La dictature militaire au Brésil a duré précisément 21 ans, du 1er avril 1964 (jour du poisson d'avril au Brésil aussi, c'est pourquoi les militaires préfèrent prendre comme référence le jour précédent, le 31 mars, comme étant celui du coup d'état) jusqu'au 15 janvier 1985. Pendant cette période de grande répression politique, 380 personnes furent tuées (en partie des guérilleros de la gauche anti-dictature, mais aussi des étudiants ou de simples citoyens qui ne soutenaient pas le régime) [en portugais, comme les liens suivants, sauf mention contraire]. De ce total, 147 sont toujours disparues et l'on ne sait rien du sort de leurs dépouilles.
Des milliers de Brésiliens furent victimes de tortures systématiques et d'arrestations arbitraires, dont des femmes enceintes, et dans certains cas des enfants de prisonniers politiques ont assisté aux séances de tortures.
Le 28 août 1979, le dictateur de l'époque, João Figueiredo [en français], promulgua la loi 6.683, plus connue sous le nom de loi de l'amnistie qui “innocentait” virtuellement les militaires et les civils pro-régime associés à des crimes commis pendant le régime d'exception, prévenant déjà ainsi la fin prochaine de la dictature et l'éventualité de procès contre les criminels.
Le colonel Carlos Alberto Brilhante Ustra fut le seul et unique militaire jugé et condamné, le 9 octobre 2008 étant à cette occasion, considéré officiellement comme tortionnaire, même si cette condamnation, seulement déclaratoire, n'engendrait ni peine de prison ni amende.
25 ans ont passé depuis la fin de la dictature, aucun militaire n'a, jusqu'à aujourd'hui, été puni et les archives relatives à cette époque restent scellées, secrètes, empêchant ainsi les familles des 147 disparus d'enterrer finalement leurs êtres chers et de connaitre la vérité.
Sur cette base, un blog collectif a été organisé au mois de février dans le but d'exiger l'ouverture des archives secrètes de la dictature, en prenant compte du fait que la présidente de la République, Dilma Rousseff [en français], fut elle aussi victime de la torture pendant cette période et qu'elle lutta aux côtés de la guérilla contre le régime autoritaire.
Niara de Oliveira, du blog Pimenta com Limão (NdT: Piment au citron), instigatrice du blog collectif, en donnait les raisons:
Para que mais nenhuma mãe/pai morra sem saber o fim que a ditadura militar e o Estado brasileiro deram ao seu filho/a, que os arquivos secretos sejam reclassificados como públicos já e que seus torturadores e assassinos sejam identificados e punidos.
Afinal, não se constrói uma democracia plena com tantas ossadas escondidas dentro do armário.
Afin que plus un père/une mère ne meure sans connaitre la fin que la dictature militaire et l'État brésilien donnèrent à leur fils/à leur fille, que les archives secrètes soient reclassée dans le domaine public et que leurs bourreaux et leurs assassins soient identifiés et punis.Finalement, une démocratie pleine et entière ne peut se construire avec tant de squelettes cachées dans l'armoire.
Gabriel Pinheiro commente ses attentes quant à la réaction attendue de Dilma Rousseff, torturée par la dictature et actuelle présidente du Brésil:
No dia em que foi empossada como Presidenta do Brasil, Dilma Rousseff emocionou-se ao lembrar de seus companheiros de luta que “tombaram na caminhada” contra o regime militar. Além disso, convidou ex-colegas de cárcere para a posse. O simbolismo presente na eleição da ex-militante é claro: ela também é hoje comandante suprema do Exército. Por esses e outros motivos, grande parte de seus eleitores, este que vos fala incluído, depositaram em Dilma a confiança de que uma postura diferente seria tomada com relação aos arquivos militares e investigações de crimes cometidos pelo Estado durante aquele período.
Leandro Parteniani ne voit pas de sens à maintenir les archives scellées, 25 ans après la fin de la dictature:
[…] não faz sentido nenhum, 25 anos depois da redemocratização, ainda termos documentos do período militar classificados como secretos, ultra-secretos ou restritos. Permitir que esses arquivos continuem fechados, longe das vistas da população, é negar à sociedade um direito fundamental e, portanto, inibir o avanço democrático. Afinal de contas, se as pessoas não compreendem exatamente o que aconteceu no seu passado, que valor darão à democracia? Como se espera afirmar um sistema democrático que esconde da sociedade parte de sua História?
Il défend encore la création d'une Commission de la Vérité, comme cela a été fait dans les pays voisins du Brésil:
Vale lembrar que, dentre os países envolvidos na Operação Condor (aliança de vários regimes militares da América do Sul, como Brasil, Argentina, Chile, Bolívia, Paraguai e Uruguai, para coordenar repressão a opositores de extrema esquerda), apenas o Brasil ainda não adotou uma Comissão da Verdade.
Ediane Oliveira nous rappelle que la Cour des Droits de l'Homme de l'Organisation des États Américains (OEA) a jugé illégale l'amnistie décrétée pendant le régime militaire et que le Brésil n'a pas tenu compte de cette décision :
A Corte dos Direitos Humanos da Organização dos Estados Americanos (OEA) reconheceu a importância de se identificar e punir os torturadores da Ditadura Militar, decidindo que a manutenção da Lei da Anistia fere acordos internacionais assinados pelo Brasil. Mas, infelizmente, o governo brasileiro segue ignorando a decisão.
[…]
A tortura está institucionalizada no País porque não é possível punir tortura tendo anistiado os maiores torturadores de nossa história e nem sequer identificá-los.
[…]
La torture est institutionnalisée dans le pays parce qu'il est impossible de punir la torture en ayant amnistié les plus grands tortionnaires de notre histoire et ni même de les identifier.
Thiago Beleza compare et voit une relation entre la torture du passé et celle d'aujourd'hui, dans les commissariats de police:
A não punição dos assassinos e torturadores de ontem, é a certeza da não punição dos assassinos e torturadores de hoje. O Estado é conivente.
Rodrigo Cárdia compare la situation au Brésil avec celle de l'Argentine, qui, elle, juge les militaires criminels :
A Argentina, é verdade, sofreu uma ditadura muito mais violenta que o Brasil. Em apenas sete anos, foram mais de 30 mil mortos e desaparecidos. Mas isso não faz com que os 21 anos de regime militar brasileiro mereçam ser esquecidos. Pois aqui também se prendeu, torturou, desapareceu e matou.
Amanditas est claire sur les droits des victimes et de leurs familles:
Essas famílias atingidas pelo “regime” não podem ser ignoradas, tratadas como se tivessem morrido juntamente com o “regime”. As famílias não acabaram: elas estão aí, querendo ter o que parece ser um privilégio: o direito de contar suas próprias histórias.
Enfin, Luka dit clairement:
Abrir os arquivos da ditadura militar não é apenas honrar aqueles que tombaram naquela época, mas também mostrar que não aceitaremos mais ficar anos sem notícias de desaparecidos neste país.
Pau de arara nunca mais.
L'Ordre des Avocats du Brésil (OAB) met en ligne une pétition pour demander l'ouverture des archives et a lancé une Campagne Nationale pour la Mémoire et la Vérité, soutenue par des acteurs célèbres interprétant des militants de gauche, morts et disparus.
1 commentaire