Les partis de l'opposition ont organisé une manifestation ce mercredi 23 février pour réclamer le départ du président Paul Biya. Celui-ci, qui est candidat à sa propre succession aux élections qui auront lieu en fin d'année, est au pouvoir depuis 28 ans. La brigade spéciale d'intervention de Paul Biya a écrasé les manifestants de manière violente [liens en anglais].
La candidate à la Présidentielle, Kah Walla fait un signe de victoire alors que la Police l'asperge au canon à eau :
Ecrivant sur ces manifestations, Eliza Anyangwe s'étonne du fait que les manifestations qui se produisent en Afrique subsaharienne, ne mobilisent pas l'attention des médias:
Il y a de la révolte dans l'air. Et dans les rues d'Egypte, de Lybie, du Yémen…
Mais quand il s'agit de l'Afrique subsaharienne, on n'en parle presque pas. On dirait que les régimes autoritaires du continent ne dérangent personne, jusqu'à ce que la violence se répande jusque sur les escaliers en marbre des ambassades étrangères, ou que la communauté internationale ait honte de son inaction face aux cris de ralliement et aux sacrifices des masses pour l'instauration de la démocratie. Pour le changement.
Le Cameroun a entamé ce voyage, hier, 23 février. Il s'agissait plus d'un murmure que d'un cri : un groupe de quelques centaines de personnes demandant pacifiquement la fin du règne de 28 années de Paul Biya. Ce groupe a été accueilli par des militaires en tenue anti-émeute, alors qu'ils marchaient dans les rues de Douala, capitale économique délabrée du Cameroun, qui ont commencé par asperger en premier, le leader du groupe, la candidate à l'élection présidentielle Kah Walla, avec des canons à eau, et lorsqu'ils sont montés trempés dans le camion militaire ils ont été frappés à coups de matraques.
Brutalité policère en direct !:
Up Station Mountain Club rapporte que des membres du mouvement Cameroon Ô'Bosso sont détenus en ce moment:
6 membres de Cameroon Ô'Bosso, sont illégalement détenus depuis ces deux derniers jours.
Dinamou Moise
Dorksidi Raphael
Ekwa Essi Franck
Dadina Bazai
Njengoue Kameni Joseph
MbondoDavid Were était membre de l'équipe organisatrice de la manifestation à Douala, ce mercredi 23 février. Les gendarmes les ont saisis aux environ de 8h du matin, avant le début effectif des manifestations. Les gendarmes ont arrêtés nos collègues et saisi 200 T-shirts et les 200 sachets d'eau qu'ils portaient, dans l'intention de les distribuer aux autres manifestants.
Toutefois, un lecteur affirme qu'ils auraient été libérés:
On dirait qu'ils ont été libérés. Ce groupe subit le même sort que la SCNC a connu. Ils ont besoin de s'entretenir avec la SCNC, afin de mettre au point une stratégie. çà se passe ainsi:
Des manifestations publiques annoncées par le groupe de pression
Grand Show des forces de l'ordre en vue d'intimider/dissuader les populations de rejoindre le mouvementLa manifestation pacifique démarre à peine
(La police ) bat sur les manifestations, encore une fois en vue d'intimider la population, mais celà n'étant pas assez, elle frappe plus fortement en vue de causer des blessures mortelles
Le public regarde, apeuré. Si la bastonnade n'était pas au menu, il se joindrait sûrement aux manifestations
Détention / Arrestation des membres du groupe
Libération des membres du groupe, avant que l'indignation de la communauté internationale ne fasse écho
Après un moment de répit, le cycle se remet en marche
Brutalisation des manifestants au Cameroun par The Chia Report:
Ce sont des scènes que la machine de propagande du gouvernement , la Cameroon Radio and Television (CRTV, la chaine nationale ) ne saurait diffuser. leur objectif est de montrer que le Cameroun n'est pas la Lybie, l'Egypte, la Tunisie ou Bahrein. Mais, ces images montrent bien que l'intolérance est la même; que le dictateur est comparable à Kadhafi et veut mourrir au pouvoir ; que la presse locale est sous pression et tenue de garder le silence, à défaut d'adhérer à la propagande du gouvernement.
Une vidéo montrant des policiers frappant des manifestants :
Finalement, lisez le journal d'une protestation :
Kah Walla, la candidate à la présidentielle pour le compte de Cameroon Ô’Bosso, qui a dirigé les manifestations pacifiques et qui a été brutalement réprimée par l'armée, a envoyé ce journal du déroulement des événements (avant, pendant et après) et parle des leçons apprises.
Aux environs de 12h45. Les forces de l'ordre se présentent. Une vraie armada. Près de 70 à 80 policiers, deux canons à eau et des boucliers anti-émeutes. Nous restons fermes, comme nous l'avions prévu au départ, assis, pour montrer que nous sommes non-violents. Ces garçons (et ces quelques filles) n'ont pas ce mot dans leur vocabulaire. Ils utilisent leurs matraques et commencent à frapper sérieusement certains de nos manifestants. A leur grande surprise, je m'avance pour leur demander d'arrêter. Les chefs réalisent alors qu'ils ont en face d'eux Kah Walla, “l'oiseau”, comme l'un d'entre eux m'a appelé. Pendant quelques minutes, ils ne savaient trop quoi faire de moi, et me voyant aller en avant et en arrière, ils décident alors de me faire monter dans un camion ou une simple voiture.