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Le gouvernement malaisien a demandé à Twitter de censurer les messages critiquant la réaction aux inondations record, au prétexte qu'ils violaient les lois du pays. La plateforme a accepté la requête tout en refusant de les effacer immédiatement, citant son engagement à défendre la liberté d'expression.
Le 17 décembre, des pluies torrentielles ont provoqué les pires inondations de ces dernières années. Elles ont causé quarante-et-un décès, et plus de 61 000 personnes ont été déplacées.
Le gouvernement a été accusé d'avoir tardé à réagir lors des opérations de sauvetage et d’aide humanitaire. Les internautes ont commenté le manque de préparation des agences gouvernementales en dépit d'une alerte rapide quant à la menace des inondations. En Malaisie, le hashtag #DoNotDonateToGovernment et la phrase « pas de dons pour le gouvernement » se popularisent sur Twitter, suite à la mise en place d'une collecte de fonds lancée par divers·es fonctionnaires afin de soutenir les opérations d'aide humanitaire. Utilisateurs et utilisatrices de Twitter remettent en question cette nécessité de faire un don alors que les citoyens et citoyennes payent déjà des impôts.
La Commission malaisienne des communications et du multimédia (MCMC, Malaysian Communications and Multimedia Commission) a réagi aux critiques en déclarant que les tweets « obscènes » évoquant les inondations violaient la section 233 de la Loi sur les communications et le multimédia 1998 (CMA), puisqu'ils nuisaient aux « intérêts nationaux ».
Nombre d'utilisateurs et utilisatrices de Twitter n'ont pas tardé à recevoir des messages, envoyés par l'équipe juridique du réseau social, les prévenant que leurs posts avaient fait l'objet d'une demande de suppression par le gouvernement malaisien et que, bien que ces posts ne soient pas supprimés pour le moment, il serait bon qu'iels prennent des mesures appropriées pour leur sécurité et leur protection juridique.
I received the same email too from twitter legal. this clearly shows that the government has just lost it. its time for us rakyat [the people] to voice out and fight back. fight for our rights.#KerajaanBangsat #KitaJagaKita #KerajaanGagal #KerajaanPembunuh https://t.co/N5ikSh8L2t pic.twitter.com/sCI9yRMrPF
— Sriithar (@Sriithar_26) December 22, 2021
J'ai aussi reçu le même email de twitter legal. ça montre bien que le gouvernement est à la rue. il est temps que nous, rakyat, fassions entendre nos voix et nous battions pour nos droits. Ripostons ! #KerajaanBangsat #KitaJagaKita #KerajaanGagal #KerajaanPembunuh https://t.co/N5ikSh8L2t pic.twitter.com/sCI9yRMrPF
— Sriithar (@Sriithar_26) 22 décembre 2021
Ce tweet mentionne les rakyat, terme indonésien désignant les habitants et habitantes du pays.
La MCMC a dénoncé à Twitter les messages critiquant la campagne de dons ou fustigeant les commentaires gouvernementaux quant aux critères déterminant quelles victimes seraient éligibles à l'aide humanitaire.
Certains et certaines ont fini par supprimer leurs messages afin d'éviter tout problème avec la justice.
Some of you may be wondering where my tweet about one of the shelters discriminating foreigners went. Just want to update here that I’ve received a warning from Twitter and MCMC asking me to remove my tweet as I’ve violated malaysian laws. #KerajaanGagal #KitaJagaKita
— ✨ (@cheryltanxr_) December 21, 2021
Certains et certaines d'entre vous se demandent peut-être où est passé mon tweet à propos des abris qui discriminent les étrangers. Je voulais juste vous dire que j'ai reçu un avertissement de Twitter et de la MCMC me demandant de le supprimer, car il contrevenait à la loi malaisienne.#KerajaanGagal #KitaJagaKita
— ✨ (@cheryltanxr_) 21 décembre 2021
Le Centre pour un journalisme indépendant (CIJ) a critiqué la MCMC pour « se laisser utiliser comme un bouclier protégeant le gouvernement de ses échecs », ajoutant quelque mots à destination des autorités :
Focus public resources towards providing timely and accessible updates and information on the flood and ongoing flood relief work, instead of cracking down on those being critical or dissenting towards alleged flood mismanagement by the State.
Concentrez-vous sur l'utilisation des ressources publiques afin de fournir à temps des mises au point accessibles et des informations sur l'inondation et les activités d'aide humanitaires afférentes, au lieu de vous jeter sur vos détracteurs et détractrices et de refuser de reconnaître le potentiel ratage gouvernemental quant à la gestion de l'inondation.
Le CIJ a ajouté qu'il était temps de modifier de fond en comble la Loi sur les communications et le multimédia, usée et abusée par les autorités pour supprimer toute opinion dissidente.
Un parlementaire, Charles Santiago, a loué Twitter pour avoir refusé la requête du gouvernement malaisien :
2/3
Kudos 2 Twitter 4 refusing 2 censor legitimate voices of dissent against a govt tt has failed its pple. Tens of people ar dead in a flood that cld have been prevented & govt response was slow. But MCMC,more concerned abt painting a rosy pic of the govt? Shameless— Charles Santiago (@mpklang) December 23, 2021
Bravo Twitter pr avoir refusé 2 censurer les voix dissidentes légitimes envers le gvt pas à la hauteur. Des dizaines de personnes mortes dans 1 inondation kon aurait pu prévenir & la réation gvtl a tardé. Mais la MCMC + intéressée par montrer le gvt ss son bon jour ? La honte !
— Charles Santiago (@mpklang) 23 décembre 2021
Lim Kit Siang, un autre parlementaire, a poussé le Premier ministre à punir les fonctionnaires de la MCMC pour avoir tenté de censurer des tweets :
The Prime Minister, Ismail Sabri should reprimand the MCMC and declare that he will not stop Malaysians from exercising their constitutional right to free speech to criticise the government and his Ministers.
In fact, Ismail should order a full inquiry into the MCMC action asking Twitter to remove posts critical of the government’s response to the recent flood disaster, and even remove the MCMC officials responsible.
Le Premier ministre, Ismail Sabri devrait réprimander la MCMC et déclaré qu'il n'empêcherait pas les Malaisiens et Malaisiennes d'invoquer leur droit à la liberté d'expression pour critiquer le gouvernement ministériel.
En fait, il devrait ordonner une enquête approfondie sur les actions de la MCMC qui a demandé à Twitter de supprimer les messages critiques envers la réponse gouvernementale aux récentes inondations, et même suspendre les fonctionnaires responsables.