, вызвавшее большой резонанс в обществе, не только у нас,  показывает, как коррупция ушла глубоко корнями во властные структуры. Здесь огромный клубок взаимосвязанных между собой структур, начиная от границ страны, банковской системы, правоохранительных, таможенных ведомства и т.д. И в этой система Матраимов был одной главных цепей. Об этом нам поведал человек из этой самой иерархии, который передал нам ряд документов. Эти документы доказывали, что десятки людей, которые занимали, или занимают высокие посты, замешаны. 

La dernière enquête a suscité un écho incroyable non seulement dans notre pays, mais également à l'étranger. Cela a montré à quel point, la corruption s'est profondément enracinée dans les structures de pouvoir. Il existe un immense réseau de structures interconnectées, du service frontalier au système bancaire, en passant par les forces de l'ordre, les douaniers, etc. C'est ce que nous a révélé, un homme appartenant à cette même hiérarchie; lequel nous a remis de nombreux documents, prouvant l'implication d'une dizaine de personnes, ayant occupé ou occupant des postes élevés.

Ali Toktakunov et son collègue Ydyrys Isakov, ont été convoqués le 2 décembre par le Comité d'État pour la sécurité nationale (GKNB), le service de renseignement du Kirghizistan, pour un entretien en tant que témoins. Ali Toktakunov a déclaré à Global Voices que le harcèlement et les attaques des mois précédents, ne lui avaient pas donné beaucoup d'espoir sur sa sécurité :

Говоря о личной безопасности, как гражданин Кыргызстана, я, кроме наших правоохранительных органов, надеяться больше не могу никому и ничему. Говорить о каких-то других вариантах бессмысленно, у меня нет средств, чтобы обеспечить собственную безопасность. Сейчас я работаю в Праге, могу сказать, что живу в более безопасном месте. Если п приезду в Кыргызстан будут некие угрозы, или что-то, что будет угрожать мне и моей безопасности,
Однако то, что некоторые сотрудники силовых органов близки к коррупционной системе, и проявляют лояльность п отношению к лицам напрямую замешанную в расследовании – огорчает и я начинаю сомневаться в гарантиях свей безопасности.

В нашем расследовании участвовало много журналистов. 12 из них так или иначе подверглись преследованиям, избиениям, ряду угроз в виде сообщений, писем. Сайты, которые написали о расследовании, были атакованы хакерами извне.

Когда стали поступать угрозы в мой адрес, я первую очередь сообщил своему руководству об этом. Кроме этого, мы уведомили наших адвокатов, и конечно, правоохранительные органы. «Не знаю, какими путями, но вы должны привезти его ко мне из Праги…», такие указания получил Кимсанов. С тех пор никто из наших органов ко мне не обратился, не спросил, не было ли других угроз, все ли хорошо и т.д. Если слова Кимсанова подтвердятся и угрозы такие действительно были озвучены, тогда это действительно тревожный знак. Потому что это касается не только тех, кто занимался расследованием, моих коллег, но и в целом всего гражданского общества. Все звонки, сообщения, и запугивания собираю. Кроме того, поступают различные «предложения» – подождать с расследованием, либо прекратить совсем, взамен предлагаются некие материальные блага, либо другие «благодарности».

Они не гнушаются, и используют как посредников многих, начиная от моих родственников, и заканчивая депутатами парламента.

En ce qui concerne ma sécurité personnelle, en tant que citoyen du Kirghizistan, je ne fais confiance à personne et à rien en dehors de nos forces de l'ordre. Il ne sert à rien d'évoquer d'autres solutions, car je n'ai pas les ressources me permettant d'assurer ma propre sécurité. Aujourd'hui, je travaille à Prague, et je peux donc dire que j'habite dans un lieu plus sûr. Si je voyage au Kirghizistan, je serai menacé et ma propre sécurité ne pourra être garantie. Cependant, le fait que certains membres des agences de sécurité et des forces de l'ordre, soient proches de stratagèmes de corruption et déclarent leur loyauté envers les personnes directement impliquées dans notre enquête m'attriste profondément et me donne à penser qu'ils n'assureront pas notre sécurité.

De nombreux journalistes ont participé à notre enquête. Parmi eux, 12 ont d'une manière ou d'une autre fait l'objet de persécutions, de passages à tabac et de menaces sous forme de messages et de lettres. Les sites Internet qui ont écrit sur l'enquête ont été attaqués par des hackers.

Lorsque j'ai commencé à recevoir des menaces personnelles, la première chose que j'ai faite, a été d'en parler à mon supérieur. En outre, nous avons informé nos avocats et, bien entendu, les forces de l'ordre. «Je ne sais pas par quels moyens, mais vous devriez le faire extrader de Prague », fut l'instruction donnée à Emilbek Kimsanov. À ce jour, personne de nos organes [d'application de la loi] ne m'a contacté pour me demander si j'avais reçu d'autres menaces, si tout allait bien, etc. Si les paroles de Emilbek Kimsanov sont confirmées et que de telles menaces ont vraiment été prononcées, alors c'est vraiment un signe inquiétant. Parce que, cela ne concerne pas seulement ceux d'entre nous qui, ont participé à l'enquête, mais l'ensemble de la société civile. Je collecte tous les appels, messages et menaces. Il y a aussi les diverses « suggestions » du genre : attendre un peu avant d'enquêter sur un sujet, ou arrêter complètement d'enquêter. Parfois, des avantages matériels ou d'autres avantages sont offerts en guise de « remerciements ».

Ils ne renoncent jamais et me contactent par de nombreux intermédiaires – en commençant par mes proches et en terminant par des parlementaires.

Les autorités kirghizes ont mis en doute la version des événements de M. Toktakunov. Le 2 juin, lors d'une réunion d'une commission parlementaire, chargée d'enquête sur l'assassinat d'Aierken Saimati, le GKNB a déclaré que « les journalistes recevaient de l'argent ». Sagyn Samidin Uulu, chef du comité d'enquête du GKNB, a affirmé que M. Saimati, avait payé 100 000 dollars à M. Toktakunov pour le matériel. Néanmoins, comme le rapporte Kloop.kg, ils n'ont pas présenté de documents confirmant la transaction.

Le journaliste kirghize Ali Toktakunov lors d'une mission de reportage. Photo d'Ali Toktakunov.

Le même jour, M. Toktakunov a fermement nié l'allégation du GKNB, déclarant qu'il avait effectivement reçu des centaines de documents originaux, mais « pas un sou » de M. Saimati. Il a également attiré l'attention sur le fait, que les autorités n'avaient encore pris aucune mesure judiciaire en relation avec les révélations. De son côté, Azattyk a déclaré à plusieurs reprises être disposé à coopérer avec les forces de l'ordre, même si les journalistes impliqués devraient répondre aux questions par vidéoconférence car ils se trouvaient tous à l'étranger.

De nombreux journalistes au Kirghizistan, seraient probablement d'accord avec les réflexions de  M. Toktakunov sur l'état actuel du journalisme dans le pays :

Задача журналистов обнародовать. Остальное – задача правоохранительных органов довести расследование до конца. Нет никаких понятных результатов…

Для меня лично то, что происходит в Кыргызстане – эмоционально тяжело, и обидно. У нас были две революции, где погибли люди. Сегодня мы входим в ряды самых бедных стран мира. Около миллиона наших граждан на заработках. До сегодняшнего дня те средства, которые были выведены из страны, в казну не возвращены. Сегодня, на фоне пандемии, когда наши люди отчаянно нуждаются в помощи, в бюджете нехватка средств. 

Свобода слова касается не только журналистов. Она касается каждого гражданина… То, что жизням многих моих коллег угрожали, угрожают и тот факт, что на это власти, правоохранительные органы, закрывают глаза – это тоже говорит об «уровне» свободы слова в стране.
Власть молчит.

La mission des journalistes est de rendre les choses publiques. Tout le reste, c'est-à-dire mener une enquête jusqu'au bout, relève des forces de l'ordre.Toutefois, nous n'observons aucun résultat compréhensible… 

Ce qui se passe au Kirghizistan est difficile pour moi émotionnellement et personnellement offensant. Nous avons connu deux révolutions lors lesquelles, des gens sont morts. Aujourd'hui, nous comptons parmi les pays les plus pauvres du monde. Environ un million de nos citoyens, travaillent à l'étranger. Et à l'heure actuelle, les fonds extraits du pays, ne sont toujours pas restitués au Trésor. Aujourd'hui, dans le contexte d'une pandémie, alors que notre peuple a désespérément besoin d'aide, le budget n'est tout simplement pas assez important.

La liberté d'expression n'est donc pas uniquement l'affaire des journalistes. Cela concerne tous les citoyens … Le fait que la vie de mes collègues soit menacée et le soit toujours, le fait que les autorités et les forces de l'ordre ferment les yeux parle du « niveau » de liberté de la presse dans le pays. Les autorités restent silencieuses.

Ce n'est donc pas pour rien, que Reporters sans frontières écrit dans son dernier rapport à propos du Kirghizistan [fr], que « les révélations sur la corruption peuvent encore être très dangereuses pour les journalistes et les médias indépendants , comme on l'a vu dans l'affaire Matraimov ».

Nous ne sommes pas des imposteurs

C'est dans ce contexte, que les craintes des journalistes et des militant⸱e⸱s de la société civile kirghize doivent aujourd'hui être comprises.

Aujourd'hui, tout ce qui manque pour faire adopter le projet de loi, c'est une signature du président kirghiz Sooronbai Jeenbekov. C'est la raison pour laquelle, des journalistes, des défenseur⸱e⸱s des droits de l'homme ainsi que des professionnel⸱le⸱s des médias, partagent désormais des messages sur les réseaux sociaux l'invitant à ne pas promulguer la loi, avec le hashtag # ЯНеФейк (en français : je ne suis pas un imposteur).

Журналисты, медиаорганизации, представители гражданского общества Кыргызстана начинают кампанию с призывом к Президенту КР не подписывать принятый парламентом скандальный законопроект «О манипулировании информацией».

Поддержите свободу слова в Кыргызстане! Repost and share!

#ПрезидентЗаСвободуСлова #ФейкМыйзамгаВето #НетЦензуреВКР

Les journalistes, les organisations de médias et les représentant⸱e⸱s de la société civile au Kirghizistan lancent une campagne appelant le président du Kirghizistan à ne pas signer le scandaleux projet de loi adopté par le Parlement concernant la « manipulation de l'information ».

Défendez la liberté d'expression au Kirghizistan ! Republiez et partagez !

#PrésidentPourLaLibertéd'Expression #VetoContreLaLoiSurLaManipulationdel'Information #NonALaCensureAuKirghizistan

— Elina Karakulova, Facebook, 26 juin 2020

Commentez

Merci de... S'identifier »

Règles de modération des commentaires

  • Tous les commentaires sont modérés. N'envoyez pas plus d'une fois votre commentaire. Il pourrait être pris pour un spam par notre anti-virus.
  • Traitez les autres avec respect. Les commentaires contenant des incitations à la haine, des obscénités et des attaques nominatives contre des personnes ne seront pas approuvés.