Le Printemps arabe et le mouvement Occupy Wall Street (Occuper Wall Street) ont été des mouvements de protestation localisés qui ont cependant eu un immense impact au niveau mondial en 2011. Ils ont été organisés pour répondre à des problèmes locaux spécifiques mais leurs voix et leur influence ont eu tout de suite une portée internationale. En Asie du Sud-Est, Global Voices a pu présenter plusieurs mouvements de contestation en 2011 qui ont fait écho aux mesures radicales employées pour réprimer le Printemps arabe et le mouvement Occupy.
Le rassemblement de Bersih (mot signifiant “nettoyage”) en Malaisie a été la plus remarquable expression de la contestation en 2011 dans la région. Cet évènement qui avait initialement été organisé pour réclamer des réformes électorales tout à fait raisonnables et faisables (comme par exemple l'épuration des listes électorales et l'utilisation de l'encre indélébile durant les scrutins pour éviter les fraudes) s'est finalement transformé en une action pro-démocratique du fait de la participation massive de la population civile dans les rues ainsi que de la violente réaction de l'Etat.
Et à l’image des manifestants arabes qui ont démontré leur maitrise des outils informatiques, ceux de Bersih ont fait un grand usage des réseaux sociaux pour diffuser l’appel du mouvement à la contestation auprès des segments apolitiques de la cyber-communauté malaisienne.
Pour empêcher peut-être un autre Bersih, le Parlement malaisien a approuvé la controversée Loi de rassemblement pacifique conférant à la police et aux autorités gouvernementales de larges pouvoirs pour contrôler, voire même interdire les rassemblements et les manifestations de rue. Des rassemblements ont aussi été organisés pour s’opposer à cette loi.
Outre le rassemblement de Bersih, plusieurs manifestations Occupy ont eu lieu en Indonésie, en Malaisie et aux Philippines. Elles n’ont pas réussi à rassembler d’importantes foules (le mouvement Occupy de Singapour a été un échec ) mais au travers de leurs actions militantes et créatives, elles sont parvenues à mettre en lumière l’aggravation de la pauvreté dans leurs sociétés.
Des étudiants et d’autres jeunes se sont joints aux manifestations Occupy aux Philippines et ont utilisé le planking comme seul et amusant moyen d’exprimer leur colère contre les coupes budgétaires gouvernementales dans l’éducation et dans d’autres services publics. En début de ce mois, des étudiants qui, à l’image du mouvement Occupy campaient près du Palais présidentiel de Manille en signe de protestation, ont été violemment dispersés par la police.
[Note de la traductrice: le “planking” consiste à adopter une attitude raide et à demeurer immobile telle une planche dans des lieux publics]
La contestation peut-être la moins bien couverte de l’année a été le rassemblement de villageois cambodgiens qui se sont habillés comme la tribu Na'vi dans le film de science-fiction Avatar de 2009 pour s’opposer au projet du gouvernement de transformer la forêt de Prey Lang en plantations et en mines. Prey Lang est la plus grande forêt sèche, primaire, à feuillage persistant et de plaine restante de la région.
Les manifestations pour la défense de l'environnement se sont en fait intensifiées cette année. L’une d’entre elles a d’ailleurs réussi à contraindre le Gouvernement birman à annuler son projet de barrage hydroélectrique sur le fleuve Irrawaddy.
Tous ceux qui se sont battus pour les droits fonciers, même de manière non violente, n’ont pu s’exprimer et organiser librement leurs campagnes – un fait souligné par l’expérience faite par sept militants au Vietnam qui ont été arrêtés, mis en accusation et déclarés coupables de “tentative de renversement du gouvernement”.
Pham Thanh Son au Vietnam et Sondang Hutagalung en Indonésie ont été les manifestants dont les actions ont le plus symbolisé la haine et l'exaspération profonde des pauvres contre l’oppression. Son s’est immolé par le feu en tout début d’année en face du bureau municipal de Da Nang afin de protester contre la confiscation de la propriété de sa famille par les autorités locales tandis que Sondang s’est immolé par le feu il y a quelques semaines en face du Palais présidentiel de Jakarta pour condamner les politiques menées contre les pauvres par le Gouvernement.
Il n’y a pas eu d’émeutes urbaines comme à Londres en Asie du Sud-Est mais les grandes inondations qui ont détruit les rizières et les cultures vivrières dans presque tous les pays de la région pourraient bien conduire à des manifestations pour réclamer de la nourriture et du riz l’année prochaine. Les retards dans la réhabilitation des communautés inondées pourraient bien aussi aviver la colère et le rejet politique. Lors des inondations en Thaïlande, les habitants ont ôté les barrières de protection contre les eaux et ont défié les autorités pour protester contre ce qu’ils percevaient comme étant une politique gouvernementale injuste de “sauvetage “ de la capitale Bangkok des inondations au détriment des villes voisines.
Les défenseurs des Droits de l’Homme ont décrié la continuelle répression des manifestations démocratiques en Papouasie occidentale et des diverses activités de ces mêmes militants des Droits de l’Homme en Indonésie.
Nous tenons aussi à souligner la manifestation de SlutWalk à Singapour pour la courageuse articulation qu’elle a faite entre égalité et liberté sexuelle au travers d’un rassemblement de protestation rarement vu en ville.
Mots-clic concernant les manifestations de l’année en Asie du Sud-Est : #bersih, #bersih2, #bersihstories, #occupydataran, #campoutph, #walk4freedom, #sawangsawa