Le 3 juin 2017, l’orchestre symphonique de Dresde (Allemagne) donnera un concert en signe de protestation contre le mur frontalier qui sépare le Mexique des États-Unis et dont le gouvernement de Donald Trump entend prolonger la construction. Le concert réunira des musiciens américains et mexicains. Le lieu du concert, le Parc de l’amitié, se situe à la frontière entre Tijuana et San Diego. Le week-end, des centaines de familles se rassemblent dans ce parc pendant quelques heures afin de voir leurs proches, même si les retrouvailles ne durent que quelques secondes.
« Abattez ce mur » : l'événement a été nommé ainsi par l'orchestre, qui souhaite démontrer que les deux pays restent unis, malgré les murs et frontières qui les séparent.
Trente ans après la célèbre demande de Ronald Reagan : « M. Gorbatchev, ABATTEZ CE MUR ! », l’orchestre symphonique de Dresde n’entend pas seulement manifester contre le « beau mur », comme le surnomme le président Trump, mais également contre la fermeture de l'Europe. Plus important encore, il s’agit de faire tomber les barrières dans l’esprit des gens.
Les fonds nécessaires à l'organisation de la protestation artistique ont été récoltés sur la plateforme Kickstarter. Les motivations de cette manifestation singulière y sont expliquées :
Together, we will demonstrate that music knows no boundaries and art can help to build bridges across all barriers.
Nous allons montrer ensemble que la musique ne connaît pas de frontières et que l'art peut aider à construire des ponts au-delà de toutes les barrières.
Et d'ajouter :
Being from former East Germany we have witnessed the impact of isolation and political walls. It is a bad idea! Together we will raise our voices like the citizens of East Germany did during their peaceful revolution.
Nous venons de l'ex-Allemagne de l'Est. Nous avons donc connu les effets de l'isolement et des murs politiques. C'est une idée néfaste ! Ensemble, nous élèverons nos voix comme l'ont fait les citoyens d'Allemagne de l'Est pendant leur révolte pacifique.
L'orchestre a atteint son objectif de financement.
UPDATE: The @DresdenSymphony has reached its fundraising goal & will perform a protest concert on both sides of the US-Mexico border pic.twitter.com/xH1U7GeZEx
— dwnews (@dwnews) May 5, 2017
MISE À JOUR : L'orchestre symphonique de Dresde a atteint son objectif de financement et donnera un concert de part et d'autre de la frontière entre les États-Unis et le Mexique.
Au-delà du concert qui sera donné au Parc de l’amitié, le Dresdner Sinfoniker a lancé un appel aux artistes et musiciens du monde entier, dans une lettre signée par le directeur de l'orchestre Markus Rindt. L'objet de cet appel : rejoindre la protestation et organiser des manifestations artistiques à plusieurs endroits « le long des 3 144 kilomètres de frontière ».
Rindt ajoute : « Si vous ne pouvez pas être physiquement présents avec nous, envoyez-nous des vidéos ou des photos en laissant un message sous le hashtag #teardownthiswall [#AbattezCeMur], afin de les partager avec le monde entier. »
Interviewé par la journaliste mexicaine Carmen Aristegui, le directeur est revenu sur plusieurs idées exprimées lors de la campagne, faisant le lien avec la crise migratoire en Europe et en Méditerranée, mais également avec la progression de l’isolationnisme et du nationalisme dans le monde entier.
Le journal La Jornada ajoute :
Ce sera une première mondiale à laquelle devraient participer des chorales d’enfants et d’adultes ainsi que des groupes de rock, de pop et de jazz, qui interpréteront à l’unisson des morceaux de Frank Zappa, Carlos Santana, Pink Floyd et Tijuana No.
Ce marathon musical sera retransmis en direct en streaming. Selon Rindt, il est fort probable que cette action soit imitée le jour même le long des villes frontalières entre le Mexique et les États-Unis telles que Juárez, Mexicali et El Paso.
#Teardownthiswall fait partie des projets de l’orchestre dans lesquels celui-ci associe son travail artistique à des thèmes socio-politiques et culturels, depuis une dizaine d’années déjà. Cette action vient ainsi s’ajouter à d’autres, comme « Le Mur » de Griselda San Martín, avec pour ambition commune de prouver qu’un monde sans barreaux ni troupes militaires est bien plus prometteur qu’une société dirigée par la peur et la haine.