[Billet d'origine publié en portugais le 19 septembre. Tous les liens sont en portugais, sauf mention contraire]
Les autorités capverdiennes ont décrété deux jours de deuil national en mémoire de l’ancien Président António Mascarenhas Monteiro, mort à 72 ans le 16 septembre dernier des suites d’une longue maladie. Mascarenhas Monteiro fut le premier chef d’Etat démocratiquement élu au Cap-Vert.
Dois dias de luto nacional pela morte de António Mascarenhas Monteiro https://t.co/FJy82LJndIpic.twitter.com/TK7dusNB37
— RFI Português (@RFI_Pt) September 16, 2016
Deux jours de deuil national pour à la mort d'António Mascarenhas Monteiro
Alors que se déroule actuellement la campagne électorale présidentielle, les trois candidats ont décidé de suspendre leurs activités pour rendre hommage à l’ancien chef d’Etat. La campagne électorale, qui verra l’élection d’un nouveau Président le 2 octobre prochain, a démarré le 15 septembre.
Jorge Carlos Fonseca, l’actuel Président de la République et candidat à sa succession, a publié sur sa page Facebook :
- Regressei mais cedo de Mindelo, pois mandei cancelar todas as acções de campanha eleitoral previstas (nomeadamente um comício hoje à noite em Monte Sossego), incluindo a edição de tempos de antena, por respeito à memória do Homem, do Democrata, do Estadista e do Amigo, António Mascarenhas Monteiro. – Regresso triste, consternado, verdadeiramente destroçado. Reitero as minhas mais sentidas condolências aos familiares.
- Je suis revenu plus tôt de Mindelo, car j’ai annulé toutes les actions prévues dans le cadre de la campagne électorale (notamment une manifestation ce soir à Monte Sossego), dont mon temps d’antenne à la télévision, en respect à la mémoire de l’homme, de la démocratie, de l’homme d’Etat et de l’ami, António Mascarenhas Monteiro. – Je suis triste, consterné, véritablement détruit. Je réitère mes sincères condoléances à sa famille.
Le directeur de campagne d’Albertino Graça, recteur de l’Université de Mindelo et candidat à la présidence, a publié une vidéo en mémoire de l’ex-chef d’Etat :
Por motivos de força maior relacionados com o falecimento do presidente António Mascarenhas Monteiro, enquanto director nacional da candidatura de Albertino Graça, declaro que decidimos suspender todas as actividades de campanha durante dois dias. É uma homenagem devida pelo legado do Presidente Mascarenhas Monteiro enquanto um referencial de estabilidade e de sentido de estado, que ficará na memória da democracia de Cabo Verde. Associamo-nos de forma solidária aos familiares e amigos do Presidente Mascarenhas Monteiro neste momento de profundo pesar e comoção nacional.
En raison du cas de force majeur lié au décès du président António Mascarenhas Monteiro, et en tant que directeur national de la candidature d’Albertino Graça, je déclare que nous avons décidé de suspendre toutes les activités de campagne pendant deux jours. C'est en hommage au Président Mascarenhas Monteiro, référence de stabilité et du sens de l’Etat, qui reste dans la mémoire de la démocratie du Cap-Vert. Associons-nous aux familles et amis du Président Mascarenhas Monteiro dans ce moment de profond chagrin et d’émotion nationale.
Le candidat Joaquim Monteiro, ancien combattant pour la liberté du Cap-Vert, a réagi de la manière suivante :
Joaquim Monteiro, que soube da notícia através da Rádio de Cabo Verde, disse que “Tony” Mascarenhas foi para ele um grande companheiro de luta e amigo e um grande Presidente para todos os cabo-verdianos.
Joaquim Monteiro, qui a appris la nouvelle par la Rádio du Cap-Vert, a affirmé que « Tony » Mascarenhas fut pour lui l’un des plus grands compagnons de lutte et un ami, et un grand Président pour tous les Capverdiens.
Les réactions suite à la mort de Mascarenhas Monteiro ont également émaillé Twitter. L’actuel Président du Brésil, Michel Temer, a ainsi tweeté :
Tomei conhecimento com pesar da morte de António Mascarenhas Monteiro, presidente de Cabo Verde entre 1991 e 2001.
— Michel Temer (@MichelTemer) September 17, 2016
J'ai appris avec chagrin la mort d'António Mascarenhas Monteiro, président du Cap-Vert entre 1991 et 2001.
Temer a été l’unique chef d’un pays lusophone à réagir au décès de Mascarenhas Monteiro sur les réseaux sociaux, jusqu’à la fermeture du compte.
Le rôle d’António Mascarenhas Monteiro dans la démocratie capverdienne
Mascarenhas Monteiro a été le premier Président élu, en février 1991, au suffrage direct, secret et universel dans un Cap-Vert indépendant et déjà multipartite. Jusqu’alors, et depuis la proclamation de l’indépendance du Portugal en 1975, le pays a été gouverné par un parti unique imposé par le Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGCV) – l’actuel PAICV [français]– fondé par Amílcar Cabral [français], Aristides Pereira et Luís Cabral en 1956.
Le multipartisme fit son apparition au Cap-Vert dans les années 1990. En février 1991, Mascarenhas Monteiro remporta les élections et arriva à la présidence avec le soutien du Mouvement pour la Démocratie (MpD) [français], nouvellement créé. Mascarenhas a ensuite dirigé la République du Cap-Vert jusqu’en 2001 :
Cinco anos depois, [em 1996], foi reeleito sem qualquer adversário, de novo com o apoio do MpD.
Cinq ans après, [en 1996], il fut réélu avec l’appui du MpD, sans véritable opposition.
António Mascarenhas Monteiro fut secrétaire général de l’Assemblée Nationale Populaire lors des premières années de l’indépendance du Cap-Vert. Diplômé en droit de l’Université Catholique de Belgique, il fut président du Tribunal Suprême de Justice dans les années 1980. En 2006, le secrétaire-général de l’ONU de l’époque, Kofi Annan [français], l’a nommé envoyé spécial au Timor-oriental. Monteiro a eu également un rôle « d’initiateur » dans la création de la CPLP – Communauté des Pays de Langue Portugaise, comme le rappela l’ancien premier ministre angolais Marcolino Moco.
La campagne pour les élections présidentielles a depuis repris ses droits. Dans ce pays insulaire qu’est le Cap-Vert, situé à 570 km du continent africain, il est considéré comme l’une des nations les plus démocratiques du monde, selon l’indice de démocratie [français] établi en 2012 par le journal The Economist.