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De nombreux citoyens allemands sont descendus dans la rue samedi 27 juillet pour manifester contre la société de surveillance. Ils considèrent que non seulement leur vie privée est mise en péril mais que leurs droits fondamentaux et la démocratie sont également menacés. Suite aux révélations d'Edward Snowden, la pression monte pour que le gouvernement allemand explique au public ce qu'il sait de la surveillance exercée par les services secrets américains et britanniques. Le Ministre de l'Intérieur Hans-Peter Friedrich a déclaré à ce propos que la sécurité passait avant les autres droits fondamentaux et s'est attiré le courroux général.
L'écrivain Juli Zeh, qui a publié avec d'autres personnalités une lettre ouverte dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung puis en ligne sur Change.org, a décrit le service secret américain de la NSA comme une bande de cambrioleurs dans un commentaire sur la chaîne de télévision publique ZDF. Le texte de cette intervention est disponible sur Netzpolitik.de:
Quand je pense à l'affaire de la NSA, je vois une maison qui vient d'être vidée par une bande de cambrioleurs. Les habitants sont à côté et ils regardent. La gestionnaire de l'immeuble est aussi à côté, à regarder. Elle appelle peut-être les cambrioleurs par la suite: “Nous exigeons des explications sans ménagements. Nous voulons savoir ce qui s'est passé là.” Et les cambrioleurs rappellent pour dire “Tout va bien.” avant de monter dans la voiture et de s'en aller.

On n'entend rien, on ne voit rien, on ne dit rien. Photos de la Chancelière Merkel, du Ministre de l'Intérieur Friedrich et du directeur de la chancellerie Pofalla lors d'une manifestation. (Source: utilisateur Flickr mw238 sous licence CC BY-SA 2.0)
Jakob Jochmann décrit ainsi l'effondrement de l'état de droit dans son article “La politique de la société parallèle“:
Le Ministre de l'Intérieur ayant officiellement postulé l'existence de “super droits fondamentaux” qui seraient au-dessus de la constitution, l'abolition du contrat social est désormais officielle. Quand le gouvernement capitule devant la réalité au lieu de la traiter politiquement, alors le Léviathan refuse d'accomplir les devoirs qui lui incombent.
Par ailleurs, ce problème n'est pas le fait du gouvernement. On peut parler à juste titre d'échec du système, car il n'y a pas de remède à cette classe politique qui s'est construite sur l'avènement de la post-démocratie. Cela ne donne au prétendu souverain, le peuple, aucune marge de maneuvre pour empêcher l'effondrement de l'état de droit. Ce ne sont pas seulement les alternatives politiques mais aussi le sens de l'urgence et la communication qui font défaut.
Plusieurs milliers de personnes sont descendues dans la rue samedi dans de nombreuses villes d'Allemagne. Elles ont exprimé leur désaccord avec le gouvernement mené par la Chancelière Merkel et avec les services secrets. Voici quelques témoignages issus des manifestations.
Quelques utilisateurs Twitter ont partagé, sous le mot-clic #StopWatchingUs (“arrêtez de nous surveiller”) des images des bannières qui expliquent leurs motivations pour participer à la manifestation :
„Wer nichts zu befürchten hat, muss Whistleblower nicht fürchten!“ #StopWatchingUs #Prism #BND #Freiburg pic.twitter.com/WPRlO2XtQi
— cbgreenwood (@cbgreenwood) July 27, 2013
“Qui n'a rien à craindre, ne devrait pas craindre le lanceur d'alerte !” (whistleblower)!
Früher mussten wir nur für ne 35 Stunden Woche demonstrieren. Heute geht es um die nackte Freiheit! #stopwatchingus
— Stefan Körner (@sekor) July 27, 2013
Avant, on n'avait que la semaine de 35h comme revendication. Aujourd'hui, il s'agit de la liberté tout court !
„Man darf nicht warten, bis Freiheitskampf Landesverrat genannt wird.“ (Erich Kästner) #StopWatchingUs #Freiburg pic.twitter.com/mR16t2zlT1
— cbgreenwood (@cbgreenwood) July 27, 2013
On ne peut pas se permettre d'attendre que le combat pour la liberté soit qualifié de haute trahison. (Erich Kästner)
Bester Spruch! :D #StopWatchingUs pic.twitter.com/KATh1UaqtQ
— Josh (@iJoshofficial) July 27, 2013
Le meilleur slogan!
[Sur la bannière: “Quelle amertume !!! En venir à descendre dans la rue avec le FDP (parti libéral allemand) !]
Demoteilnehmer, die Passanten zurufen: »Wir nehmen eure Grundrechte wahr!« <3 #stopwatchingus #leipzig #noprism
— Tim Weber (@scy) July 27, 2013
Les manifestants s'adressent aux passants: “On protège vos droits fondamentaux !”
La canicule estivale était aussi un thème de discussion sur Twitter:
#StopWatchingUs #Berlin #Pic pic.twitter.com/jH5vbJsXD3
— Johnny Haeusler (@spreeblick) July 27, 2013
Manif sous 36 degrés contre surveillance à 360 degrés
Auf zur Demo! #Freiheit statt #Freibad #StopWatchingUs
— Piet Berlik (@ZelloFan) July 27, 2013
A la manif ! La liberté, pas la piscine.
ACTA-Demo: -14°C PRISM-Demo: 39°C http://t.co/0ntSsGk87r #StopWatchingUs #Nürnberg
— Sugar Ray Banister (@srbanister) July 27, 2013
Manif contre ACTA: -14°C
Manif contre PRISM: 39°C
Et comme à chaque manifestation, la créativité des participants s'est exprimée :
I’m watching you. #StopWatchingUs #berlin pic.twitter.com/haooYpcn77
— Markus Winkler (@mw238) July 27, 2013
Je te surveille. (Parodie de Big Brother is watching you)