La Commission nationale de la diffusion et des télécommunications (NBTC) a suspendu pendant un mois la licence d'une chaîne de télévision qui critiquait les politiques du gouvernement militaire.
Signée le 9 août 2017, l'ordonnance de la NBTC prendra effet une fois que la lettre sera remise à Peace TV.
Peace TV est affiliée au Front national uni pour la démocratie et contre la dictature, un groupe également connu sous le nom de « chemises rouges » [fr] dont les dirigeants les plus en vue sont des sympathisants de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra. Certaines « chemises rouges » sont également des détracteurs connus de la loi de lèse-majesté, que le gouvernement utilise pour poursuivre les activistes et les politiciens anti-juntes.
L'armée thaïlandaise a saisi le pouvoir en 2014 et est restée au pouvoir grâce à une constitution qu'elle a rédigée. Elle a promis de rétablir le régime civil une fois que les réformes politiques et électorales auront été mises en œuvre. Depuis 2014, la junte a réglementé strictement les médias et arrête les internautes accusés d'avoir diffamé les autorités.
La NBTC a déclaré que Peace TV a violé la loi en diffusant deux programmes en juillet qui portaient atteinte à la monarchie constitutionnelle, la sécurité nationale et la « bonne moralité ». Cependant, les parties des programmes ayant potentiellement incité le public à s'opposer au gouvernement n'ont pas été précisées.
C'est la troisième fois que Peace TV est suspendue par la NBTC. La chaîne avait déjà été suspendue en avril 2015 et en juillet 2016 pour avoir prétendument menacé la sécurité nationale.
Certains croient que Peace TV a été suspendue parce qu'elle a osé appeler l'ancien chef de l'armée et actuel Premier ministre, Prayut Chan-o-cha, un dictateur :
#Thailand authorities slap @peacetvnews with 30-day ban for calling #junta leader Gen Prayut “dictator”. #censorship pic.twitter.com/32RaKf8wDy
— Sunai (@sunaibkk) August 10, 2017
Thaïlande : les autorités claquent une interdiction de 30 jours sur @peacetvnews pour avoir appelé le chef de la junte Général Prayut, un « dictateur ».
Le Southeast Asian Press Alliance a interroge la décision sévère de la NBTC, car elle affectera tous les programmes et tous les employés de la chaîne :
We see the suspension order as too severe, given that the NBTC has identified specific programming on specific dates that it deemed violating Thailand broadcasting laws. The order punishes the entire station including all programs regardless of content, and all personnel regardless of role.
Nous considérons l'ordre de suspension trop sévère, étant donné que la NBTC a identifié des programmes sur des dates spécifiques qu'il considérait comme violant les lois de diffusion en Thaïlande. L'interdiction punit toute la chaîne, y compris tous les programmes indépendamment de leur contenu, et tout le personnel quel que soit son rôle.
Le groupe a également prévenu que l'ordonnance de la NBTC mènera à une réduction supplémentaire de la liberté de la presse en Thaïlande :
Such broad and sweeping powers, especially under a regular law must be used with restraint and proportionality, considering that it can set precedents to be used to potentially infringe on freedom of the press and the public’s right to know and hear all sides of the political discourse in Thai society.
Des pouvoirs aussi vastes et radicaux, en particulier dans le cadre d'une loi régulière, doivent être utilisés avec retenue et proportionnalité, car ils peuvent créer des précédents qui peuvent être utilisés pour potentiellement enfreindre la liberté de la presse et le droit du public de connaître et entendre tous les aspects du discours politique dans la société thaïlandaise.
Les responsables de Peace TV ont insisté que les épisodes des programmes cités par la NBTC n'incitent pas le public à se rebeller contre la junte. Ils ont ajouté que pendant la suspension, les émissions de Peace TV seront toujours diffusées via Facebook Live.
Ils ont également remis en cause le calendrier de la suspension, qui a coïncidé avec l'audition de corruption du 25 août du Premier ministre expulsé Yingluck Shinawatra. Le Premier ministre Prayut a cependant nié que le réseau de télévision ait été suspendu pour faire taire les médias soutenants les « chemises rouges » pendant le procès de Yingluck. Il a affirmé que si telle était l'intention du gouvernement, tous les réseaux de médias devraient être suspendus par la NBTC.