En Colombie, les communautés indiennes du département de Cauca ont lancé un SOS international pour attirer l'attention sur leur situation difficile. Sur leur site web, cric-colombia.org, ils expliquent que leurs manifestations contre la violation de leurs droits se sont soldées par le meurtre de l'un des chefs de leur communauté par des hommes de main et par des menaces de mort contre d'autres dirigeants et porte-parole régionaux et communautaires. Ils ont demandé une audience publique aux fonctionnaires du gouvernement, et manifestent depuis le 12 octobre, exigeant le respect de leurs droits et des promesses des traités signés dans le passé par le gouvernement. On rapporte que les militaires colombiens ont tiré à balles réelles sur les manifestants, faisant deux morts et plus de 60 blessés parmi les Indiens. Dans ce billet de leur blog collectif , ils ont mis en ligne des photos de la manifestation et des blessures de certains d'entre eux, ainsi que la liste des blessés depuis le 14 octobre. Le 15 octobre, les forces armées ont ouvert le feu une fois de plus contre les manifestants, faisant un mort et 39 blessés. Elles ont aussi bloqué les routes. Les ambulances ne peuvent passer pour porter secours aux blessés (liens en espagnol sauf mention contraire).
la fuerza publica entró disparando con armas de largo alcance y ya hay 3 heridos mas de gravedad. la fuerza militar entro ya al territorio de dialogo y negociación.
Se solicita de manera urgente que organismos internacionales frenen esta violencia. tambien a los pueblos inigenas que refuercen el personal que esta siendo atacado.
Les forces armées sont arrivées en tirant avec des armes à longue portée, et il y a déjà trois blessés graves de plus. L'armée a déjà fait irruption dans le territoire du dialogue et des négociations.
Nous demandons d'urgence aux organisations internationales de faire cesser cette violence, et aux communautés indigènes de venir en renfort de ceux qui ont été attaqués.
La communauté indienne a envoyé des courriels et a publié sur son site web des mises à jour sur la situation.
La vidéo ci-après a été mise en ligne la semaine dernière par l'utilisateur nasaacin, et comporte des images prises avec des téléphones mobiles et des caméras vidéos durant les manifestations, des images des victimes indiennes tuées par balles, un soldat expliquant les différences entre l'ESMAD (Escadrons mobiles anti-émeutes) et les forces armées ( les forces armées doivent maintenir l'ordre tandis que l'ESMAD est chargé de désamorcer les situations violentes). Cependant, quand on lui demande qui tire au fusil, le soldat ne répond pas.
Le blogueur Alejandro Pelaez a souligné la semaine dernière que les médias étrangers rapportent les manifestations des Indiens, alors que les médias locaux n'avaient rien publié du tout :
Las noticias son hechos, y para escribir sobre hechos toca salir del escritorio, entrevistar personas, buscar en archivos, viajar al monte . Las masacres, por ejemplo, son hechos. Pero en este país los medios cubren este tipo de hechos con diez años de diferencia y ahí ya no son noticia, son historia. En este momento, como lo cuenta AdamIsacson (sí, un gringo sentando en Washington D.C.), hay serios disturbios en el Cauca y El Tiempo ni lo anota. Tal vez presenten una crónica completísima dentro de diez años. Chévere.
Les informations, ce sont des faits, et pour écrire sur des faits il faut que vous sortiez de derrière votre bureau, pour interviewer des gens, fouiller dans les archives, partir dans les montagnes. Les massacres, par exemple, ce sont des faits. Mais dans ce pays, les médias couvrent ce genre d'événements avec 10 ans de retard, quand il ne s'agit plus de reportages, mais d'Histoire. En ce moment, comme le rapporte Adam Isacson (mais oui, un gringo en poste à Washington, DC), il y a de sérieux troubles dans le Cauca, et El Tiempo n'y consacre pas même un entrefilet. Peut-être qu'ils présenteront une chronique complète là-dessus dans dix ans. Super.
Dans Gacetilla Colombiana (un aggrégateur similaire à Digg.com, consacré à l'actualité colombienne), des utilisateurs ont placé des liens vers des sites étrangers, pour offrir des sources d'informations alternatives à ceux qui sont soumis au «black-out des médias» locaux sur cet événement, en particulier vers une vidéo diffusée par une importante chaîne étrangère d'informations (en anglais). Dans la vidéo de cet internaute, on voit ce qui semble être un homme armé mais cagoulé, habillé en vert, avec un fusil, marchant au milieu de l'escadron anti-émeute et tirant sur les manifestants indigènes tandis que les membres de l'escadron anti-émeutes s'écartent pour le laisser passer. Sur le blog «Changeons le Monde «, Decio Machado publie le texte d'une chaîne d'e-mails envoyée par les communautés indigènes. C'est de cette manière que la plupart des Colombiens ont entendu parler de cette crise. Le blog Selvas.org publie lui aussi des mises à jour sur la situation : les groupes Indiens marchent tous vers la ville de Cali et bloquent la route panaméricaine ainsi que d'autres routes, avec 10 000 personnes, y compris des coupeurs de canne, des paysannes et des enfants.
Sur le blog Tienen Huevo, lauréat d'un prix colombien des blogs, ils expriment leur indignation : au moment même où se produit un ethnocide sur les routes de Colombie, essayant d'atteindre Cali, a lieu un salon de la mode et du maquillage. Les gens s'intéressent plus à l'habillement et à la mode qu'à la situation des Indiens.
En réponse aux accusations d'avoir ouvert le feu sur les manifestants indiens, le gouvernement colombien affirme que l'armée à reçu l'instruction de ne pas tirer, et qu'il devait donc s'agir de bavures, causées par des indiens infiltrés dans les forces de police pour y semer la panique et le ressentiment. Le blog Bacteria Opina publie une caricature : deux manifestants indiens font remarquer que bien que marchant à la «malice indigène», (une expression utilisée pour décrire leur capacité à se débrouiller avec tout ce qu'on leur accorde au compte-gouttes), le gouvernement les accuse d'être une «milice indigène». Le gouvernement a publié des communiqués assimilant ces manifestations à des activités terroristes organisées par la guerilla inifiltrée dans leurs rangs, ce que les communautés indigènes réfutent absolument sur leur blog.
D'autres vidéos sur YouTube témoignent des luttes passées de la communauté indienne, celle-ci est la première d'une longue série :
Federico Ruiz publie un résumé des événements depuis samedi en forme de match de ping-pong :
los indígenas decretan un paro, el gobierno lo declara ilegal, los indígenas se toman la panamericana, el gobierno manda a una fuerza especial antimotines de la policía para que desbloqueen las carreteras, más indígenas se suman a las movilizaciones, el procurador de la nación dice que va a los diálogos, el presidente dice que está muy ocupado para ir a resolver el problema, los de la policía intentan desbloquear la carretera a las malas, los indígenas dicen que no se van porque les tienen que arreglar sus problemas y cumplirles los compromisos que les habían hecho hace como 15 años y que están en ese link que es una “carta abierta al presidente”, entre tanto en las protestas matan a un indígena y hieren como a 10 según las informaciones de El Tiempo, pero que en realidad no son 10 sino 90 según lo dicen los indígenas, y los de la policía dicen que en la manifestación o en el paro hay infiltrados de la guerrilla, los indígenas dicen que no, y justo luego los indígenas descubren que si hay un infiltrado pero que justamente es policía y que tenía unos panfletos de las farc y unas armas para encochinar a los indígenas, y por si fuera poco, justo llega el defensor regional del pueblo, o sea un representante del gobierno, y dice que “la Fuerza Pública se ha excedido en el uso de las armas de fuego”.
Les groupes indigènes décrètent une grève, le gouvernement la déclare illégale, les Indiens prennent la Panaméricaine, le gouvernement envoie la police anti-émeutes pour débloquer les routes, davantage d'Indiens se joignent aux défilés, le procureur de la nation déclare qu'on va dialoguer, le Président dit qu'il est trop occupé pour aller résoudre le problème, la police tente de débloquer la route de la «mauvaise» façon, les Indiens disent qu'ils ne vont pas s'en aller parce que le gouvernement doit tenir les promesses qu'il leur a faites dans un traité datant de 15 ans, qu'il y a une lettre ouverte au Président, tandis qu'au cours des manifestations un indigène est tué et 10 autres sont blessés selon El Tiempo [note de l'éditeur : le journal national]. Ce n'est pas 10 mais 90, selon les organisations indigènes, la police affirme que dans la marche et la grève il y a des infiltrés de la guérilla, les indiens disent qu'il n'y en a pas, et juste à ce moment les Indiens découvrent qu'il Y A un infiltré, mais qu'il est de la police et qu'il a sur lui quelques tracts et armes des FARC (Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes) pour compromettre les indiens, et comme si ça ne suffisait pas, voilà qu'arrive le défenseur régional du peuple, un représentant du gouvernement, et il dit que les «Forces Armées ont outrepassé leurs droits dans l'utilisation des armes à feu».
ADDITIF :
L'organisation qui a envoyé la vidéo du tireur cagoulé au milieu de l'escadron anti-émeute l'a téléchargé en ligne avec d'autres images des manifestations (les images du tireur au milieu de l'escadron anti-émeute, en train de tirer sur les manifestants, démarrent à 1 : 44 de l'enregistrement). Ils y ont aussi ajouté des images du Président Uribe appelant les chefs de l'armée à enquêter sur les meurtres de manifestants. Ce à quoi l'armée a rétorqué que c'étaient des plaies dues à des éclats de bombes artisanales et non des blessures par balles. On voit également des indiens avec les restes d'une grenade artisanale, remplie de pièces et de billes métalliques, qu'à leurs dires les forces armées utilisent contre eux.