Nous avons déjà écrit au sujet du film controversé, Culpabilité et Impunité, réalisé par deux journalistes hongrois, qui ont interviewé l'ex-ministre de l'intérieur, Béla Biszku. Depuis la transition de 1989, il n'avait parlé à aucun journaliste, mais Fruzsina Skrabski et Tamás Novák, des journalistes-blogueurs du blog Mandiner (en hongrois), ont réussi à l'interviewer en lui disant qu'ils étaient de son village natal Márokpapi, et qu'ils préparaient un almanach des personnalités célèbres nées la-bas.
Le film que Skrabski et Novák ont qualifié de documentaire, a soulevé beaucoup de questions concernant les responsabilités des fonctionnaires communistes pour leurs actes et sur la manière de traiter l'histoire de la Hongrie d'avant 1989. La méthode adoptée par Skrabski et Novák pour réaliser le film a soulevé des questions sur l'éthique en matière de journalisme.
Alors que le débat public sur le film Culpabilité et Impunité continue, il apparaît que les gens sont intéressés à connaître les agissements de M. Biszku et voudraient qu'on lui demande des comptes sur son rôle dans l'organisation de le répression contre ceux qui avaient participé à la révolution de 1956.
Lundi, la chaine Duna de la TV publique a retransmis une interview de M. Béla Biszku (en hongrois). Avant de s'adresser à l'ancien ministre, la journaliste de Duna TV, Kata Apáti-Tóth, a souligné que “l'interview se faisait sur la base d'accords bien définis à l'avance”.
M. Béla Biszkua a répété les déclarations faites dans le film Culpabilité et Impunité : il a dit qu'il ne regrettait pas les actions et les décisions prises pendant qu'il était en fonction. Il considère encore la révolution de 1956 comme une contre-révolution et, selon lui, toute la détermination utilisée par le gouvernement d'alors était justifiée par la défense du système politique. Il a aussi dit à la journaliste qu'il serait prêt à aider tout groupe d'historiens qui effectueraient des recherches sur les mesures prises par le Parti socialiste ouvrier hongrois avant la transition.
Après la sortie de Culpabilité et Impunité, le parti d'extrême droite “Jobbik” a demandé (en hongrois) si M. Béla Biszku— qui vit dans un quartier huppé de Budapest (Rózsadomb)- recevait encore une pension généreuse de l'Etat pour le simple fait qu'il a été un dirigeant politique. M. Biszku a nié recevoir une pension de reconnaissance.
Kettős Mérce qui avait fait un commentaire sur le film sur M. Biszku, a aussi écrit un billet sur l'interview à Duna TV. Le texte, intitulé “Camarade Biszku en prime time” (en hongrois), a durement critiqué le fait que quiconque dont la culpabilité est évidente puisse s'expliquer sur un programme de la TV publique:
Heureusement, la Hongrie a changé, maintenant on peut tout faire. Maintenant, M. Béla Biszku, qui était ministre de l'intérieur dans l'ancienne république populaire de Hongrie, le “premier dans le parti”, le “gars dur” dans le comité central du parti socialiste des travailleurs, ce vieillard de 88 ans peut se présenter sur Duna TV pour expliquer ce que la dictature socialiste — qu'il a aussi contribué à faire fonctionner — signifiait pour lui […]. […]
Dans notre pays on peut tout faire. Quelqu'un de son genre peut proposer la mise en place d'une commission d'historiens pour faire la lumière sur ce qui est arrivé réellement, se comportant comme si tous les historiens hongrois ne faisaient pas exactement cela depuis 20 ans. Je dis, dans notre pays il est permis au camarade Biszku d'exprimer son opinion et admettre avec un visage lugubre que sa pension est de seulement 240 000 Forints [environ 858 €]. […]
La vérité dans tout ça c'est que : rien n'est à refaire. Le documentaire a été retransmis, M. Biszku est entré dans le studio de TV et n'a pas eu une seule minute le sentiment d'avoir tort. Certainement ils ont appelé un taxi pour lui, qui l'a ramené à la maison à Rózsadomb. […]
Je ne connais pas les raisons derrière cette production de la chaine Duna TV, mais une chose est sûre: nous ne pouvons pas qualifier de dialogue public la retransmission d'une interview enregistrée au préalable comme une “demi-heure de haine,” ensuite, séparée hermétiquement des interviews précédentes, nous exprimons notre horreur avec des professionnels pour un quart d'heure. A voir les proportions et le résultat, cette méthode est loin d'être juste.
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