La violence politique continue à monter au Venezuela, sans réussir à stopper les manifestations

Illustration de Leonardo González. Reproduite avec autorisation.

[Billet d'origine publié en espagnol le 29 avril] Avec un nombre de victimes qui ne fait qu'augmenter et des manifestations sous diverses formes et en des lieux variés, la crise vénézuélienne continue à se développer et à créer des polémiques entre gouvernement et opposition. Les récits d'assassinats attribués tant à la Garde Nationale bolivarienne qu'aux groupes armés qui appuient le gouvernement ont débordé des réseaux sociaux et atteignent les médias internationaux.

De même, les signalements d'une violence d’État toujours plus intense emplissent les réseaux et les dénonciations de violations des droits humains s'assemblent grâce aux organisations non gouvernementales œuvrant à leur protection. Selon le rapport d'Amnesty International sur le Venezuela, les manifestants sont déférés devant des tribunaux militaires et accusés de crimes justifiant leur détention sans preuves :

Las autoridades venezolanas están utilizando el sistema de justicia de manera ilegal para incrementar la persecución y los castigos contra quienes piensan diferente [Acciones ilegales con el fin de reprimir] incluyen las detenciones sin órdenes judiciales por parte del Servicio Bolivariano de Inteligencia Nacional (SEBIN), el procesamiento de activistas pacíficos por delitos “contra la patria” y la imposición de medidas de prisión preventiva sin justificación y campañas difamatorias en medios de comunicación contra miembros de la oposición, entre otras medidas.

Les autorités vénézuéliennes utilisent le système judiciaire de façon illégale pour accroître la persécution et les peines contre ceux qui pensent autrement. [Les actions illégales à fins de répression] comprennent les détentions sans mandat de justice de la part du Service bolivarien de renseignement national (SEBIN), les procédures contre les activistes pour délits “contre la patrie”, l’imposition de mesures de prison préventive sans justification, et des campagnes de diffamation dans les médias contre les membres de l'opposition, entre autres mesures.

Chaque jour de nouveaux succès [des contestataires] emplissent l'actualité et de nouveaux symboles de protestation circulent sur les réseaux. Parmi les plus marquants et partagés, cette femme que les médias ont appelée María José pour protéger son identité, et qui s'est postée devant un blindé anti-émeutes de la Garde nationale bolivarienne.

Tout aussi remarquée, l'action de Hans Wuerich, arrivé nu à une manifestation, une Bible à la main et qui a ensuite montré sa peau trouée de chevrotines.

Certains médias cherchant à développer le narratif gouvernemental ont critiqué l'action de ce dernier et dénoncé sa méthode. Néanmoins, ces images continuent à relier des témoignages variés et à drainer davantage de formes de contestation à scénarios variés, comme le retrait de nouveaux groupes du Festival de Théâtre de Caracas, ou la protestation d'un nouveau collectif d'artistes avec la phrase “Ese pudo haber sido yo” [Ç'aurait pu être moi], qui a pour origine la vidéo de Yibram Saab Fornino, le fils du Défenseur du Peuple Tarek William Saab.

Dans cette vidéo, Saab Fornino demande à son père, en une sorte de lettre ouverte, d'intervenir contre la violente répression des manifestations, et met en relief le cas de Juan Pernalete, mort après avoir été touché à la poitrine par une grenade lacrymogène lancée à bout portant par un policier :

Condenó la brutal represión por parte de los cuerpos de seguridad de la nación de la cual fui víctima el día de hoy, como [también lo fue] el joven Juan Pablo Pernalete, de 20 años de edad, estudiante universitario a quien le quitaron la vida debido al terrible e inhumano uso los gases lacrimógenos, luego de que sufriera un impacto en el pecho. Ese pude haber sido yo.

Je condamne la répression brutale de la nation par les corps de sécurité, dont j'ai été victime aujourd'hui, comme [l'a été aussi] le jeune Juan Pablo Pernalete, 20 ans, étudiant dont la vie a été ôtée par l'horrible et inhumain usage des gaz lacrymogènes, après avoir été touché à la poitrine. Ç'aurait pu être moi.

D'autres images à fort impact et très diffusées, celle d'un jeune jouant d'un cuatro [instrument traditionnel vénézuélien] et la campagne en ligne #AdoptaUnCivil [Adopte un Civil] qui partage le nom et l'action de civils pour souligner leur participation à la vie politique et civique vénézuélienne, s'inscrivant en faux contre le récit traditionnel de l'histoire politique nationale selon ce sont les militaires qui occupent l'essentiel de l'espace :

Putain cette idée me plaît #adopteuncivil

#AdopteUnCivil José Ignacio Cabrujas. De sa fine plume est sortie une des descriptions les plus exactes de la vénézuélanité.

Le scénario vénézuélien reste en marche, malgré les incertitudes. Un pas en avant dans l'isolement international est l'annonce que le Venezuela va se retirer de l'Organisation des États américains.

L'énergie avec laquelle les forces de l'ordre s'en prennent aux protestataires, comme les narratifs antagonistes du gouvernement et de ses opposants, ne laissent aucun doute sur la crise centrale dans la vie des Vénézuéliens : elle n'aura d'issue ni simple ni immédiate.

Pour plus d'articles sur la situation au Venezuela et les précédents épisodes, voir notre dossier (en espagnol ; et en anglais)

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