À Madagascar, anciens présidents et nouveaux hommes politiques se présentent à l’élection présidentielle du 9 novembre 2023. Au total, 13 candidats sont validés par la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) pour briguer la magistrature suprême.
Sur une population estimée à 30 millions habitants, plus de 11 millions d'électeurs iront aux urnes pour élire le nouveau président qui va diriger le pays pour un mandat de cinq ans. Le processus électoral se fait au suffrage universel.
Andry Rajoelina, président sortant, et patron de l'association Tanora malaGasy Vonona ( TGV) (“Jeunes Malgaches déterminés” en français) est dans la course pour un second mandat à la tête du pays. Toutefois sa candidature reste contestée à cause de sa nationalité française.
Pour en savoir plus, lisez: À Madagascar, la double nationalité d'Andry Rajoelina suscite une controverse à la veille de l’élection présidentielle.
L'ancien locataire du palais d'Iavoloha, la résidence officielle du président dans la banlieue sud d’Antananarivo, capitale du pays, fait face à une opposition composée d'autres ex-présidents comme lui, et de nouveaux candidats alors qu'aucune femme ne figure sur la liste des candidats.
Deux anciens présidents candidats: le rêve d'un retour au pouvoir
Parmi les 13 candidats en lice figurent deux anciens présidents. Il s'agit de Marc Ravalomanana et de Hery Rajaonarimampianina.
Marc Ravalomanana, président du parti politique Tiako I Madagasikara (“J'aime Madagascar” en français) a été président entre 2002 et 2009. Après un premier mandat, il est réélu le 3 décembre 2006 mais ne termine pas son second mandat, suite à une révolution populaire menée par Andry Rajoelina. En 2009, il est contraint à la démission. Il se représente en 2018 pour être candidat à l'élection présidentielle mais est battu par celui qui l'avait chassé du pouvoir.
Entre 2014 et 2018, Hery Rajaonarimampianina président du parti politique Hery Vaovao Hoan'i Madagasikara (“Force nouvelle pour Madagascar” en français), occupe le poste de président malgache. Durant sa présidence à la tête du pays, Hery est souvent critiqué et jugé incompétent par la population. Il a été l'objet de nombreuses contestations et plusieurs procédures de destitutions ont été lancées à son encontre. Malgré cela, il se maintenait à la tête du pays jusqu'à l'élection présidentielle de 2018, à laquelle il se présente mais est éliminé au premier tour.
Bien avant que le dépôt à candidature ne soit officiellement lancé pour l'élection présidentielle de 2023, les deux anciens présidents entament en décembre 2022 des tractations pour former un front commun contre Andry Rajoelina. Le média Africa Intelligence l'avait évoqué sur son compte X (ex-twitter):
📣#Madagascar | Les deux anciens chefs d'Etat Marc Ravalomanana et Hery Rajaonarimampianina ont entamé depuis juillet des négociations en vue d'une alliance pour l'élection de 2023 contre le président actuel @SE_Rajoelina. https://t.co/AqXtlsRrj3
— Africa Intelligence (@Africa_In_FR) December 13, 2022
La vraie question est de savoir si la polémique autour de la nationalité du président sortant peut consolider les liens de ces deux présidents avec les neuf autre candidats pour un collectif anti-Rajoelina.
En effet, le collectif des 11 candidats mobilisés contre Andry Rajoelina est un rassemblement de tous les candidats, à l'exception d'un, ayant le même objectif: celui d'empêcher Rajoelina d'aller à l'élection.
De nombreux candidats, parfois peu connus
En dehors des anciens présidents, de grands noms de la politique malgache se présentent aussi.
Ainsi, il y a Hajo Andrianainarivelo du parti Malagasy Miara Miainga (MMM, (“Malgaches ensemble pour le développement” en français)). Candidat malheureux à l'élection présidentielle de 2013, Hajo très proche de Rajoelina: il a été plusieurs fois ministre sous ce dernier durant la transition (2009-2013) et durant le mandat 2018-2023. Mais il se détache du clan Rajoelina et annonce sa candidature pour l'élection 2023.
Roland Ratsiraka, responsable du parti politique Malagasy Tonga Saina (“Malgaches Conscients “en français), est également très proche du président sortant. Ancien maire, député puis ministre sous Rajoelina, Roland fut aussi candidat malheureux aux élections présidentielles de 2006, 2013 et 2018. Il est le neveu de Feu Didier Ratsiraka, ancien président malgache (1975-1993 et 1997-2002).
Ancien sportif, plusieurs fois champion de Madagascar et président de l’Union africaine de judo, Siteny Thierry Randrianasoloniaiko a été proche de Hery Rajaonarimampianina lorsqu'il était député en 2013 avec le parti HVM de Hery. En 2018, il change de couleur politique et fait du collectif Nous tous, ensemble avec Andry Rajoelina avec lequel il devint député. Il est candidat à cette élection sous la bannière du Parti-social démocrate malgache. Siteny est aussi proche de Vladimir Poutine.
Député d’Ikongo, commune située à l'ouest du pays, et vice-président de l'Assemblée nationale sous le collectif de soutien à Andry Rajoelina, Jean Brunelle Razafintsiandroafa se présente aussi à l'élection présidentielle sous les couleurs du parti Antoko Politika Madio (“Parti politique pur”en français).
Auguste Paraina, patron du parti politique Tsara Tahafina (“C'est bien d'imiter” en français) qu'il a récemment lancé, est un doyen de la politique malgache. Il a été longtemps député mais aussi ministre sous d'anciens présidents comme Albert Zafy (1993-1996) et Didier Ratsiraka (1997-2002) et a servi récemment comme ambassadeur de Madagascar au Sénégal.
Ancien allié de Marc Ravalomanana pour lequel il a été directeur de campagne, Tahina Razafinjoelina s'est détaché de son ancien chef et se présente avec son parti politique Firaisankinan'ny Tia Tanindrazana (FTT, “Unité des patriotes” en français).
Des nouveaux venus dans l'arène politique malgache tentent également leur chance. Ils sont moins connus mais pourraient jouer un rôle prépondérant au second tour. Jean-Jacques Jedidia Ratsietison est candidat avec le parti politique Fahefa Mividy no Ilain'ny Malagasy (FMI-Ma, Les malgaches ont besoin du pouvoir d'achat en français) ; Lalaina Harilanto Ratsirahonana, fils de Norbert Lala Ratsirahonana, ancien président par intérim (1996-1997) est candidat sous la bannière du parti politique An'i Kristy Fiahavanantsika (“Christ notre paix “en français).
Andry Tsiverizo Raobelina Andriamalala, leader du parti Anjomara Sy Rivo-Baovao (ARB, Une nouvelle ère pour Madagascar) fait également parti des inconnus de la politique malgache dans le cadre de cette élection présidentielle.
Sendrison Daniela Raderanirina entrepreneur et leader du parti politique Fandrosoa faritsy iaby ho an'i Madagasikara (Fy-M, “Développement de toutes les régions” en français) fait aussi son entrée dans la politique. Il est le seul candidat à l'élection qui ne fait pas parti du collectif des 11 candidats mobilisés contre Andry Rajoelina.
Même si la majorité des candidats semblent partager un point commun: empêcher Andry Rajoelina de briguer un second mandat, la bataille risque d'être rude entre ces différents hommes politiques. A cela s'ajoutent des manifestations interdites qui laissent prévoir des semaines tendues avant l'échéance du 9 novembre.