Madagascar: qui sont les principaux candidats à l'élection présidentielle ?

Elections à Madagascar via infographie par Madatsara

[Cet article a été écrit par Andry R. Razafimbahoaka, auteur invité. L'article a ensuite été edité par Global Voices pour ajout de précisions et de contexte]

Les Malgaches devront se rendre aux urnes pour élire un président avant la prochaine saison humide, soit fin octobre 2018 au plus tard. Une décision prise par la Haute Cour constitutionnelle (HCC) afin de mettre fin à l’incertitude politique et la contestation populaire. Mais le passé des principaux candidats présidentiels n’est pas rassurant.

La Haute Cour Constitutionnelle (HCC) de Madagascar a décidé, le 28 avril, d’ordonner la formation d’un nouveau gouvernement de consensus. Celui-ci est entré en fonction le 12 juin et a pour mission de faire sortir le pays de la crise politique actuelle. Hery Rajaonarimampianina a nommé Christian Ntsay, un haut fonctionnaire de l’OIT, à la tête du gouvernement. Désormais, parmi les 30 ministres, une dizaine sont issus de l'opposition.

Le président Rajaonarimampianina sera contraint, deux mois avant la date du premier tour, de démissionner, comme le prévoit la Constitution malgache. S’il ne s’est pas encore déclaré, il y a de fortes chances pour que Hery Rajaonarimampianina soit candidat face à deux autres anciens présidents ayant tous les deux un passé plutôt controversé.

Madagascar, un pays secoué par les crises

« Douloureuses et constantes, les crises malgaches constituent un rappel permanent de l’instabilité de ce pays », souligne Andriamanambe Raoto, rédacteur en chef du magazine Politikà. Pour ce fin connaisseur de l’histoire de l’île, tous les cycles de croissance et développement ont été interrompus par les crises politiques successives.

A chaque fois que Madagascar a connu une ébauche de décollage, celle-ci s’est soldée au bout de quelques années par une crise politique majeure qui a remis en question la dynamique positive amorcée.

déplore-t-il.

Depuis le 21 avril 2018, des opposants au président Hery Rajaonarimampianina manifestent contre la nouvelle loi électorale qu’ils jugent défavorable à Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, deux anciens présidents et principaux candidats à la prochaine élection. En effet, l’article 6 interdit à toute personne condamnée pour un crime ou un délit de se présenter.

Mais la principale préoccupation de la population reste la pauvreté qui s’aggrave selon Mireille Razafindrakoto, directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Si Hery Rajaonarimamapianina a réussi à rétablir les aides de la communauté internationale, il n’est cependant pas parvenu à endiguer la crise. Faut-il, dès lors, lui confier un autre mandat ou jouer la carte de l’alternance ?

L'ancien président Marc Ravalomanana 

Après avoir dénoncé la fraude orchestrée par Didier Ratsiraka (président de 1975 à 1993, puis de 1997 à 2002), Marc Ravalomanana est devenu président en 2002 à l'issu du premier tour du scrutin et ce contre l’avis de la communauté internationale.

En 2008, contre l’avis d'une partie importante de la population, Marc Ravalomanana explore la possibilité de louer 1,3 million d’hectares de terre sur 90 ans à l’entreprise sud-coréenne Daewoo Logistics. En 2009,  le pays est aussi touché de plein fouet par la crise financière mondiale. Les mouvements de protestation dans la rue pendant plusieurs mois aboutissent  le 17 mars à sa démission et son exil en Afrique du Sud.

Andry Rajoelina, le « président de la transition »

Le même jour, l’armée remet le pouvoir à Andry Rajoelina, maire d’Antananarivo de 2007 à 2009. Mais il sera obligé de former un gouvrnement de coalition avec les partisans des anciens présidents qu'étaient Marc Ravalomanana, Didier Ratsiraka et Albert Zafy. Ayant reçu le pouvoir des militaires, Andry Rajoelina est sommé par la communauté internationale de quitter la présidence et d'organiser des élections, ce qu’il ne fera qu’en 2013. Pendant son mandat de 4 ans, la pauvreté a alors augmenté de façon alarmante avec une croissance économique nulle voire négative.

Rajoelina souhaite sans doute prendre sa revanche sur cette décision en se présentant aux élections cette année. Il faudra alors qu’il arrive à se distancier de Maminiaina Ravatomanga, un riche homme d’affaires malgache et ancien allié du président, aujourd’hui accusé de blanchiment en bande organisée et de fraudes fiscales.

Dans ce contexte, le prochain scrutin présidentiel risque d’être un nouvel épisode houleux de la vie politique malgache.

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