Une voiture, un fusil, une brosse à dent, un vaisseau spatial, un oeil : ce ne sont que quelques-uns des symboles vus sur les affiches électorales ornant les rues d'Egypte à l'approche du jour du scrutin. Les symboles électoraux sont en usage dans de nombreux pays, comme le Liberia, le Soudan ou l'Inde, et George Iype a expliqué dans Rediff leur raison d'être en Inde [en anglais] :
Un des plus gros problèmes pour de nombreux électeurs en Inde, où une grande partie de la population est encore illettrée, est de pouvoir identifier les candidats de leur choix sur les bulletins de vote. La Commission Electorale a donc la tâche laborieuse d'assigner des symboles électoraux distincts à chaque parti et aux innombrables candidats indépendants.
En Egypte, l'utilisation des symboles électoraux remonte à 1956. A l'époque, 30 symboles suffisaient [en arabe] pour doter tous les candidats de chacune des circonscriptions électorales. Aujourd'hui, en revanche, selon “Al-Manzala Now”, près de 250 symboles sont nécessaires :
اللجنة العليا للانتخابات قامت بإضافة 100 رمز جديد الى الرموز السابق تحديدها ليصل بذلك تعداد الرموز التى تم توزيعها على القوائم الحزبية والائتلافات الانتخابية والمرشحين الفرديين الى 250 رمزا.
Quoi qu'il en soit, notre esprit aura tendance à établir un lien entre chaque candidat et son symbole, ou, selon les mots de Moritz ici [en anglais] :
Le problème évidemment, est que des symboles particuliers portent certaines valeurs et connotations, et donc peuvent conférer un avantage, comme d'avoir [le croissant de] lune comme symbole dans les pays à prédominance musulmane.
Eman AbdElRahman ironise sur les symboles dans sa circonscription [en arabe] :
بخلاف البيانو والخاتم وبوكيه الورد.. في دايرتنا مرشح رمز العود!.. طب اختار مين ولا مين كدة؟ الرموز احلى من بعض..
Vu les relations tendues des Egyptiens avec les militaires, et les incidents de manifestants écrasés par les blindés, Ahmad Gharbeia a trouvé que certains symboles étaient vraiment mal venus et n'auraient pas dû être acceptés par les candidats. Il tweete [en arabe] :
الحزب ال يختار رموز فاشلة زي مسدس و سيف و دبابة أكيد من خارج الثورة و التاريخ و مش لازم حد ينتخبهم
Par ailleurs, le mot fusée désigne en dialecte égyptien une bombe sexuelle, et s'il est utilisé par une actrice, les gens ne peuvent se retenir d'en faire des gorges chaudes.
Il y a aussi des candidats qui ont adapté leur affiche en cohérence avec leur symbole :

Bassem Sabry a publié une des affiches électorales, où le symbole du candidat est un nounours, il a donc décidé d'y ajuster son slogan : “Si mon style ne vous plaît pas déjà… rendez-moi mon nounours”
(via @al_sa3idi)
La photo ci-dessus, aussi étrange soit-elle, vaut toujours mieux que ce qui s'était passé en Inde autrefois, qui a conduit la Commission Electorale indienne à changer en conséquence le mandat des élections dans les années 1990 [en anglais].
L'instance a recouru aux animaux et oiseaux après des pétitions se plaignant de ce que des partis utilisaient des colombres et perroquets morts enfilés sur une corde lors de leurs campagnes.
Un autre candidat, au fait des symboles de pouvoir, a choisi de mettre le logo de Facebook à côté de son symbole électoral officiel. Tarek Shalaby s moque de lui [en arabe] :
Devant tous ces symboles bizarres et amusants, les usagers de Twitter ont commencé à s'interroger sur la façon dont ils sont retenus. Blue Tercowas se demande [en arabe] :
هو في جدول مثلاً لأختيار الرموز ولا كل واحد علي مزاجه؟
Haidy Aly a voulu adresser cette question à l'un des candidats, qui a demandé en mariage une actrice célèbre il y a quelques mois dans sa chronique de journal [en arabe] :
Précision de Al-Manzala Now, les symboles sont assignés aux candidats sur la base du premier servi, et un candidat peut demander à changer de symbole dans les 3 jours après son attribution, à condition qu'il ne soit pas utilisé par quelqu'un d'autre.
Laissons à Farid Salim le mot de la fin sur l'usage de symboles électoraux :