La contestation sur la Réserve indienne de Standing Rock au Dakota du Nord, États-Unis, ont mobilisé des centaines de tribus amérindiennes et une vague de solidarité dans le monde. Les manifestations visent la construction du Dakota Access Pipeline, un projet de plusieurs milliards de dollars qui compte transporter près d’un demi-million de barils de pétrole par jour à travers le nord des États-Unis. L’oléoduc pourrait contaminer la rivière Missouri, une importante source d’eau pour la région. Il traverserait aussi un cimetière sioux important.
Bien que le gouvernement américain ait déclaré la semaine dernière qu’il n'autorisera pas la servitude — le droit de traverser ou d’utiliser la propriété d’une personne — sous le lac Oahe pour la construction du North Dakota Access Pipeline (NDAPL), la bataille n’est pas terminée. L’annonce a indiqué que des vérifications supplémentaires étaient nécessaires, et qu’une étude d'impacts environnementaux sera initiée. Les protestataires ont indiqué qu’ils comptent rester dans les camps qui entourent le côté nord de la réserve.
Les protestations de Standing Rock ont débuté en avril 2016, lorsque des membres de la tribu Sioux de Standing Rock ont installé un camp pour bloquer les travaux. Connus comme les «Protecteurs des Eaux» pour leur engagement à protéger la rivière Missouri de possibles contaminations par la construction de l’oléoduc, les activistes ont appliqué des tactiques pacifiques pour lutter contre la construction.
Cependant, durant les derniers mois leurs campements ont essuyé une riposte agressive des forces policières, avec l’usage de gaz lacrymogènes et de projectiles de caoutchouc contre les protestataires, sans oublier l'arrosage avec de l’eau sous des températures en dessous du point de congélation. Les forces policières ont aussi fait usage de techniques de surveillance variées dans le but d’identifier les individus qui participent aux protestations et ce qu’ils font précisément dans les camps.
Dans la vidéo ci-dessous, vous pouvez entendre des témoignages d’activistes indiens sur la ligne de front :
Solidarité à travers le monde
Sous les cris de guerre #NoDAPL et #WaterIsLife, des activistes ont suscité la solidarité ailleurs dans le monde. Celle-ci vient de groupes comme le mouvement Black Lives Matter et Code Pink aux États-Unis qui se dressent contre la violence et le racisme envers les Afro-Américains. Par ailleurs, cette solidarité provient aussi d’activistes du Moyen-Orient et des communautés autochtones de la Nouvelle-Zélande jusqu’à l’Amérique latine.
Un afflux d’appuis pour Standing Rock a grandi durant les derniers mois, avec des individus qui organisent des protestations de solidarité en Palestine au Maroc et dans des dizaines de villes dans le monde. Des observateurs des Nations Unies ont été affectés à Standing Rock pour surveiller les atteintes aux droits de la personne. Plusieurs autres, incluant des vétérans de l’armée américaine, ont visité les campements pour offrir leur support aux Protecteurs des Eaux.
En octobre, des sources locales ont indiqué que le département du shérif du comté de Morton suivait les protestataires qui signalaient leurs présences à Standing Rock sur Facebook. Ils voulaient ainsi suivre leurs déplacements. Cela a eu comme résultat des millions d’individus qui ont indiqué être à Standing Rock sur Facebook pour déjouer le stratagème de la police. Bien que le service de police ait nié avoir surveillé les individus qui ont identifié leurs positions sur Facebook, la réponse montre tout de même la vague de solidarité que les gens à travers le monde ont exprimée pour les protestataires.
Des activistes autochtones ailleurs dans le monde ont aussi montré leur appui pour Standing Rock. En octobre, des femmes mayas provenant du Guatemala se sont rendues à Standing Rock dans le but de bâtir de la solidarité au sein des autochtones qui se battent contre le racisme environnemental et en défense de leurs terres et territoires. La défense des terres et du peuple contre des menaces de destruction environnementales a une longue histoire au Guatemala, où la répression des mouvements autochtones et de leurs membres continue à ce jour.
Dans la vidéo du réseau de nouvelles d’Amérique latine Telesur ci-dessous, Juanita Lopez, du conseil Maya Mam s'adresse à la tribu Sioux de Standing Rock. Elle dit ceci :
Vous illuminez le chemin pour notre peuple. Et vous avez une responsabilité et un don énormes dans ce mouvement pour avoir uni autant de personnes. Restez forts. Soyez forts. Et vous avez des proches qui se lèvent avec vous partout dans le monde. Et même si ce n’est que pour un court moment, nous allons l’amener avec nous et il restera pour toujours dans nos mémoires et dans nos cœurs.
D’autres dirigeants importants de mouvements autochtones de l’Amérique latine ont visité Standing Rock, comme le Panaméen Cándido Mezúa Salazar, membre de l’Alliance Mésoaméricaine du Peuple et des Forêts.
Dans un entretien avec le quotidien espagnol El Pais, Salazar a évoqué l’importance de la solidarité autochtone, surtout en lien avec des enjeux de justice environnementale dans la région. « Des relations historiques existent entre les communautés autochtones du Nord, du Centre et du Sud, et nos peuples ont fait preuve de solidarité à plusieurs reprises », a dit Salazar.
Il a ajouté :
Nous avons combattu durant des années pour faire respecter nos liens avec nos terres et pour la reconnaissance de nos droits.