Les manifestations de masse prévues pour l'ouverture de l'Expo 2015 à Milan, que l'Italie se préparait depuis des années à accueillir, ont dégénéré quand des heurts entre policiers et certains manifestants ont éclaté le 1er mai au centre-ville.
Des récits indiquent que des manifestants du “black bloc” sont devenus violents et se sont mis à vandaliser, notamment autour de la gare centrale Cadorna. Les casseurs seraient, dit-on, associés aux mouvements radicaux anti-mondialisation de toute l'Europe. Les policiers en attirail anti-émeutes, qui étaient préparés aux violences, ont riposté en aspergeant les manifestants de gaz lacrymogène et en procédant à de nombreuses arrestations.
L'exposition durera six mois, et le gouvernement italien a consacré 1,3 milliards d'euros à la construction des pavillons et autres infrastructures pour un événement auquel participent 145 pays.
Pour les contestataires, l'Expo 2015 symbolise une corruption qui ne profite qu'aux entreprises participantes. Ils affirment que la foire n'aide pas l'Italie à surmonter sa crise financière. Au contraire, disent-ils, c'est un gaspillage d'argent qui aurait dû être dépensé pour la croissance économique et la création d'emplois.
Les violences tranchaient sur la journée précédente du 30 avril, qui avait vu des dizaines de milliers d'étudiants, de militants anti-austérité et anti-mondialisation et d'écologistes défiler pacifiquement contre l'Expo.
Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes sur les manifestants masqués, dont certans ont caillassé les agents, mis le feu à des poubelles et des voitures, et lancé des bombes fumigènes et des pétards dans quelques magasins.
Black bloc used smoke bombs to blind cops, then changed clothes, dropped gear and slipped into crowd. Genius. #noexpopic.twitter.com/2972qxCXXq
— Automnia (@Aut_Omnia) May 1, 2015
Les Black blocs ont utilisé des bombes fumigènes pour aveugler les flics, puis ont changé de vêtements, ont abandonné leur matériel et se sont fondus dans la foule. Génie.
L'Expo 2015 en chiffres
L'Exposition Universelle doit amener à l'Italie 20 millions de visiteurs jusqu'à sa fermeture en octobre. Neuf millions de tickets d'entrée ont déjà été vendus.
Le premier ministre italien Matteo Renzi anticipe un chiffre d'affaires généré de 10 milliards d'euros et la Chambre de Commerce de Milan annonce 191.000 emplois créés pour les Italiens pour les mois à venir. Des prédictions énergiquement contredites par les contestataires.
#autonomous#Housing struggle & #notav bloc moving from Piazza XXIV Maggio towards downtown #noexpo#expo2015pic.twitter.com/iXEzsSklGK
— Infoaut_English (@Infoaut_English) May 1, 2015
Bloc des luttes #autonomes#logement & #notav en marche de la place du 24 mai vers le centre-ville
Répression sécuritaire
Au début de la semaine, la police italienne a mené une série de perquisitions contre les groupuscules soupçonnés de planifier des manifestations violentes. Des pétards, battes de baseball et masques à gaz ont été saisis. Un ressortissant allemand a été appréhendé et 26 personnes, dont 16 Français, ont été placés sous enquête. La veille des violences, The Times of Italy a rapporté, citant des sources policières, qu’ “un groupe d'un millier d'anarchistes de toute l'Italie et l'Europe se sont rassemblés à Milan avant l'Expo”.
Des milliers de policiers italiens ont été déployés dans le centre-ville et la sécurité était renforcée.
Des Italiens étaient mécontents des violences qui se sont produites dans les rues, après des manifestations qui avaient commencé dans le calme :
#noexpo non è distruggendo negozi e macchine di incolpevoli cittadini che si fanno le proteste. E poi dovevate protestare prima
— Silvia Scardino (@AivlisSiska) May 1, 2015
Ce n'est pas en détruisant des magasins et des voitures de citoyens innocents qu'on manifeste. Et il aurait fallu manifester plus tôt
molti #noexpo2015 non sanno quello che dicono e fanno e non hanno niente a che fare con la libertà di opinione ed il diritto di protestare
— Fabrizia Emanuelli (@lucrezia68lvely) May 1, 2015
beaucoup des #noexpo2015 ne savent pas ce qu'ils disent et n'ont rien à faire de la liberté d'opinion et du droit à manifester
Le mouvement No Expo
La manifestation était la première d'une série prévue autour de l'Expo 2015, dont le thème, “Nourrir la planète, énergie pour la vie”, est critiqué par les mouvements écologistes, anti-capitalistes et anti-mondialisation.
Les contestataires défendent que le thème de l'Expo est ironique, puisque beaucoup de gens n'ont pas accès à la nourriture et à l'eau. Les manifestants s'opposent aussi à l'intégration à l'Expo de multi-nationales de l'alimentation comme Coca Cola, Nestlé et McDonald's.
Ils ajoutent que des milliers de personnes ont été exploitées en travaillant de longues heures dans les pavillons de l'exposition, sans être payées.
“No #expo2015, eat the rich” #noexpo2015pic.twitter.com/grcWaH9b5M
— Chiara Baldi (@ChiaraBaldi86) May 1, 2015
“Non à l'expo2015, mangez les riches”
Voici une vidéo des manifestations pacifiques de hier :
#Italy: Clashes in #Milan as leftist students rail against Expo Milano 2015 https://t.co/SuKkeWNLEI#NoEXPOpic.twitter.com/OK0Do28B50
— th anonymous (@ori_no_co) April 30, 2015
Italie : Heurts à Milan lors du défilé d'étudiants gauchistes contre l'Expo Milan 2015
Parlant d'une banderole tenue par un manifestant dans l'image ci-dessus, Andrea Petti en relève l'ironie :
“La città è degli studenti, non di Expo”. Ah si, la città degli studenti che manifestavano solo per non andare a scuola #noexpo
— Andrea Petti (@Petti1899) April 30, 2015
“La ville appartient aux étudiants, non à l'Expo”. Ah oui, aux étudiants qui manifestent seulement pour ne pas aller aux cours.
L'Italie et l'Expo
Milan se prépare à l'Expo depuis 2008, quand elle a gagné l'appel d'offres pour l'accueillir. La précédente s'est tenue à Shanghaï en 2010. L'événement fait partie d'une série d'expositions universelles remontant à 1851, chacune a lieu dans un pays différent, tous les cinq ans.
La réputation de l'exposition a déjà été ternie par l’arrestation pour corruption de plusieurs hauts-fonctionnaires.
La presse italienne a usé de titres comme “Les cinq journées de Milan”, en italien “Cinque giornate di Milano”, référence à un événement fondateur de 1848 au début de la première guerre de l'Unité italienne.
Qualcuno ancora non ha capito che non è il fine a giustificare i mezzi ma sono i mezzi che delegittimano il fine. #blackbloc #noexpo
— Pietro Vinti (@piellegivi) May 1, 2015
Quelqu'un n'a toujours compis que la fin ne justifie pas les moyens, ce sont les moyens qui déligitiment les fins.
Cette bataille pour l'Expo 2015 attise la curiosité d'autres :
comunque a me questi di #NoExpo mi hanno fatto solo diventare più curiosa riguardo all #Expo2015 … quasi quasi ci faccio un salto
— Emanuela B. (@billabi) May 1, 2015
Quand même, ces NoExpo m'ont seulement rendue plus curieuse sur l'Expo2015… J'irais presque faire un saut
All'Italia non serve #Expo ma maggiore impegno verso i cittadini più deboli che non hanno come amico qualche “politico per caso”. #noExpo
— Marta Pellizzi (@marta_pellizzi) 1 Mai 2015
L'Italie n'a pas besoin d'Expo, mais de plus d'engagement envers les citoyens plus démunis qui n'ont pas pour ami quelque “politicien par hasard”
L'Exposition a obtenu beaucoup de buzz sur les médias sociaux, avec de nombreux mots-dièses pour ou contre, tels #Noexpo , #Noexpo2015, et #Noexpomayday coïncidant avec la fête du Travail le 1er mai.
Pendant ce temps, les rassemblements anti-austérité se propageaient dans d'autres villes italiennes avec également des heurts entre policiers et manifestants.