Classement mondial de la liberté de la presse : Taïwan en tête en Asie, Hong Kong perd quatre places

Image tirée du Classement 2017 de Reporters sans frontières.

Cet article de Kris Cheng a initialement été publié sur le site de Hong Kong Free Press le 26 avril 2017. Il est reproduit sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenus.

L’édition 2017 du Classement mondial de la liberté de la presse publié chaque année par l'organisation Reporters Sans Frontières (RSF) révèle que Hong Kong a chuté de quatre places.

Ce classement examine la situation de la liberté de la presse dans 180 pays et régions. Hong Kong occupe le 73e rang, tandis que la Chine demeure à la 176e place. Taïwan a gagné 6 places pour arriver en 45e position – le meilleur élève de la région asiatique.

Selon l’ONG, Hong Kong pourrait être en train d’expérimenter « le début de la fin d’ “un pays, deux systèmes” », un principe mis en place par la Chine afin de garantir l’autonomie de la ville.

Benjamin Ismaïl, le responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF, a déclaré que les exemples démontrant l’érosion de la liberté de la presse dans l'archipel hongkongais en 2016 ne manquaient pas. Il explique à Hong Kong Free Press :

Many free speech and human rights groups have condemned the broadcasting by several outlets of the forced confessions of Hong Kong booksellers arrested in China.

De nombreux groupes de défense de la liberté d’expression et des droits de l'homme ont condamné la diffusion par plusieurs médias des confessions forcées des libraires hongkongais arrêtés en Chine.

Selon lui, l’on a également pu observer des changements de ligne éditoriale au sein de médias tels que le journal anglophone South China Morning Post, racheté par le géant de l’Internet chinois Alibaba. Il ajoute :

Several Hong Kong citizens contacted us to inform us of censorship of their comments on the media’s website and the absence of [a] clear explanation.

De nombreux citoyens de Hong Kong nous ont fait part de la censure de leurs commentaires sur le site du journal sans qu’aucune explication claire ne soit donnée.

Il note également que les autorités ont limité l’accès de certains médias en ligne aux évènements et conférences de presse organisés par le gouvernement :

The fact that digital media, such as Hong Kong Free Press, are considered ‘2nd class media’ and face discrimination in terms of accreditation also shows the difficulties for independent journalists to work freely.

Le fait que des médias en ligne, tels que Hong Kong Free Press, soient considérés comme des « médias de seconde classe » et soient confrontés à de la discrimination en termes d’accréditation illustre également les difficultés que rencontrent les journalistes indépendants qui tentent de travailler en toute liberté.

Manifestation en faveur de la liberté de la presse, 2016. Photo: Hong Kong Free Press.

« L’autocensure est généralisée »

Pour établir son classement annuel, Reporters Sans Frontières compile des données récoltées grâce à un questionnaire s’adressant à des professionnels de médias, des avocats et des sociologues. Les thématiques abordées par le questionnaire sont le pluralisme, l’indépendance des médias, l’environnement et l’autocensure, le cadre légal, la transparence et la qualité des infrastructures soutenant la production de l’information.

L’ONG basée à Paris évoque des incidents au cours desquels certains journalistes hongkongais réputés pour leur ton critique, notamment ceux du tabloïd Apple Daily, ont été confrontés à des actes de violence perpétrés par « des sbires du Parti communiste chinois ».

Benjamin Ismaïl ajoute :

Self-censorship is also rampant, and the index is also a reflection of the perception of press freedom by local journalists […] A majority have expressed an increasing pressure which results in deliberate self-censorship.

L’autocensure est généralisée, et le classement reflète également la perception de la liberté de la presse par les journalistes locaux […] Une majorité d’entre eux ont déclaré ressentir une pression grandissante aboutissant à une autocensure délibérée.

Au début du mois d’avril, RSF a annoncé l’ouverture de son premier bureau asiatique à Taïwan, après avoir écarté Hong Kong au motif que la Chine posait une « menace trop importante » à la liberté de la presse.

Cédric Alviani, le directeur du bureau de Taipei, a déclaré que ce nouveau bureau permettrait de mieux soutenir la lutte de Hong Kong pour la liberté de la presse. Il explique cette décision à Hong Kong Free Press :

In Hong Kong, we might be under surveillance, we might have pressure on the staff. […] Nobody is 100 per cent safe… But for our central office that is covering seven countries… it wouldn’t be a safe choice to have chosen Hong Kong.

We think we can bring more support by not [being] directly exposed.

A Hong Kong, nous aurions pu être sous surveillance, faire l’objet de pressions. […] Personne ne peut être 100% en sécurité… Mais pour ce bureau central couvrant 7 pays, Hong Kong n’aurait pas été un choix sûr.

Nous pensons pouvoir fournir un soutien plus efficace en n'étant pas directement exposés.

Cédric Alviani précise également que la bonne note de Taïwan au sein du Classement 2017 n’est pas forcément imputable aux améliorations qu'a connu le pays récemment, mais plutôt au fait que le déclin mondial de la situation de la liberté de la presse a relativement épargné Taïwan.

Il souligne :

Taiwan also has problems of government officials trying to interfere with the work of the state-owned media […] Taiwan also has the problem of mainland China interfering more and more into the editorial line of some of the private [corporate] media.

Les autorités taïwanaises ont déjà interféré dans la ligne éditoriale des médias publics […] Taïwan souffre également de l’influence croissante de la Chine continentale sur la ligne éditoriale des médias privés.

Il salue néanmoins les « beaux » progrès de Taïwan en matière de liberté de la presse.

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