Liban : “Nous sommes ici, nous sommes homos, nous sommes en ligne”

Bekhsoos [en anglais et en arabe] est un magazine en ligne “qui aborde les sujets relatifs à l'(homo)sexualité dans le monde arabe”. Fondé  par le groupe libanais Meem, un groupe de soutien aux femmes homosexuelles, bisexuelles, queers, transexuelles ou qui s'interrogent [sur leur sexualité ], la publication Bekhsoos a récemment été relancée et paraîtra toutes les semaines dorénavant.

“Bekhsoos” signifie “concernant…”, et fait référence au thème différent de chaque numéro. Au-delà des articles et des éditoriaux, Bekhsoos publie de la poésie, de la fiction, et des témoignages personnels sur l'identité homosexuelle et transsexuelle dans le monde arabe. Le magazine a aussi l'intention [en anglais, comme tous les liens suivants] de publier des enquêtes d'investigation.

Nadz, l'une des responsables, explique la réapparition du magazine en ligne :

Voici le nouveau Bekhsoos. Nous sommes de retour après presque une année d'absence (le dernier numéro a été publié en décembre 2008). Qu'est-ce qui a changé ? D'abord,nous avons décidé d'être hebdomadaire.  […] Bekhsoos.com a été lancé comme alternative à un “vrai” journal. Nous savions que selon toutes vraisemblances, nous ne pourrions pas assumer l'impression d'un magazine car nous aurions eu besoin de beaucoup d'argent pour obtenir une autorisation de publier, pour imprimer, et cela ne correspondait pas à la nature underground de Meem. A l'époque,(il y a exactement 2 ans ) Bekhsoos online était une alternative. Aujourd'hui, avec l'évolution du partage des informations, il est clair à mes yeux que la place de Bekhsoos est vraiment sur le Net. C'est là que les jeune  GLBT (gays, lesbiennes, bisexuels, transsexuels) au Liban recherchent des informations, des contacts et de l'aide.  C'est donc à nous de les leur donner l'information rapidement, avec exactitude et sérieux.

Nadz continue :

L'époque du “Whaou, un mouvement gay au Liban, c'est déjà impressionnant en soi-même” est révolue. Ce n'est plus impressionnant. Maintenant arrive le moment pour nous de nous engager au sein de notre propre société, de penser de façon analytique, d'avancer politiquement, de comprendre la vérité sur l'oppression, de créer, de rechercher, d'être pro-actives, d'écrire, d'écrire, d'écrire ! La communauté GLBT a toujours eu une présence forte en ligne, bien avant que les gens n'appelle ce [phénomène] “NTIC [Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication] pour le changement social ” et “réseaux sociaux en ligne”. C'est parce que nous n'avions pas d'autre choix. Alors, nous avons ouvert des sites et des forums de discussions sur mIRC. Ensuite, nous avons blogué. Ensuite, nous nous sommes révélées sur MySpace et avons lancé des groupes et des pages pour soutenir notre cause sur Facebook. Ensuite, nous avons ouvert un canal YouTube. Maintenant, nous sommes sur Twitter. Et vous savez quoi ?  Le monde bouge maintenant de notre côté du terrain de jeux. Et quand les médias passent en ligne, ils viennent du côté où nous nous tenons, fortes, nombreuses, et sans peur.  Ils viennent là où les jeunes générations sont. Et non, bien sûr, ce n'est pas le meilleur côté, parce que les générations plus vieilles en sont exclues, comme ceux qui ne peuvent se permettre la connexion à l'internet ou un ordinateur ; ma mère en est exclue. Mais ils sont en train d'y venir. L'Internet devient plus accessible, plus arabisant, plus diffus. Au Moyen-Orient, on recense  500 000 nouveaux utilisateurs d'Internet par mois. Cela fait 6 millions par an. Si la communauté queer est partout en ligne, alors, les utilisateurs d'Internet nous croiserons par hasard quelque part.  Ils sont susceptibles d'écouter ce que nous avons à dire.

Un article récent sur Bekhsoos était titré : “5 raisons pour lesquelles la santé des homosexuel(le)s est compromise au Liban”[en anglais] :

Les femmes lesbiennes ou bisexuelles sont privées du système de santé au Liban. Les barrières entre elles et les soins médicaux peuvent entrainer une moins bonne santé physique et mentale.  […] L'hétéro-sexisme et l'homophobie sont endémiques au Liban. Faire son “coming out” chez votre médecin, même si c'est très important, est un challenge.  […] Manque de formation des professionnels de santé sur les problèmes de santé spécifiques aux lesbiennes. L'absence de formation universitaire sur l'homosexualité dans les facs de médecine et durant l'internat conduit à un manque de compréhension alarmant des problèmes de santé spécifiques des homosexuel(le)s. Les idées fausses et les dogmes sur l'homosexualité sont légions au Liban. […] Certains médecins croient toujours que l'homosexualité est une maladie mentale, quinze ans après que l'Organisation Mondiale de la Santé l'ait retirée de sa liste des maladies mentales.

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