Les élections législatives de ce mois-ci en Afghanistan ont rompu avec la convention internationale, le vote s'étirant sur deux weekends. Désormais, les Afghans veulent savoir si les leçons des trois journées de scrutin chaotiques aux quatre coins du pays seront apprises à temps pour la très angoissante élection présidentielle de l'année prochaine.
Kandahar was in the back of my head. & like always, the people of Afghanistan came out bravely and voted for peace, hope and stability. This is the ultimate tribute to General Raziq.
God Bless, Afghanistan!#Kandahar #AfghanistanElection2018 #Afghanistan pic.twitter.com/k0pfOXrCU0
— Madhuvanthi Srinivasan (@madhuvanti_s) October 27, 2018
Je gardais Kandahar à l'esprit. Et comme toujours, le peuple d'Afghanistan est venu courageusement et a voté pour la paix, l'espoir et la stabilité. C'est l'hommage suprême pour le Général Raziq.
Que Dieu bénisse l'Afghanistan !
Kandahar était l'antépénultième province à voter pour une élection qui aurait dû être se terminer trois années plus tôt.
Ce retard était causé par la terreur déclenchée par l'assassinat du général Abdul Raziq, dont la garde personnelle avait été infiltrée par les talibans.
Raziq était généralement décrit dans les médias comme un adversaire intransigeant du groupe militant et le meilleur espoir du gouvernement pour repousser les talibans des régions du sud où ils ont pris pied de manière assez inquiétante.
KANDAHAR- an elderly voter in Kandahar asked residents to cast their votes and elect young and educated candidates if they want a bright Afghanistan and a capable parliament. pic.twitter.com/VJzhDGB1z8
— TOLOnews (@TOLOnews) October 27, 2018
KANDAHAR – un électeur âgé demande aux habitants de voter pour des candidats jeunes et éduqués s'ils souhaitent un Afghanistan rayonnant et un parlement compétent.
Les élections dans leur ensemble auraient dû être terminées depuis trois ans, ce qui témoigne des extrêmes difficultés rencontrées dans le processus politique d'un pays qui, 17 ans après l'invasion américaine qui a renversé les talibans, demeure plongé dans la guerre.
Alors que les élections législatives étaient tenues dans 32 provinces les 20 et 21 octobre, à Kandahar le samedi 27 octobre, la province de Ghazni, déchirée par la guerre, n'a pas voté du tout et devra probablement attendre jusqu'à l'année prochaine pour envoyer de nouveaux représentants au Parlement.
Les lacunes logistiques se sont multipliées lors des trois jours du scrutin – les 21, 22 et 27 octobre – les bureaux de vote ont été ouverts tardivement et n'ont pas été capables de soutenir le flot d'électeurs.
Les équipements biométriques qui devaient faciliter le processus ont eu l'effet inverse dans de nombreuses régions, en raison de l'incompétence et d'une mauvaise gestion.
According to this inside report, many power banks of the biometric machines are missing since the election day and that a large number of the machines have not been returned. #AfghanistanElections2018 https://t.co/AIHO8lTE2a
— Ali Adili (@ali_adili) October 29, 2018
Selon ce rapport interne, il manque de nombreux chargeurs pour les machines biométriques depuis les élections et un grand nombre de ces machines n'a pas été restitué.
Irregularities and lack of coordination can be seen in this @IECAfghanistan’s tweet. It’s 7:00 pm and they have asked people to cast their votes today if they haven’t been able to do that yesterday!#AfghanElections2018 https://t.co/QB2ML2akWV
— Muhib Shadan (@muhibshadan) October 21, 2018
Irrégularités et manque de coordination peuvent être constatés dans ce tweet de de la Commission électorale centrale d'Afghanistan. Il est 19h et ils ont demandé aux gens de voter aujourd'hui s'ils n'ont pas pu le faire hier !
L'optimisme des autorités
Néanmoins, malgré la détérioration de la sécurité, les dirigeants du pays ont été tentés de célébrer le vote comme un succès.
Le ministre de l'Intérieur, Wais Ahmad Barmak, a déclaré que 17 civils et 11 policiers avaient péri et que de nombreux blessés avaient été victimes d'attaques au premier jour du scrutin. Ce nombre aurait sans doute pu être bien plus élevé après que les talibans et le groupe affilié à l'État islamique en Afghanistan ont déclaré la saison de la chasse ouverte lors du vote.
Un porte-parole du président Ashraf Ghani s'est ainsi exprimé sur un ton optimiste dans son tweet du dimanche 21 octobre.
#AfghanElections2018 panned out, and the voter turnout was large besides looming threats because people had trust in ANDSF. It did a better job securing polling stations all over AFG than foreign troops did in previous elections. 100s of attacks were foiled in the past two days.
— Samim Arif (@SamimArif) October 21, 2018
Malgré les menaces, les élections afghanes se sont déroulées comme prévu et la participation a été importante car les gens ont fait confiance aux Forces de défense et de sécurité nationales afghanes (FDSNA). Elles ont réalisé un meilleur travail pour sécuriser les points de vote à travers l'Afghanistan que les troupes étrangères ne l'avaient fait lors des précédentes élections. Des centaines d'attaques ont été déjouées ces deux derniers jours.
Of 8.8 Million registered voters
3.8 Million (%45)
33% Women
67% Men
Casted their votes in the past two days.-Kandahar, Badghis excluded
-76 of 4576 polling stations haven’t been counted yetNo election in Ghazni.#AfghanElections2018
— Sultan Faizy (@SultanFaizy) October 21, 2018
Sur 8,8 millions d'électeurs
3,8 millions (45%)
33% de femmes
67% d'hommes
Ont déposé leur bulletin lors de ces deux derniers jours.- Hors Kandahar et Badghis
– 76 des 4576 bureaux de vote n'ont pas encore été comptabilisésPas d'élection à Ghazni.
#AFG Prople with full resolve and determination – those with disability being carried to cast vote in ….. As they realize their vote matters and we shall honour this. #Kunar pic.twitter.com/cE7Lidu6Qt
— BILAL SARWARY (@bsarwary) October 20, 2018
Le peuple afghan pleinement déterminé et résolu – les personnes handicapées sont portées pour aller voter…- en réalisant que leur vote compte et nous devons tous leur rendre hommage. Kunar
Une répétition générale ?
Seulement derrière les célébrations d'un Afghanistan qui a réussi à organiser un vote, de nombreux mauvais présages s'annoncent autour de la bien plus importante élection présidentielle de l'année prochaine. Une coalition majeure de l'opposition a déjà accusé la Commission électorale indépendante (CEI) d'avoir gonflé le nombre d'électeurs au cours de la période précédant les élections afin de sécuriser l'arrivée de législateurs pro-présidentiels au Parlement.
Par la suite, les plaintes pour fraudes et autres irrégularités étaient omniprésentes parmi les 13.000 anomalies signalées par les citoyens à la Commission indépendante des plaintes électorales (IECC), auxquelles se sont ajoutées 5.000 supplémentaires sur le groupe Whatsapp de TOLO News, le principal média privé du pays.
Lors de l'élection présidentielle de 2019 et quand les enjeux seront plus importants, ces défaillances auront des conséquences plus importantes.
Le dernier vote présidentiel s'est avéré extrêmement clivant, Ghani terrassant son rival Abdullah Abdullah lors d'un second tour dont le résultat n'a été reconnu par Abdullah que lorsque un compromis a été trouvé et qu'il obtienne le poste nouvellement créé de directeur général (une position équivalente au Premier ministre) au sein du gouvernement.
Can we hold presidential election with the same @IECAfghanistan leadership? Today’s logistical and technical failures are beyond frustrating.
— Shaharzad Akbar (@ShaharzadAkbar) October 20, 2018
Est-il seulement possible d'organiser l'élection présidentielle sous la houlette de la Commission électorale afghane ? Les défaillances techniques et logistiques d'aujourd'hui sont plus que frustrantes.
The focus is slowly shifting to the presidential elections. Ismail Khan asks CE Abdullah not to try his chance again for the presidential race. #Afghanistan https://t.co/kzlLKTPRss
— Ali Adili (@ali_adili) October 29, 2018
L'attention se tourne doucement vers les élections présidentielles. Ismail Khan demande au Premier ministre Abdullah de ne pas se représenter lors de la course à la présidence.