Le 30 mai à 15 heures, les Ethiopiens se sont retrouvés incapables d'accéder à Internet. La coupure [fr] semble être à l'échelle du pays.
Il semble que les autorités éthiopiennes ont coupé Internet [fr] dans tout le pays afin d'éviter que “les sujets d'examen ne soient publiés sur Facebook” avant les épreuves des examens de fin d'études secondaires organisées au cours des des deux semaines à venir.
24 hours after the total Internet blackout, Ethiopia still refuses to say why it shut down. Via @AFPpic.twitter.com/ZzJcX6Vqe8
— Zelalem Kibret (@zelalemkibret) May 31, 2017
24 heures après le début de la coupure totale d'Internet, le gouvernement n'a toujours pas voulu dire pourquoi.
Vingt-quatre heures après la coupure, le Ministre adjoint de la communication Zadig Abraha a déclaré à l'AFP que les données mobiles avaient également été désactivées.
Finally, the Ethiopian government announced that the internet blackout will continue until June 8, 2017, reasoned by fear of ‘exam leaking’.
— Zelalem Kibret (@zelalemkibret) June 1, 2017
Enfin, le gouvernement éthiopien a déclaré que la coupure d'Internet se poursuivra jusqu'au 8 juin 2017, motivée par la crainte d'une “fuite des sujets d'examen”.
L'année dernière, le gouvernement avait été contraint de reporter l'examen national d'entrée à l'université après que la session initiale a été marquée par une fuite sur Facebook. Des militants de la diaspora avaient publié les épreuves [fr] sur Facebook avant l'examen au début de juin 2016 quand le gouvernement a refusé de le réorganiser pour les étudiants qui ont manqué un semestre entier de cours en raison de manifestations.
Mais la coupure actuelle est différente des précédentes d'Internet mobile et de médias sociaux qui ont été imposées dans le but d'éviter les fuites d'examens. Elle est plus globale et sur une plus grande échelle, éliminant l’Éthiopie de la carte de l'Internet au nouveau mondial.
C'est particulièrement facile pour le gouvernement éthiopien, puisque tous les services Internet et téléphoniques du pays sont fournis par un fournisseur de services Internet public, Ethio Telecom. Cette coupure laisse ainsi les entreprises, les banques, les cybercafés d'Addis-Abeba et les sites des médias sociaux de même que gouvernementaux coupés du reste du monde, ce qui rend plus difficile leur travail quotidien.
‘Cos of the blackout: Banks are out of service, Bulk SMS services are not available, GPS services are not accessible …
— Zelalem Kibret (@zelalemkibret) May 31, 2017
À cause de la coupure : les banques sont hors service, les SMS lourds ne sont pas disponibles, les services GPS ne sont pas accessibles …
Cette grave mesure entraîne une question : les autorités essayent-elles vraiment d'empêcher les étudiants de tricher aux examens ou bien y a-t-il plus que ça ? En fait, ce n'est qu'une des diverses raisons que les autorités éthiopiennes ont utilisées pour justifier la censure et les coupures d'internet ces dernières années.
L'Éthiopie a bloqué l'Internet à trois reprises depuis que de grandes manifestations anti-gouvernementales ont éclaté en novembre 2015. Les réseaux téléphoniques mobile et fixe sont également paralysés dans une grande partie des deux plus grandes régions du pays, Oromia et Amhara, où les manifestations anti-gouvernementales sont revenues à l'ordre du jour ces deux dernières années.
Lorsque les autorités éthiopiennes ont déclaré l'état d'urgence en octobre 2016, elles ont officiellement bloqué l'accès à Facebook, Twitter et aux applications les plus populaires de messagerie comme Viber et IMO. Étant donné que la vitesse de l'Internet est déjà incroyablement lente, les plates-formes vidéo lourdes comme YouTube ont été inaccessibles même si elles ne sont pas bloquées officiellement.
Il y a seulement deux semaines, des militants à l'intérieur du pays ont indiqué qu'ils pouvaient enfin accéder à Facebook gratuitement, après de nombreux mois d'utilisation de VPN et d'autres outils de contournement pour se connecter au réseau social. Mais, avec la coupure totale actuelle dans l'ensemble du pays, ils sont maintenant plus isolés du reste du monde, et même les uns des autres, qu'avant.