Samedi [28 janvier], après plusieurs manifestations des mouvements de la société civile et de l'opposition pour protester contre la politique du gouvernement du Fidesz-KDNP, les Hongrois soutenant le pouvoir ont voulu se faire entendre lors d'un rassemblement appelé Marche de la Paix.
Selon les données [en hongrois] du Ministère de l'Intérieur, quelque 400.000 personnes ont exprimé leur appui au gouvernement lors de cette manifestation pacifique – et joyeuse.
Ceux qui pensaient que le Fidesz-KDNP avait perdu la confiance des Hongrois, en se basant sur la couverture extensive par les médias étrangers [en anglais], des manifestations de l'opposition à Budapest, ont eu la surprise de constater cette fois que le gouvernement élu en 2010 à une majorité de deux tiers joussait toujours de l'appui du grand nombre. (Fidelitas, un mouvement de jeunesse dérivé du Fidesz, a mis en ligne des photos panoramiques à 360 degrés du défilé.)
Les manifestants ont défilé de la place des Héros à la place Kossuth en passant par le Parlement, où des orateurs ont parlé brièvement. Les principaux organisateurs de l'événement étaient Zsolt Bayer, auteur de tribunes dans le quotidien conservateur Magyar Hírlap, Gábor Széles, un riche entrepreneur et propriétaire du Magyar Hírlap, ainsi que András Bencsik, rédacteur en chef de Magyar Demokrata [en hongrois], également un quotidien conservateur hongrois.
Le blog orienté à droite Mandiner s'est montré récemment très critique envers le gouvernement, et au début, leur blogueur Dobray, présent à la Marche de la Paix, avait aussi des doutes sur la manifestation [en hongrois] :
[…] La marche s'est déroulée encore mieux que ce que je prévoyais : la foule de 400.000 (probablement moins, l'arithmétique des manifestations [la compétition pour le plus grand nombre de présents] a été lancée par Bencsik place Kossuth quand il a dit, en s'appuyant sur un reportage télévisé, qu'ils étaient 1 million, à l'évidence un chiffre ne correspondant pas à la réalité) a tenu la distance, et comme le programme ne comportait aucune autre option, ça n'a pas dégénéré. Le minimalisme puritain va de pair avec une part d'ennui notoire depuis les premiers rassemblements sans relief de la gauche. Il n'y a rien à redire à ça. Et s'il y a eu des groupes avec les drapeaus rayés d'Arpad [un emblème d'extrême droite], la belle affaire, nous avons l'habitude, ils sont inoffensifs. Nous nous inquiéterons de quelques manifestants à rayures Arpad dans une foule de plusieurs centaines de milliers de manifestants si la gauche expulse de ses rangs les camarades qui paradent en t-shirts URSS et Che. […]
Ce qui décrit le mieux la complexité de la situation en Hongrie, c'est que les partisans du gouvernement s'opposent aux pourparlers et futurs accords sur le sauvetage par l'U.E. et le FMI, tandis que l'opposition souhaite arriver aux accords le plus tôt possible, afin de renforcer l'économie chancelante de la Hongrie.
Les gens se sont mis en route de presque chaque agglomération du pays pour exprimer leur solidarité avec le gouvernement élu à une majorité des deux tiers, avec son chef Viktor Orbán et chacun de ceux qui ont été attaqués ces derniers jours. Les marcheurs défendent la souveraineté de la Hongrie et s'accrochent aux acquis de la démocratie, ils ne supportent pas que des politiciens, hommes d'affaires, banquiers étrangers veuillent administer leurs vies. […]
Véleményvezér relève [en hongrois] que la plupart des manifestants avaient un certain âge :
[…] il était extrêmement frappant que la plupart des marcheurs étaient âgés de 50 ans et plus. Ce sont eux à qui on n'a pas enlevé leur épargne de fonds de pension, presqu'aucun d'eux n'a de crédit en devise étrangère, et le gouvernement a essayé de particulièrement les protéger, par des mesures comme l'amélioration ponctuelle de 8 % des retraites ou la mise en oeuvre de la sécurité de l'emploi pour les seniors. […]
Dobrayévoque la rumeur qu'on aurait payé et acheminé les manifestants jusqu'au rassemblement, selon des accusations soulevées par l'opposition :
[…] Maintenant nous sommes à égalité, tout le monde a maintenant vraiment mis la politique dans la rue. Et c'est drôle qu'à n'importe quel type de manifestation la partie qui y est opposée essaie tous les moyens pour discréditer celle de l'autre, s'efforce de trouver ceux dont le voyage a été payé, et qui s'est fait avoir, etc. Chacun est généreux quand il s'agit de sa manifestation, mais devient mesquin et soupçonneux pour celle de l'autre. La pelouse du voisin est toujours mal arrosée. Je serais aussi content si la Marche de la Paix ne figurait pas parmi les arguments ultimes du gouvernement Fidesz destinés à mettre hors jeu toutes les idées de l'opposition. […]
Zoltán Ruzsbaczky du blog Mos Maiorum a publié un billet invité [en hongrois] sur le blog Konzervatórium, notant que la masse imposante de partisans du gouvernement pourrait signifier l'arrivée d'un nouveau stade de la démocratie en Hongrie, avec un grand nombre d'individus osant exprimer ouvertement leur opinion :
[…] Certes, cela suppose un gouvernement qui met en oeuvre cette confiance et navigue avec succès sur la mer tempêtueuse de la politique internationale et met avec sa politique économique la Hongrie sur la piste de la croissance. A côté de cela, on ne peut pas débrouiller ces masses qui continuent à s'opposern à la politique du gouvernement. Ce n'est que plus tard que nous connaîtrons les effets à long terme [de cette marche], [et même s'il y en aura].