Le 6 septembre, la Cour d'appel de Sétif, dans l'est de l'Algérie, a confirmé la condamnation du militant Slimane Bouhafs pour insulte à l'Islam et au prophète Mohamed sur Facebook, tout en réduisant sa peine de prison.
Il avait été condamné en première instance le 7 août à cinq ans d'emprisonnement et 100.000 dinars algériens (environ 800 euros) pour avoir “offensé le Prophète” et “dénigré la foi et les préceptes de l'Islam” en application de l'article 144 bis 2 du code pénal algérien. En appel, la cour d'appel de Sétif a maintenu sa condamnation, réduit sa peine de prison de cinq à trois ans et abandonné l'amende.
Bouhafs est un converti au christianisme qui milite avec la Coordination Saint-Augustin des chrétiens d'Algérie pour la défense des droits des minorités religieuses dans le pays, et publie régulièrement au sujet de la situation de la minorité chrétienne d'Algérie sur Facebook, son compte Google+ et son blog personnel. Selon Amnesty International, il est aussi un sympathisant du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), un mouvement indépendantiste kabyle.
Il avait été arrêté le 31 juillet, à la suite de publications sur Facebook en mai et juin 2016. Un des statuts qui auraient été cités à sa charge avait été publié le 21 juin. Bouhafs y partageait un dessin du magazine satirique français Charlie Hebdo montrant le Prophète Mohamed pleurant, assorti de ce commentaire :
Mohamed pleure car il a perdu d'avance en kabylie et encore dans toute l'algérie
son mensonge disparaîtra en algérie car la lumière de christ [est là] car [c]'est lui paix et la vérité le vrai chemin
Le lien vers le statut Facebook qui a valu à Bouhafs son emprisonnement actuel ne montre aucun dessin de Charlie Hebdo. Toutefois, ce même texte accompagné du dessin existe toujours sur son blog.
Amnesty International et Human Rights Watch ont tous deux dénoncé l'arrestation et la condamnation de Bouhafs. La Ligue algérienne des Droits de l'Homme (qui a missionné ses avocats pour défendre Bouhafs en appel) a condamné le verdict comme contraire à la constitution algérienne et aux principes des droits humains universels, et appelé les autorités à amender l'article 144 du code pénal qui criminalise les insultes à la religion et aux symboles de l'Etat. Le pouvoir algérien fait un usage répété de cet article pour faire taire ceux qui critiquent le gouvernement ou la religion. Le journaliste Mohamed Tamalt purge en ce moment une peine de deux ans de prison pour sa critique du président algérien Abdelaziz Bouteflika dans un poème publié sur Facebook.