Global Voices a récemment conclu un partenariat avec la Fondation Covela et l'Organisation des États des Caraïbes orientales (OECO) afin de suivre pour l'initiative Caribbean Voice les histoires d'espoir et de résilience sur les médias citoyens après la saison des ouragans provenant de l'Atlantique qui a dévasté plusieurs îles le long de l'archipel des Caraïbes.
Dans le cadre de ce projet, nous avons demandé aux utilisateurs de médias sociaux de toute la région de décrire leurs expériences lorsqu'ils entreprennent des efforts de reconstruction. Alors que les catastrophes naturelles font régulièrement les manchettes, il y a aussi des histoires à raconter dans le processus de rétablissement – des histoires inspirantes de force, de détermination et de gentillesse.
L'un des récits qui a récemment attiré notre attention vient du groupe Facebook Embrace Dominica. Il s'agit plus précisément d'une page basée sur le tourisme et le voyage, et qui a joué un rôle de défenseur de l'environnement naturel de l'île après les dévastations causées par l'ouragan Maria.
Au cours des derniers mois, la page a partagé des vidéos sur la façon dont les secteurs privé et public ont «travaillé sans relâche pour assurer un sentiment de normalité à travers l'île», avec entre autres un article sur une entreprise qui a promis de reconstruire sept écoles primaires et des centaines de maisons.
La page a également salué le soutien que la Dominique a reçu de ses voisines des Caraïbes, et affiche par intermittence des photos de “scènes de reconstruction”, y compris celles de la faune qui a été sauvée.
Mais l'un des téléchargements les plus émouvants sur Embrace Dominica est un film timelapse de Yuri A. Jones, qui a été tourné entre les mois d'avril (pré-ouragan, quand les images montrent la splendeur naturelle de l'île) et septembre 2017 (après le passage de l'ouragan Maria).
Le cinéaste a raconté sur son blog le processus de production :
Je voulais montrer différentes formes de nature en Dominique, comme les rivières, les montagnes et les plages […] Je voulais aussi mettre en vedette la Voie Lactée et ainsi j'ai réutilisé les images de Grand Baie et pris quelques nouvelles séquences sur le tennis en dur de Lindo Park. (2:30) et au lac Freshwater.
Mais, c'est alors que sont venus les ouragans – Irma et Maria. Jones continue :
La Dominique a été épargnée par l'ouragan Irma, mais nous avons néanmoins ressenti ses effets sous la forme de fortes rafales de vent et d'eaux anormalement agitées. J'ai pu capter ces effets succinctement en deux séquences.
La première a été captée à partir du Morne surplombant la capitale (0:54). Les branches à droite sur la photo donnent une idée de la force du vent. La seconde séquence était sur le Bayfront, près de l'hôtel Fort Young (1:33). Si je n'avais pas su, j'aurais dit que c'était des images du tempétueux océan Atlantique, plutôt que de la mer des Caraïbes habituellement calme.
Nous n'avons pas eu autant de chance avec l'ouragan Maria. La tempête nous a frappés lorsque c'était un ouragan de catégorie 5 le lundi 18 septembre, avec des vents de plus de 165 km/h, avançant à 9 km/h. Cette lenteur couplée à des vents violents et à des pluies torrentielles a complètement dévasté la Dominique.
Personne n'a été épargné ! Même les mieux préparés ont été pris au dépourvu.
La tempête a frappé la nuit et j'ai été incapable de capturer des images de son passage ravageur. C'est probablement une bonne chose, car je suis sûr que si la tempête avait frappé pendant la journée, beaucoup de gens auraient été tentés de s'aventurer dehors. Cela aurait provoqué de nombreuses blessures et très probablement, des décès.
Environ un tiers des images montrées dans Dominica On The Move proviennent d'avant ou après le passage de l'ouragan Maria. A partir de 01h56, on voit la différence drastique dans le paysage et comment il a changé après la tempête.
Il conclut :
Ce film est certainement l'une des réalisations majeures de mon parcours de photographe. Plus de 10 000 images et d'innombrables heures (sur le terrain et en post-production) ont été finement assemblées en une vidéo de 3 minutes de résolution 4K de qualité professionnelle.
Je planifie déjà de futurs films timelapse, afin de montrer la renaissance de nos paysages verdoyants et luxuriants.
La vidéo illustre bien la magnificence du paysage dominicain avant les tempêtes, rendant l'imagerie post-ouragan plus difficile à avaler. Les spectateurs comprennent soudain d'une manière beaucoup plus tangible ce que le pays a perdu et ce que ses habitants ont souffert.
Les efforts de reconstruction se poursuivent, avec le nettoyage de sites naturels précieux. Les services du tourisme du pays offrent même des «formules de volontourisme» pour quiconque voudrait aider aux efforts de rétablissement et de reconstruction après le passage de l'ouragan Maria.