Un des objets principaux du projet Segou Village Connection (en anglais), soutenu par Rising Voices dans le Mali rural, est de former les jeunes et les villageois pour constituer une équipe de correspondants locaux et envoyer des informations sur la vie locale par SMS ou un ordinateur portable d'occasion, afin d'alimenter le blog du projet.
Comment se connecter à la Toile dans les villages ruraux quand il n'y a souvent ni cybercafé, ni électricité, ni ordinateur ? Ségou Village Connection a choisi les moyens du bord. A l'aide de la subvention de Rising Voices, un peu de matériel a été acheté par le responsable du projet Boukary Konaté, et une unité Internet mobile a été montée. Il décrit dans cet entretien son travail pour amplifier les voix des villages ruraux en dépit de ces difficultés d'infrastructure.
Rising Voices : Bonjour Boukary, de quoi avez-vous besoin pour être connecté à la Toile dans le Mali rural ?
Boukary Konaté : Notre unité internet mobile comprend un ordinateur portable d'occasion et un smartphone, un panneau solaire pour les alimenter en électricité, une batterie pour stocker celle-ci, et un transformateur pour avoir le voltage correct nécessité par l'ordinateur et le smartphone. Nous avons aussi acheté une clé de connexion (qui a la forme d'une clé USB) pour se connecter au réseau GSM local. Elle peut être créditée de minutes mensuellement ou selon le besoin.
RV : Cet appareillage mobile vous donne-t-il satisfaction, maintenant que vous l'avez testé lors de sessions de formation dans quelques villages ?
BK : Absolument ! Aussi longtemps que le soleil brille, il n'y a aucun problème. Quand le soleil brille, la batterie est chargée à bloc et on peut passer des heures de suite à naviguer sur Internet.
RV : Avez-vous rencontré occasionnellement des problèmes ?
BK : Le seul problème est la vitesse de la connexion internet par le réseau de téléphonie mobile. Dans les villages où il existe un réseau 3G, ça marche bien. Dans les villages plus isolés du Mali, on ne peut se connecter que par le réseau EDGE (en anglais) et le signal est vraiment faible. L'autre problème est le prix de ces équipements : grâce à la subvention de Rising Voices, nous avons pu dépenser plus de 300 euros, ce qui dépasse de beaucoup les moyens d'un village.
RV : Faut-il des connaissances techniques particulières pour brancher le panneau solaire à la batterie et à l'ordinateur ?
BK : Pas spécialement. Ça ne prend pas beaucoup de temps ou de monde pour installer le panneau solaire. N'importe qui ayant une connaissance de base de l'électricité ou des voitures ou motos, un peu manuel, peut connecter les différents appareils. Il faut vérifier soigneusement avant d'acheter un panneau solaire, que sa capacité est adaptée pour charger à plein une batterie d'ordinateur portable.
RV : Est-ce lourd ? Pouvez-vous vous déplacer de village en village avec ce matériel sur une bicyclette ou une moto ?
BK : Non, malheureusement, il faut une voiture. La cellule solaire n'est pas lourde, mais elle est trop encombrante pour être fixée sur une moto et elle est fragile.
Entre deux sessions de formation, l'installation mobile est entreposée à Cinzana-Gare, facilement accessible de Bamako, par la route goudronnée vers la Côte d'Ivoire. Les villageois locaux ont saisi cette opportunité pour l'essayer. Cet été, un agriculteur du coin, M. Mobodo Traoré, est devenu un enthousiaste d'Internet. Le 29 août, il a envoyé à Bamako, la capitale, via Internet, sa feuille d'enregistrement de la pluviométrie de tout l'été, un sujet d'intérêt brûlant pour les Maliens, puisque l'autonomie et les prix alimentaires de l'hiver prochain en dépendent.
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