
Publicité célébrant les meurtres dans un journal. Traduction : Quatre d'entre eux ne sont plus. Combien en reste-t-il ? Le pays rendra justice. Image largement diffusée depuis la page Facebook “Indiens du capitalisme tardif”.
[Sauf mention contraire, tous les liens renvoient vers des pages en anglais.]
L'exécution extrajudiciaire de quatre violeurs présumés en Inde a suscité un vif débat entre ceux qui applaudissent le contournement de la lenteur du système judiciaire et ceux qui estiment que cela crée un précédent regrettable.
Le 27 novembre 2019, le Dr Priyanka Reddy a été victime d'un viol collectif atroce et tuée à Hyderabad. À peu près au même moment, une autre victime de viol a été brûlée vivante alors qu'elle se rendait à une audience dans un tribunal. Elle a finalement succombé à un arrêt cardiaque.
Avec la hausse du nombre de cas de viols dans tout le pays, le déferlement de rage a été massif et beaucoup ont exigé une réponse rapide, notamment des lois plus strictes et des actions contre les violeurs. Dans un discours à la Chambre haute du Parlement indien, la députée Jaya Bachchan a même recommandé de “lyncher les violeurs”.
Quelques jours après la découverte des restes du corps du Dr Priyanka Reddy, la police d'Hyderabad a conduit les quatre accusés sur les lieux du crime pour la reconstitution des faits. Selon la police, les quatre hommes ont tenté de fuir la scène du crime et ont alors été abattus. Suite à cette actualité, les internautes se sont exprimés sur les réseaux sociaux, témoignant d'une grande dissonance dans l'opinion publique.
“Décédés au cours d'un engagement”
“Encounter killing” (décès au cours d'un engagement), telle est la formule utilisée en Asie du Sud (en particulier en Inde et au Pakistan) pour décrire les exécutions extrajudiciaires commises par la police ou les forces armées. On estime qu'Hyderabad a une longue histoire de telles exactions et la police a été critiquée à maintes reprises pour avoir fait office à la fois de juge, de jury et de bourreau. La Constitution indienne prévoit la protection des citoyens contre les agissements hors la loi.
No person shall be deprived of his life or personal liberty except according to the procedure established by law – Article 21 of Indian Constitution
Nul ne peut être privé de sa vie ou de sa liberté personnelle si ce n'est en vertu de la procédure établie par la loi – Article 21 de la Constitution indienne.
Dans le cas des quatre violeurs accusés, T. K. Arun écrit dans le journal The Economic Times que les droits fondamentaux des suspects ont été transgressés de manière caractérisée par l'État à Hyderabad.
D'autres internautes se sont tournés vers les réseaux sociaux pour réclamer des mesures judiciaires appropriées selon les cas.
Shocking. What have we become? What proof was there that these were real culprits? Do we have information on investigation and evidence which prove crime beyond doubt? They perhaps didn't even have a lawyer, didn't get a hearing. Killed in #Encounter and we are celebrating?
— Sanjukta Basu (@sanjukta) December 6, 2019
C'est scandaleux. Que sommes-nous devenus ? Quelle était la preuve qu'il s'agissait des bons coupables ? Disposons-nous d'informations sur les enquêtes et les éléments de preuve qui confirment bien qu'un crime a été commis ? Ils n'avaient peut-être même pas d'avocat, ils n'ont pas eu de procès. “Décédés au cours d'un engagement” et nous nous réjouissons ?
Modi’s done a brilliant job at planting the vision of India as a Great Power where use of violence is an evidence of its strength.
But reminder: Bypassing your own justice system and using state violence against your own citizens proves nothing but weakness. #hyderabadpolice
— Gurmehar Kaur (@mehartweets) December 6, 2019
Narendra Modi (Premier ministre indien) a brillamment réussi à présenter l'Inde comme une grande puissance où le recours à la violence est une preuve de sa force.
Mais rappelons-le : court-circuiter votre propre système judiciaire et recourir à la violence de l'État contre vos propres citoyens ne sont que des preuves de faiblesse. #hyderabadpolice
Ceci dit, une écrasante vague de soutien à la police a qualifié “l'assassinat extrajudiciaire” de ces quatre hommes d'acte de représailles “légitime”.
Finally yes , Let this day be the beginning of new era where children and women feel safe and secure to live in India.
Quick Justice like this will inculcate fear into the Dirty minds ,
Our sincere prayers have been answered #hyderabadpolice
Hats off #Encounter pic.twitter.com/0QbqJGDHBT— Yogita Bhayana (@yogitabhayana) December 6, 2019
Enfin oui, que ce jour soit le début d'une nouvelle ère où les enfants et les femmes se sentent en sécurité en vivant en Inde.
Une justice rapide comme celle-ci inspirera la peur dans les esprits corrompus,
Nos prières sincères ont été exaucées #hyderabadpolice
Chapeau bas !
A strong message from the Konidela’s ! ??
Proud to be a woman! #JusticeForDisha #justiceforpriyanakareddy #justiceserved #hyderabadpolice #TelanganaPolice #ramcharan #Chiranjeevi pic.twitter.com/EuXVBh2OkZ— Upasana Konidela (@upasanakonidela) December 6, 2019
Un message fort de la part de la famille des Konidela ! ??
Fière d'être une femme !
I applaud the #hyderabadpolice who in no time took strong steps & gave befitting punishment to the perpetrators of crime. We shouldn't demoralize police. Cases of fake encounter demoralized Gujarat Police in past. Dr Priyanka Reddy. #justicedelivered #HyderabadEncounter pic.twitter.com/e2m8UvG5Uu
— Parimal Nathwani (@mpparimal) December 7, 2019
J'applaudis la police de Hyderabad qui, en un rien de temps, a pris des mesures musclées et a puni comme il se doit les auteurs de ce crime. On ne devrait pas décourager la police. Des cas de fausses exécutions extrajudiciaires ont fragilisé la police du Gujarat par le passé. Dr Priyanka Reddy.
#WATCH Hyderabad: Reaction of girl students when news of encounter of the accused in murder and rape of woman veterinarian broke out pic.twitter.com/z238VVDsiC
— ANI (@ANI) December 6, 2019
#WATCH Hyderabad : Réaction des étudiantes lorsque l'information sur “l'assassinat extrajudiciaire” des suspects dans le meurtre et le viol d'une vétérinaire a été révélée.
I think every father, every parent, every brother in the country today stands behind the #hyderabadpolice. My best wishes to them.
— Ashish Khetan (@AashishKhetan) December 6, 2019
Je pense que tous les pères, tous les parents, tous les frères de ce pays aujourd'hui approuvent la police de Hyderabad. Je les salue.
– Ashish Khetan (@AashishishKhetan)
A father in Kerala had to kill the rapist and murderer of his 13 year old daughter, coz a Kerala court let the rapist out on bail. The ‘juvenile’ in the #Nirbhaya case is a free man with a sewing machine. In such a situation, how can one NOT be happy with the #encounter?
— Shefali Vaidya (@ShefVaidya) December 6, 2019
Un père dans l'état du Kerala a dû tuer le violeur et meurtrier de sa fille de 13 ans parce qu'un tribunal l'a libéré sous caution. Le “mineur” dans l'affaire #Nirbhaya est un homme libre avec une machine à coudre. Dans de telles circonstances, comment ne PAS être satisfait de ce “décès au cours d'un engagement” ?
– Shefali Vaidya (@ShefVaidya)
D'après Times Now News, le père de la victime s'est confié :
It has been 10 days to the day my daughter died. I express my gratitude towards the police and government for this. My daughter’s soul must be at peace now.
Cela fait tout juste 10 jours que ma fille est morte. J'exprime ma gratitude envers la police et le gouvernement pour leur action. L'âme de ma fille doit reposer en paix maintenant.
Pour l'instant, le débat entre des ripostes immédiates et un système judiciaire léthargique en est au point mort.