[Article d'origine publié le 15 juin 2018] Shujaat Bukhari, le rédacteur en chef du célèbre quotidien anglophone cachemiri Rising Kashmir, a été tué par balles à Srinagar, la capitale d'été du Jammu-et-Cachemire [État du Nord de l’Inde], provoquant des ondes de choc dans toute la région.
Sa voiture a été entourée par un groupe de terroristes présumés qui ont ouvert le feu sur lui et son personnel de sécurité. Deux gardes du corps sont morts à l'hôpital des suites de leurs blessures.
Un collègue de Bukhari a déclaré qu'il venait juste de sortir de son bureau après avoir terminé sa journée de travail et qu'il allait rompre son jeûne quand l'attaque a eu lieu.
(Attention : images explicites dans les tweets ci-dessous.)
Journalist Shujaat Bukhari Attacked near Press Colony in Sringar.
His PSO is also critically injured pic.twitter.com/g6AsFuudyr— Jyoti NS Pachnanda (@PachnandaJyoti) June 14, 2018
Le journaliste Shujaat Bukhari a été attaqué près de Press Colony à Sringar. Son garde du corps est également gravement blessé.
After the attack on Shujaat Bukhari It's clear indication that nobody is safe in kashmir. The incident took place in the heart of city Lal Chowk. Shujaat Bukhari was probably leaving from his office when he was shot dead by Terrorists. Whosoever did this must be his close aide.
— Ibne Sina (@Ibne_Sena) June 14, 2018
Après l'attentat contre Shujaat Bukhari, il est évident que personne n'est en sécurité au Cachemire. L'incident s'est déroulé au cœur de la ville sur Lal Chowk. Shujaat Bukhari quittait probablement son bureau lorsqu'il a été abattu par des terroristes. Celui qui a fait cela doit être parmi ses collaborateurs.
Not a single day passes without blood being spilled in #Kashmir. Go through Shujaat Bukhari’s work to know who must have been after his life. Everything is uncertain. One can be killed anywhere and anytime .
— Burhan Gilani (@Katar_Koshur) June 14, 2018
Pas un seul jour ne passe sans que du sang ne soit versé au Cachemire. Parcourez les écrits de Shujaat Bukhari pour déterminer qui a pu en avoir après sa vie. Tout est incertain. On peut être tué n'importe où et n'importe quand.
Bukhari était l'une des rares voix cachemiries modérées et courageusesqui défendaient le dialogue entre l'Inde et le Pakistan afin de résoudre le conflit du Cachemire.
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Les manifestations pour l'indépendance («azadi») et l'autonomie dans la vallée du Cachemire se poursuivent activement depuis 1989. Depuis lors, le Jammu-et-Cachemire est soumis à une présence militaire constante et à des lois telles que la loi sur les pouvoirs spéciaux des forces armées et la loi sur la sécurité publique, donnant aux forces armées de larges pouvoirs. Le gouvernement Indien a officiellement déclaré que tout le Jammu-et-Cachemire faisait partie intégrante de l'Inde.
Bukhari a travaillé pour plusieurs publications nationales et internationales de premier plan et a écrit des articles percutants, sans jamais hésiter à prendre une position impopulaire. Il a été correspondant spécial du journal The Hindu de 1997 à 2012 et a continué à écrire pour le magazine Frontline.
Le Press Club de l'Inde a exprimé son choc et sa consternation en tweetant cette déclaration :
The Editors Guild of India unequivocally condemns the assassination of Rising Kashmir Editor Shujaat Bukhari. This is a grave attack on press freedom and democratic voices. We will be issuing a more detailed statement soon
— Editors Guild of India (@IndEditorsGuild) June 14, 2018
“La Guilde des rédacteurs en chef de l'Inde condamne sans équivoque l'assassinat de Shujaat Bukhari, rédacteur en chef de Rising Kashmir. C'est une grave attaque contre la liberté de la presse et l'opinion démocratique. Nous publierons bientôt une déclaration plus détaillée.
Les condoléances se sont déversées à travers les réseaux sociaux.
Siddharth Varadarajan, rédacteur en chef du portail d'informations Wire, a tweeté :
Shujaat Bukhari and I were colleagues at The Hindu. He was a formidable reporter, and, as editor of Rising Kashmir, a powerful voice for the embattled media fraternity, a true voice of sanity and reason. No words of condemnation are enough for the scum who have assassinated him.
— Siddharth (@svaradarajan) June 14, 2018
Shujaat Bukhari et moi étions collègues au journal The Hindu. Il était un journaliste formidable et, en tant que rédacteur en chef de Rising Kashmir, une voix puissante pour la fraternité médiatique assiégée, une véritable voix de raison et de sagesse. Aucun mot de condamnation ne saurait être suffisant pour les ordures qui l'ont assassiné.
Marvi Sirmed, un membre du Conseil exécutif de la Commission des droits de l'homme du Pakistan (HRCP) et correspondant spécial pour le Daily Times Pakistan, a tweeté :
Shujaat Bukhari was a voice of reason in Kashmir. Brilliant journalist who pandered to no extremes. He did his job honorably till his last breath & paid the price of being upright. Objectively reported human rights violations at the hands of Indian forces & extremists in Kashmir.
— Marvi Sirmed मार्वि ماروی (@marvisirmed) June 14, 2018
Shujaat Bukhari était une voix de la raison au Cachemire. Un brillant journaliste qui n'a jamais flatté les extrêmes. Il a fait son travail honorablement jusqu'à son dernier souffle et a payé le prix de sa droiture. D’avoir objectivement rapporté les violations des droits de l'Homme par les forces et extrémistes indiens au Cachemire.
Ce n'était pas la première fois que Bukhari était visé. Le 8 juillet 1996, un groupe terroriste a enlevé 19 journalistes locaux dans le district d'Anantnag et les a gardés en otages pendant au moins sept heures. Bukhari était parmi ceux qui ont été enlevés. Il a également été placé sous protection policière après avoir été agressé en 2000.
La politicienne étudiante Shehla Rashid a tweeté :
Even in a senseless place like Kashmir, the assassination of Mr. Shujaat Bukhari doesn't make sense. Everyone in the state is asking one question: “Why would anyone want him dead?”
Except the govt which seems to have reached a conclusion
Appeal to @MehboobaMufti to ensure probe
— Shehla Rashid (@Shehla_Rashid) June 14, 2018
“Même dans un endroit insensé comme le Cachemire, l'assassinat de M. Shujaat Bukhari n'a pas de sens. Tout le monde dans ce pays se pose une seule question: “Pourquoi quelqu'un le voudrait-il mort?”.
Sauf le gouvernement qui semble avoir tiré une conclusion
Requête urgente faite à @MehboobaMufti pour mener les investigations.
Omar Abdullah, l’ancien ministre en chef du gouvernement du Jammu-et-Cachemire Indien a tweeté :
The show must go on. As Shujaat would have wanted it to. This is today’s @RisingKashmir issue. That Shujaat’s colleagues were able to bring out the paper in the face of insurmountable grief is a testament to their professionalism & the most fitting tribute to their late boss. pic.twitter.com/ADP70D4F1q
— Omar Abdullah (@OmarAbdullah) June 14, 2018
Il faut continuer. Comme Shujaat l'aurait voulu. C'est le numéro d'aujourd'hui de @RisingKashmir. Le fait que les collègues de Shujaat aient réussi à publier son article malgré leur chagrin insurmontable, est le témoignage de leur professionnalisme et l'hommage le plus approprié qu'ils pouvaient rendre à leur défunt patron.
Selon Reporters Sans Frontières, Shujaat Bukhari avait échappé à une tentative d'assassinat par des hommes armés en juin 2006. Shujaat Bukhari avait déclaré à Reporters Sans Frontières, “Il est pratiquement impossible de savoir qui sont nos ennemis et qui sont nos amis.”
Malgré cela, les armes n'avaient pas réussi à lui faire lâcher la plume.