Marcos Miguel Pano Colón n'avait que sept mois lorsque, le 29 janvier dernier, son corps a été retrouvé criblé de balles, à côté de ceux de ses parents, après ce qui a été qualifié par les autorités de “règlement de comptes” entre des bandes rivales de narcotrafiquants. Ces faits, qui se sont produits à Pinotepa Nacional – au Sud-Ouest du pays, dans l'État de Oaxaca - n'a laissé personne indifférent, particulièrement dans un pays où, même si beaucoup se sont habitués à la violence, il est rare de voir le visage d'un enfant au coeur du conflit.
La photo du petit corps entre ses parents, la bouche ouverte, a rappelé à beaucoup l'histoire de Aylan Kurdi, l'enfant réfugié syrien qui est mort noyé au large des côtes turques alors qu'il fuyait la guerre avec sa famille. Aylan et Marcos Miguel sont deux victimes innocentes de conflits complexes qui semblent ne pas avoir de fin, et semblent encore moins sur le point de ne plus prendre des vies innocentes.
Le phénomène migratoire en Europe et au Moyen-Orient a augmenté à cause de la tension ou de l'instabilité politique dans certains pays, alors que le Mexique vit un conflit armé intérieur, motivé par la guerre sans fin contre le crime organisé, depuis le mandat de l'ex-Président Felipe Calderón. La guerre a été poursuivie par l'actuelle administration du président Enrique Peña, et produit toujours plus de milices armées, de lieux soustraits au contrôle des autorités, de personnes déplacées et de morts.
Le rédacteur de la page Facebook du quotidien régional ‘Solo Acapulco’ y a publié une photo avec le message suivant :
Tu te souviens de l'enfant syrien ? Tu te souviens que tu t'es indigné et que tu as mis ton petit drapeau sur Facebook ? Là, cela se passe au Mexique, plus précisément à Pinotepa Oaxaca, où le trafic de stupéfiants a tué cette famille, dont ce petit ange de sept mois.”
La publication a été partagée plus de 50 000 fois sur le réseau social Facebook entre le 30 janvier et le 2 février, et a généré plus de 2000 commentaires, selon le site Clases de Periodismo.
L'indignation a explosé sur les réseaux sociaux :
Violencia contra los niños. En Europa el frío y los dirigentes de corazón helado. En México los narcos impunes. https://t.co/9kFw7ypYRx
— Paka Díaz (@pakadiaz) 4 Février 2016
Violence faite aux enfants. En Europe, le froid et les dirigeants au coeur gelé. Au Mexique, les narcos impunis.
Selon le député de l'Etat Jesús López, une minute de silence pour la mort de l'enfant a été observée dans l'enceinte de l'assemblée locale :
Se guarda minuto de silencio en memoria del bebé Marcos Miguel Pano Colón y su familia asesinados en Pinotepa Nal. pic.twitter.com/HeNmvC3PcV
— Jesús López (@DipJesus) 5 Février 2016
Une minute de silence est observée en mémoire du bébé Marcos Miguel Pano Colón et de sa famille, assassinés à Pinotepa Nal.
Abel a commenté :
El bebe asesinado x1 enfrentamiento narco, Marcos Miguel Pano Colon, nos demuestra q hemos fracasado como seres humanos en muchos aspectos.
— Abel (@ABELJUEP) 4 Février 2016
Le bébé assassiné lors d'un affrontement de narcos, Marcos Miguel Pano Colon, nous prouve que nous avons échoué dans bien des aspects en tant qu'êtres humains.
Luis a blâmé le gouverneur Gabino Cue, qui a pratiquement consacré tout son mandat à satisfaire les besoins du secteur enseignant, représenté par la très agressive Coordinatrice Nationale des Travailleurs de l'Éducation (CNTE) :
@GabinoCue no todo es la @CNTEMX en oaxaca, existe todo un estado de inseguridad, violencia y pobreza ….😠😠😠😠😠😠
— luis (@luis_atg) 30 Janvier 2016
Il n'y a pas que la @CNTEMX à Oaxaca, il y a tout un état d'insécurité, de violence et de pauvreté
Les médias ont rapporté que, le 8 février, trois hommes suspectés d'être liés à l'assassinat du bébé et de ses parents ont été arrêtés. Les hommes ont des antécédents criminels et cela renforce la théorie du Ministère public selon laquelle il s'agit d'un règlement de comptes entre deux bandes.
En 2014, le Mexique a été, avec 15 000 morts, le troisième pays enregistrant le plus de morts causées par des conflits armés dans le monde, selon une étude de l’Institut International des Études Stratégiques de Londres (IISS selon le sigle anglais) publiée par le site Aristegui Noticias.
Au niveau mondial, le rapport révèle qu'en 2014, le conflit en Syrie a occasionné la mort de 70 000 personnes, et en Irak de 18 000.