[Liens en anglais] A peine l'écho de la voix du ministre zambien des finances, Alexander Chikwanda s'était éteint après sa présentation du budget au parlement annonçant le gel des salaires des fonctionnaires pendant deux ans, que le site Zambia Watchdog déterrait un décret daté du 8 octobre 2013, augmentant le salaire du président Michael Sata en même temps que celui d'autres titulaires de fonctions constitutionnelles.
Il s'agit d'un décret que le gouvernement aurait souhaité enterrer parmi les documents que les citoyens ne doivent pas connaître car la colère qu'il a causée a conduit le président Sata à offrir de renoncer à son augmentation de 10 %, à condition que les députés de l'opposition fassent de même pour eux.
Rompant le silence sur l'augmentation du salaire présidentiel, Zambian Watchdog, qui a été bloqué par le gouvernement zambien, a indiqué:
Trois jours après avoir augmenté le salaire du Président Sata et de ses ministres, le ministre des finances Alexander Chikwanda a déclaré au parlement lors de sa présentation du budget 2014 qu'il y aurait un gel des salaires des fonctionnaires pour les deux prochaines années et qu'il n'y aurait pas de recrutement dans le secteur public […]. La dernière augmentation du salaire de M. Sata a été faite en plein milieu des grèves d'infirmières et de sages-femmes pour réclamer de meilleurs salaires.
La dernière augmentation de salaire du président Sata était la troisième depuis qu'il a pris ses fonctions en septembre 2011.
Le ministre du travail, Fackson Shamenda, un ancien chef du Congrès des syndicats zambiens, a justifié l'augmentation du salaire présidentiel en disant que le Président Sata était le chef d'Etat le moins bien payé dans la région de la Communauté des Etats d'Afrique australe (SADC), ajoutant que :
Les gens devraient être heureux que l'on améliore les conditions de vie des autres. Certes, dans le monde d'aujourd'hui nous devrions être fiers que notre président soit le moins bien payé dans la région.
M. George Chellah, le porte-parole du Président Sata a publié un communiqué, en ligne avec la déclaration de M. Shamenda, expliquant la procédure :
C'est lorsque la Commission du Règlement a déterminé le montant minimum que le ministre des Finances publie le décret correspondant […]. En fait, cette année, la Commission, qui comprend des membres de l'opposition au Parlement, s'est réunie et a proposé une augmentation de 10 % en tenant compte des ressources nationales et nonobstant le fait que les fonctionnaires du secteur public aient bénéficié d'augmentations allant de 0 à plus de 150 %.
Un autre ministre, Edgar Lungu, en charge des affaires intérieures, a communiqué la volonté du président de renoncer au minimum :
Le Président dit que c'est bien, mais nous avons parlé aux partis de l'opposition, l'UPND et le MMD, et ils disent qu'ils nous soutiennent et qu'ils pensent même que ce n'est pas assez. Demandez aux élus de l'opposition au parlement pourquoi ils critiquent cette augmentation alors qu'ils l'ont approuvée au sein de la Commission.
Au contraire, le site de Mywage a montré que le président Sata était en fait l'un des chefs d'Etat les mieux rémunérés selon Zambian Watchdog :
Selon une compilation par ‘My Wage’, le Président Sata, jusqu'à la semaine dernière [avant son augmentation de salaire] avait un salaire équivalent à 845.436,00 rands sud-africains par an, soit 3.382,00 rands par jour.
Dans un billet publié sur le site Zambian Watchdog, M. Michelo Hansungule, un professeur de droit zambien résident en Afrique du Sud, a demandé au président Sata d'annuler l'augmentation de son salaire :
Le président doit renoncer en annulant son augmentation de salaire et prendre ses responsabilités de leader plutôt que de renvoyer puérilement la balle à une commission du Parlement. Cela devrait être facile pour lui de le faire étant donné qu'il réfute sa responsabilité ainsi que celle de son entourage préférant l'attribuer à une commission du Parlement et en particulier aux membres de l'opposition dans ladite commission ; ce qui signifie à l'en croire que la décision n'émane pas de lui et que c'est quelqu'un d'autre qui est en train de mettre l'argent des contribuables sur son compte sans son consentement.
L'impression générale est que pour l'homme qui a passé dix ans dans l'opposition et probablement dépensé une fortune pour organiser le Front patriotique (PF), un parti qu'il a créé seul et dirigé comme un fief personnel, veut essayer de récupérer sa mise de toutes ces années.