En Inde, les populations vulnérables sont livrées à elles-mêmes pendant le confinement dû au COVID-19

Des travailleurs migrants tentent de regagner leurs régions natales. Certains portent leurs sacs sur la tête.

Image de Rajesh Balouria via Pixabay, sous licence Pixabay.

L’article d'origine a été publié en anglais le 8 avril 2020.

[Sauf mention contraire, tous les liens renvoient vers des pages en anglais, ndlt.]

Le 24 mars dernier, le Premier ministre indien Narendra Modi a imposé aux Indien·ne·s le confinement pendant trois semaines. Le protocole d’urgence met en place la fermeture des lieux publics et limite l’utilisation des moyens de transport. Les gouvernements fédéraux gèrent le respect des restrictions.

Suite à cette annonce, un nombre très important de travailleurs migrants ont fui les villes dans l’espoir de rentrer chez eux, dans les milieux ruraux. Cet exode résulte de leur perte d’emploi à cause du confinement dû au COVID-19. Ces déplacements en masse créent l’inquiétude : la propagation du virus pourrait être encore plus difficile à maîtriser.

Marcher sur plus de 200 km pour rentrer chez soi ou encore être aspergé de produit chimique… Voilà comment s'est déroulé le confinement de 21 jours pour une majeure partie de notre population.

Si la ville entière est placée en confinement, pourquoi ne pas faire en sorte que l’affluence de personnes dans les transports ferroviaires soit mieux gérée, qu’il y ait un système d’information, plus de personnel et des vivres et des provisions pour ces plus de 1 000 travailleurs en détresse. Au lieu de ça, ici, une poignée de policiers ont dû péniblement faire face à la situation, sans stratégie, ni masques

Delhi : les travailleurs migrants inondent la gare routière Anand Vihar à Delhi pour prendre des bus pour rentrer dans leurs villes et villages natals respectifs. Ils et elles ont marché jusqu’à la gare routière depuis différentes parties de la ville.
[photos] Une foule dense remplit la gare routière Anand Vihar.

Dans tout le pays, étant donné qu’il n’y a plus de transports, de nombreux travailleurs migrants ont commencé à marcher pour rejoindre leurs villes natales.

On rapporte également que des migrants meurent de faim, d’épuisement et de crises cardiaques.

Le confinement en Inde a fait des morts, plusieurs tweets à l'appui :

Pendant cette crise, le gouvernement Modi a annoncé tardivement un programme d’aide de 23 milliards de dollars. Le gouvernement n’a néanmoins pas mentionné les travailleurs migrants touchés par la crise. Pendant ce temps, les réseaux sociaux ont été submergés d’images de violences policières envers les citoyens. En cause, les transgressions d’un arrêté du gouvernement Modi. Cet arrêté avait été publié pour répondre aux reportages télévisés sur les déplacements de masse des migrants.

Voici la façon dont les policiers agissent au Punjab pendant le confinement dû au coronavirus. Pensez-vous que la police devrait traiter les gens de cette manière ?

Une nouvelle vidéo expose la police indienne : elle bat les gens avec des bâtons, les gifle et les force à se tordre dans tous les sens pour avoir enfreint le confinement national instauré récemment. Pendant ce temps, l'État essaie de faire reculer l'avancée de la pandémie de coronavirus grâce à la distanciation sociale.

Vous devriez avoir honte, la police de Badan. Au lieu de donner de l'eau ou du réconfort aux travailleurs migrants qui retournent chez eux pendant le confinement de 21 jours, vos hommes les punissent de la sorte ? Quelle est leur part de responsabilité là-dedans, s'ils ont été virés par les patrons de l'usine où ils travaillaient ? Rahul Srivastav [commissaire de police suppléant de l'Uttar Pradesh, État indien], intervenez s'il vous plaît !

Le confinement imprévu a aussi eu pour conséquence de perturber l’approvisionnement alimentaire des populations pauvres et marginalisées. Tandis que le gouvernement a garanti que les services essentiels ne seraient pas touchés par le confinement, les populations les plus pauvres, qui dépendent notamment des rations alimentaires subventionnées, ont été abandonnées à leur sort, y compris dans la capitale.

Magasin à prix équitable n° 7157/60 à Krishna Nagar (à l'est de Delhi) : plus de stock depuis le 1er avril. Comment est-ce encore possible après avoir garanti plusieurs fois l'apport de rations à la population ?

Delhi Police at India Gate. Image from Flickr by Veeresh Malik. CC BY-NC-SA 2.0

La police de Delhi à la Porte de l'Inde. Image Veeresh Malik, sous licence CC BY-NC-SA 2.0

Le bilan humain du confinement.
[infographie] “Si vous devez allumer des bougies ce soir, allumez-en pour eux aussi”. 77 bougies allumées en hommage aux victimes du coronavirus décédées entre le 24 et le 31 mars.

La date de fin du confinement étant prévue pour le 15 avril, les autorités misent sur une réouverture progressive de divers services de transport [Le confinement a finalement été étendu jusqu'au 3 mai, avec un assouplissement partiel des restrictions à partir du 20 avril, ndlt]. Le plus gros défi reste sans aucun doute les foyers infectieux qui se sont formés dans les zones pauvres et densément peuplées des banlieues de Mumbai et de Nizamuddin à Delhi. L’Organisation mondiale de la santé a indiqué que le maintien de la distance sociale était l’une des stratégies les plus efficaces pour éviter la transmission interhumaine de cette maladie infectieuse. Cependant, dans un pays avec plus de 70 % de sa population [pdf] vivant dans des logements d’une à deux pièces ou bien sans logement, cela reste plus facile à dire qu’à faire.

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