Mexique : Manu Chao accusé de s'immiscer dans les affaires intérieures

Lors de son dernier séjour au Mexique le mois dernier, le chanteur  franco-espagnol Manu Chao a annulé son concert dans la ville de Guadalajara suite à une rumeur qui le disait objet d’une enquête de la part des autorités du pays car il s'est exprimé sur ce qui s’était passé dans la ville d’Atenco en 2006.

Manu Chao lors d’une conférence de presse à Guadalajara (photo par Festival Internacional de Cine en Guadalajara utilisée sous Creative Commons license)

D’après le journal mexicain La Jornada [en espagnol], le chanteur a utilisé la formule « terrorisme d’état » en parlant des émeutes survenues en 2006 à San Salvador Atenco dans l’état de Mexico. Des commissions d'enquête indépendantes ont révélées que des policiers avaient sexuellement molesté plus de vingt femmes et causé la mort de deux personnes. Les journaux mexicains révèlent que les autorités enquêtent sur Manu Chao car ce dernier aurait enfreint l’article 33 de la Constitution mexicaine, qui dit qu’aucun visiteur étranger ne doit « s’immiscer » dans les affaires politiques du pays.

Le mois dernier, Peter Gabriel, un autre musicien renommé, a rencontré le Président du Mexique, Felipe Calderón, afin de s’entretenir d’un autre sujet sensible : les centaines de jeunes femmes assassinées à Ciudad Juárez, dans l'état du Chihuahua. Peter Gabriel soutient Manu Chao [en espagnol] en disant qu’il est de son devoir d’aborder ces sujets.

L’article 33 de la Constitution mexicaine est controversé. Certains y voient une atteinte à la liberté d’expression, le texte étant ambigü. Pablo Vázquez Ahued écrit sur son blog que l’article 33 « tente d’ignorer les supposés droits inaliénables de certains hommes » et que l'article est rendu caduque par certains traités internationaux [en espagnol]:

Lo cierto es que todas estas movidas de la prensa y Manu Chao no quedarán más que en el anecdotario de este mes, y serán olvidadas aproximándose mayo. Lo realmente importante es que vuelve a salir a colación la indignidad del artículo 33 constitucional, cuyo segundo párrafo debería ser derogado lo antes posible dado que México ha suscrito tratados internacionales que sencillamente lo niegan, y estos tratados, según cualquier constitucionalista de primer año, tienen el mismo estatus que la Constitución.

La vérité et que toute cette gesticulation journalistique, aussi bien que Manu Chao, ne seront que « le sujet du mois » et seront oubliés dès le mois de mai. Ce qui est vraiment important c’est que cet honteux article 33 de la Constitution refasse parler de lui car son second paragraphe devrait être annulé, le Mexique ayant signé des traités internationaux qui l’annule et que ces derniers, comme tout étudiant en 1ere année de droit constitutionnel le sait, ont la même importance que la Constitution.

Sur son blog Tome Chango su Banana [en espagnol Daniel Manrique ne dit pas autre chose :

Supongo que el siguiente paso será tener micrófonos en todos los restaurantes porque la política es un tema habitual de conversación y es un hecho que el pobre desempeño histórico del gobierno mexicano, y en particular de los gobiernos panistas que azotan con el fuete de su incompetencia al país desde el año 2000, siempre deja mucho de qué hablar, y no siempre en los términos más halagadores

J’imagine que la prochaine étape sera de mettre des micros dans tous les restaurants, parce que la politique est un sujet de conversation très courant et il est de notoriété publique que les performances pitoyables du gouvernement mexicain, et plus particulièrement l’incompétence crasse des gouvernements du Partido Acción Nacional depuis 2000, fournit toujours l’occasion d’en parler, et pas toujours en termes flatteurs.

Marichuy du blog Luces y Sombras [en espagnol] à propos de l’Article 33, rappelle  une situation similaire survenue il y a 2 ans :

Las autoridades gubernamentales mexicanas se distinguen por su doble moral y doble rasero a la hora de aplicar la ley. En 2006, en medio de uno de los procesos electorales más controvertidos de que se tenga memoria, [el expresidente de España] José Ma. Aznar vino a hacer proselitismo electoral a favor de Felipe Calderón, algo que supuestamente contraviene las leyes de este país, diciéndonos abiertamente que debíamos votar por él.

Y la pregunta para las autoridades:
¿la ley solo se aplica -a su sabio entender, but of course- a quien dice las verdades que no les gustan?

Les autorités mexicaines sont connues pour leur moralité douteuse et leur partialité lorsqu’il s’agit d’appliquer la loi. En 2006, pendant l’un des moments les plus controversés que nous ayons connus durant une période électorale, l’ancien président d’Espagne José Maria Aznar est venu soutenir ouvertement Felipe Calderon lors de la campagne présidentielle, alors que ceci est formellement interdit par la loi.

Alors je demande aux autorités :

Est-ce que la loi ne s’applique que lorsque certains disent des vérités qui ne vous plaisent pas ?

Yeyahualtic Metztli commente sur La Jornada [en espagnol] la rumeur d’expulsion de Manu Chao :

Si se trata de expulsar, por que no hacerlo con las personas dedicadas al narcotrafico, trata de blancas, sacerdotes pederastas, secuestradores…y de mas malotes? Pocas son las personas que se ocupan de los problemas sociales de México.

Pourquoi ne pas expulser les personnes impliquées dans des trafics de drogue, d’humains, les prêtres pédophiles, les kidnappeurs et autres criminels ? Peu s’intéressent aux problèmes sociaux du Mexique.

A l’opposé, Esteban Arce reproduit sur son blog Yo soy Aquél [en espagnol] l’article qu’il avait fait paraitre dans le journal mexicain et questionne le droit des deux artistes de commenter la situation politique :

Pues ambos [artistas] se animaron a declarar que el caso Atenco era un crimen de Estado. ¡Háganme el favor!, ¿qué saben ellos y qué autoridad tienen para hablar de lo que pase o haya pasado en México cuando en sus países suceden cosas peores? Como si en Francia no discriminaran a los inmigrantes, al grado que repelen las manifestaciones en Saint Denis muy al estilo Atenco y lo hacen varias veces al año; cuando los ingleses, junto con los Estados Unidos, terminaron con el pueblo iraquí, al grado del exterminio total… pero no, prefieren cruzar el océano Atlántico para reclamar causas ya juzgadas en nuestro país en todos los niveles, incluyendo la Suprema Corte de Justicia de la Nación.

Alors, tous deux ont décidé que les événements d’Atenco sont un crime d’état. Fichez-nous la paix ! Qu’en savent-ils ? De quel droit peuvent-ils parler de ce qui se passe ou s’est passé au Mexique alors qu’ils s’en passent de pire dans leurs pays respectifs ? Comme si en France, les émigrés ne souffraient pas de discrimination au point qu’ils ont été repoussés à Saint-Denis, tout comme cela à été fait à Atenco, et cela s’est produit plusieurs fois dans l’année. Quant aux Anglais, avec les Américains, ils ont exterminé les Irakiens … mais non, ils préfèrent traverser l’Atlantique pour nous parler de causes dont nous nous sommes déjà occupées dans notre pays et à tous les échelons, y compris la Cour Suprême de la Nation.

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